On pourrait mettre les récentes attaques contre les femmes sur le compte du climat surchauffé symptomatique de la période électorale. Cependant, une fois de plus, les atteintes au droit à l’autodétermination féminine reflètent des positions sexistes et classistes qui, dans le cas états-unien, se cachent tant bien que mal derrière des arguments de liberté religieuse et économique.
Le droit à l’avortement est remis en question au moyen de nouvelles mesures qui rendent l’accès à cette intervention très difficile pour les femmes provenant de milieux défavorisés. Ainsi, les subventions à Planned Parenthood et d’autres organisations à but non lucratif offrant des services médicaux à prix modestes sont de plus en plus contestées, voire coupées. Le dérapage le plus grossier à ce sujet revient à l’animateur de de radio Rush Limbaugh qui s’en est pris à l’étudiante Sandra Fluke – et à toutes les autres « feminazis » –, la traitant de « pute » parce qu’elle était prête à témoigner devant le Congrès sur le coût des contraceptifs afin de demander la contraception gratuite pour toutes (son témoignage a finalement été réfuté par le panel exclusivement masculin qui se penchait sur cette question). Fraîchement sortie de la fabrique des idées républicaine, une autre proposition veut imposer des ultrasons vaginaux à toutes les femmes désirant avorter, cela afin de leur faire voir le fœtus. Constat amer du médecin Terry O’Neil face à cette dernière croisade : « Ces lois font partie d’une campagne coordonnée au niveau des Etats pour produire (…) l’humiliation, l’humiliation rituelle par la loi. »
Gouverner la sexualité féminine
Les différentes tentatives de gouverner la sexualité féminine sont, comme le dit la militante Loretta Ross, « un retour au XIXe siècle ». Avec des candidats à la présidentielle qui affirment sérieusement que la contraception « est un permis pour faire des choses dans le domaine sexuel qui vont à l’encontre de la façon dont les choses devraient être » (Rick Santorum), revenir au XXIe siècle et ses « acquis » semble un long chemin. Le puritanisme des « experts » masculins de la droite permet de condamner la sexualité féminine qui n’est pas directement liée à sa fonction biologique, reléguant aux femmes seules la responsabilité liée à l’avortement, à la contraception et à la reproduction.
Faire de la politique pour le 1%
Outre les arguments moraux, ce sont des motifs économiques qui justifient le démantèlement des services sociaux aux dires des responsables, qui prétendent qu’il faut économiser (tout en se disant prêts à attaquer l’Iran). Leurs offensives contre le système de santé subventionné ne touchent certainement que peu les femmes privilégiées, à l’instar de l’épouse du candidat Mitt Romney, qui possède « quelques Cadillac » ; elles sont par contre désastreuses pour les femmes les plus précarisées. Ce sont les mères célibataires, les femmes sans assurance maladie, etc. qui bénéficient des services mis à dispositions par Planned Parenthood, et qui paient les premières le prix de cette politique qui mélange valeurs ultraconservatrices et arguments économiques fallacieux.
Gauche Anticapitaliste (Suisse)