Si elle devait être adoptée par le Congrès, la règle d’or budgétaire gravée dans la Constitution se traduirait ainsi : désormais, le gouvernement n’aurait plus le droit d’être en difficulté financière. Conjuré le mauvais sort de la crise des dettes souveraines. Disparu le spectre des déficits budgétaires. Sarkozy invoque « l’équilibre des finances publiques » et feint de mettre les lois chaotiques de l’économie de marché en lévitation en pensant endormir son monde. Seulement voilà, la seule règle d’or du capital, c’est l’or - le capital doit se valoriser toujours plus, quitte à surchauffer la machine à cracher du profit au point d’exploser. Cette règle gouvernementale n’est pas en or, mais en papier carton ; elle revient à inscrire dans la Constitution que le capitalisme ne devra plus jamais entrer en crise (!).
Pourtant, les capitalistes évoquent à nouveau une crise « systémique », celle d’un système qui s’écroule de lui-même en quelques jours, comme un fragile château de cartes. Les dettes sont le fruit de longues années de défiscalisation des plus riches. Lorsque la bulle immobilière a explosé aux Etats-Unis, lors de crise des subprimes en 2008, des millions de ménages se sont retrouvés dans l’incapacité d’honorer leurs obligations financières. Les Etats, à la différence de la crise de 1929, sont intervenus massivement dans l’économie allouant des centaines de milliards pour « sauver » le système financier. La dette des ménages, devenue celle de la finance, a donc abouti dans les caisses des Etats. Ainsi, contrairement aux explications officielles, la crise des dettes souveraines n’a jamais été circonstanciée à la Grèce : elle est le prolongement direct de la crise de 2008. Les marchés financiers, en prise directe avec la gravité du moment, ont signifié cet été que les politiques déployées depuis trois ans n’ont fait que différer le dénouement des contradictions financières. Le 5 août, en dégradant la note de la dette américaine avec une perspective négative, l’agence de notation Standard and Poors a dit, au nom des marchés, qu’elle ne croyait plus en la capacité du pays à reprendre le chemin d’une croissance durable. Quelques jours auparavant, le 21 juillet, pour la première fois, les gouvernements européens ont envisagé le défaut de paiement d’un pays, de la Grèce, en l’occurrence. Le jeu de dominos pouvant s’effondrer sous le poids de la dette, à laquelle les Etats pourraient potentiellement ne plus faire face, a repris comme par automatisme. Après la Grèce, l’Irlande, le Portugal et l’Espagne, l’Italie se trouve à son tour prisonnière de cette spirale infernale. Enfin, le ralentissement brutal de la croissance allemande rappelle à tous qu’aucune cité n’est imprenable.
La crise de 2008 était déjà l’aboutissement d’une crise de surproduction et de suraccumulation qui couvait. Nous en avions eu un sévère aperçu lors de l’explosion de la bulle spéculative des nouvelles technologies dans les années 2000. Aujourd’hui, la crise prend la forme d’un étau qui se resserre : banqueroutes d’Etat en série et/ou nouvelle bulle spéculative, celles des dettes. Dès 2008, nous avions insisté sur le fait que cette crise sonnait le rappel à la réalité. Le système virtuel qui croit pouvoir faire de l’argent avec de l’argent et s’enrichir de ce que Marx nommait déjà « le capital fictif », est une illusion. Le rappel à l’ordre est d’autant plus violent que le système a poussé loin la spéculation. La rupture se consume alors entre réel et virtuel, production et finance, valeurs d’usage, valeurs d’échange, achat et vente. Nous avions dit aussi que les politiques d’austérité qui aggravent l’exploitation des salariés - en réduisant la protection sociale, en baissant les salaires, les pensions de retraite - privent d’autant la population des moyens de consommer, accentuant ainsi la saturation des marchés et la surproduction. Rien n’y a fait. Loin des proclamations du gouvernement sur la nécessaire « régulation d’un système du marché devenu fou », les politiques réellement menées ont serré les vis des budgets sociaux, rétribué plus encore les dividendes des actionnaires, privé l’Etat de recettes substantielles - alors que l’austérité qui entretient la récession suscite déjà un manque à gagner fiscal important - en défiscalisant les plus riches. Les déficits s’amoncellent, la dette enfle. Le capital financier n’hésite pas à mordre la main qui l’a nourri et impose des taux d’intérêts plus élevés. Le remboursement de la dette plombe de nouveau le budget public.
Qui va payer la facture ? Cette question devrait polariser le prochain débat électoral. Dans son discours de Toulon, en septembre 2008, M. Sarkozy, surjouant le Président fâché contre les spéculateurs, se voulait prophétique : « Il faut toujours finir par payer ses dettes un jour ! » Ce jour est arrivé. Les capitaux, ou les peuples, en porteront la charge. Aussi est-il grand temps de désamorcer la bombe à retardement de la dette publique : exigeons la transparence et les contrôles publics sur ces dettes, en levant les lois, les réglementations et les secrets des banques et des affaires, qui s’y opposent. En sachant qui détient quoi, qui spécule et dans quelles proportions, nous pourrons ainsi décider d’annuler la dette illégitime. Honorer ses dettes au capital revient à lui conférer plus de pouvoir. C’est pourquoi nous devons cesser immédiatement le remboursement des intérêts, un des budgets les plus importants de l’Etat. Il est temps de « déséquilibrer » les budgets en faveur des victimes en répartissant les richesses de façon égalitaire. La fin des cadeaux fiscaux aux plus riches, des subventions publiques aux licencieurs, la taxation des profits du CAC 40 et des mouvements de capitaux, l’augmentation des salaires, voilà des mesures d’urgence anticapitalistes qui permettraient de récupérer 10% du PIB que le capital a volé au travail ces trois dernières décennies. Sauver et conserver le système bancaire est l’étendard de ceux qui veulent continuer comme avant. A la propriété privée de ce secteur de l’économie, opposons la propriété publique, paralysons ce système financier aussi nuisant que puissant, en réquisitionnant les banques dans un seul et même service public qui détiendrait le monopole du crédit. En France, et en Europe. Sortir l’humanité et la planète de l’emprise du capitalisme ou s’entêter dans l’illusion que l’on peut le réguler et le moraliser, telle est l’alternative.
Par OLIVIER BESANCENOT ex-porte-parole du NPA, MYRIAM MARTIN, CHRISTINE POUPIN porte-parole du NPA, PHILIPPE POUTOU candidat pour le NPA à l’élection présidentielle.
COMMUNIQUÉ DU NPA. PLAN FILLON : L’AUSTÉRITÉ POUR MÉRITER LE MAINTIEN DES 3A.
Malgré toutes les précautions oratoires prises par le premier ministre, le plan de « réduction des déficits » annoncé par F. Fillon lors de sa conférence de presse ressemble à s’y méprendre à un tour de vis supplémentaire d’une politique d’austérité pluriannuelle qu’il veut installer comme le prouve sa référence à la règle d’or et à l’objectif de conserver les 3A décernés par les agences de notation.
De l’ensemble des mesures fiscales très techniques qu’il a énumérées, il a voulu tirer la conclusion que les efforts étaient demandés aussi bien aux grandes fortunes qu’aux petits budgets. Il n’en est rien. Les 3% sur les revenus fiscaux supérieurs de plus de 500 000 euros ne rapporteraient qu’environ 200 millions d’euros selon une réponse qu’il a faite à un journaliste italien. Rappelons que la réforme de l’impôt sur le revenu leur avait rapporté 1, 80 milliard d’euros. Cette taxation est donc une entourloupe et une goutte d’eau dans l’océan des profits des capitalistes.
Le plan Sarkozy-Fillon, c’est à la fois un leurre et une diversion.
Il ne remet pas en cause les profondes inégalités dans la répartition des richesses. Il ne remet pas en cause des niches fiscales qui coûtent cher comme, par exemple, la défiscalisation des heures supplémentaires et la TVA à 5, 5% dans la restauration sans effet sur la baisse des prix ni sur l’embauche dans ce secteur.
La poursuite du non-remplacement d’un fonctionnaire partant à la retraite, l’encadrement encore plus stricte des dépenses de santé vont casser encore plus le droit à l’emploi et à l’accès aux soins qui sont des droits fondamentaux.
Le « seuil de tolérance » à l’austérité est atteint.
L’urgence c’est la riposte unitaire du mouvement social pour bloquer la spirale infernale d’une politique de régression sociale.
Le 24 août 2011
COMMUNIQUÉ DU NPA. LES CAPITALISTES N’ONT PAS PERDU LE NORD DANS LA LUTTE DES CLASSES
Non, les milliardaires qui demandent, dans le sillon de Warren Buffet, à l’État de les taxer davantage, ne sont devenus ni fous ni anticapitalistes. Souvenons-nous des propos de Waren Buffet en 2006 : « Il y a une lutte des classes aux États-Unis, mais c’est ma classe, la classe des riches qui mène la lutte. Et nous la gagnons. »
Cette fois encore ils sont à l’initiative. Cette opération de communication, de la part de ceux qui se sont toujours battus contre l’impôt et tout ce qui peut rogner leurs profits, vise plusieurs objectifs.
Face à la colère que provoquent les sacrifices toujours plus importants imposés aux populations alors que les injustices sont de plus en plus criantes et insupportables, ils veulent faire croire que face à la crise, nous devons tous « faire des efforts ». Ils égratignent à peine leurs immenses fortunes et voudraient que les salariéEs, les chômeurs et chômeuses, les retraitéEs acceptent encore plus d’austérité.
Maurice Lévy, PDG de Publicis et premier émule français de Warren Buffet précise le deal : d’un côté « une contribution exceptionnelle des plus riches, des plus favorisés, des nantis », mais en échange « une profonde réforme de nos structures administratives et de nos systèmes sociaux [...] au besoin et en complément, par un programme de privatisation ». Il se félicite de la contre réforme des retraites, du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite et veut en finir avec les biens communs et les services publics, qui échappent encore - en partie - à l’appétit des marchés.
Sacrifier un tout petit peu pour sauvegarder l’essentiel, tel est le sens de cette opération.
C’est une tout autre répartition des richesses que propose le NPA, à commencer par l’augmentation des salaires et de la protection sociale, le développement des services publics en prenant résolument sur les profits et en refusant de rembourser la dette publique illégitime.
Le 24 août 2011.
COMMUNIQUÉ DU NPA. SOMMET SARKOZY-MERKEL : UN CRAN DE PLUS DANS L’AUSTÉRITÉ.
Sans surprise, le sommet franco-allemand débouche sur la réaffirmation de l’austérité.
La sinistre « règle d’or » est confirmée, elle doit être adoptée par les 17 pays de la zone Euro avant l’été 2012. Cette règle d’or est l’inscription dans la constitution de l’obligation de voter des budget à l’équilibre, l’interdiction des déficits. Mais, comme à l’occasion de ce sommet N. sarkozy et A. Merkel annoncent l’harmonisation de l’impôt sur les sociétés entre la France et l’Allemagne, où cet impôt est plus faible, il est clair que l’équilibre budgétaire de la France ne viendra pas d’une augmentation de l’impôts sur les sociétés. Sarkozy continue ainsi son coup de force pour graver l’austérité dans le marbre. Ce qui est clairement visé, c’est une réduction des dépenses publiques, un nouveau rabotage des droits sociaux.
Sarkozy et Merkel annoncent la mise en place d’un « gouvernement économique européen » ils veulent faire croire qu’il vont reprendre la main alors que leur politique est tout entière celle d’une soumission volontaire aux banques et autres fonds spéculatifs. Sarkozy parle avec des trémolos dans la voie de l’axe franco-allemand et il rêve à haute voix, dans la suite de la contre réforme des retraites, d’appliquer ici, la même politique qui a provoqué une baisse brutale des salaires et des allocations en Allemagne.
Ce sommet est une nouvelle provocation, une provocation à construire une mobilisation populaire convergente dans toute l’Europe contre l’austérité, pour refuser de payer la crise du capitalisme, pour l’annulation de la dette.
Il y a urgence à arrêter cette machine infernale qui va broyer la vie des peuples pour satisfaire les banques et le patronat.
Le 16 août 2011