Hier, le mardi 2 août 2011, la police antiémeute a évacué les personnes qui campaient sur le Paseo del Prado [principal boulevard de Madrid] et à la Puerta del Sol, où elle a également démonté le point d’information permanent qui avait été construit. Dans un geste symbolique, elle a détruit la plaque installée sur le cheval de Carlos III qui disait « Nous dormions, nous nous sommes réveillés ». L’opération était coordonnée entre le Ministère de l’intérieur et la Communauté de Madrid, faisant une fois de plus la démonstration de la complicité qui unit le PSOE [Ministère de l’intérieur] et le PP [Communauté de Madrid] quand il s’agit d’« affaires d’Etat ».
Et voici deux « affaires d’Etat » : la première, imposer l’autorité du système face à un mouvement rebelle qui, indépendamment des flatteries démagogiques que certains lui adressent de temps et temps, menace de rompre les digues de stabilité du système imposées depuis la Transition [terme qui désigne le passage du régime franquiste au régime post-franquiste]. Dans ce sens, l’évacuation de la Puerta del Sol, lieu symbolique du mouvement, voulait signifier un « retour à la normalité », à savoir la domination de l’Etat sur l’espace public et, surtout, sur les citoyens et les citoyennes. Dans la gravissime situation de l’économie espagnole, face à la menace d’un « renflouement » et d’une nouvelle vague d’austérité – qui aurait un énorme coût social s’ajoutant à tout ce que nous subissons déjà –, le mouvement du 15-M est un facteur fondamental pour la résistance. Le système veut donc le désactiver au plus vite.
La seconde « affaire d’Etat » est plus concrète, c’est de garantir une ville propre, vidée de toutes les « personnes gênantes » pour le pape qui viendra à Madrid d’ici à quinze jours sans regarder à la dépense, surtout lorsqu’il s’agit d’argent public. C’est pour cela qu’il est plus que jamais nécessaire de participer à la Manifestation convoquée par plus de cent organisations contre la présence du pape à Madrid le 17 août prochain. Ce sera une façon de montrer que personne, même le pape, ne peut quoi que ce soit contre le 15-M.
L’impressionnante réponse du Mouvement du 15-M, qui en plein mois d’août a réuni plus de cinq mille personnes en seulement quelques heures, démontre que ce mouvement a totalement rompu avec la passivité du passé et qu’il va répondre à toute tentative de s’en prendre à lui, quand et où que ce soit. Ce qui s’est passé hier à Madrid, de même que les réponses solidaires qui ont eu lieu à Barcelone, Valence, à las Palmas et dans d’autres villes ont encore confirmé qu’avec le 15-M rien ne sera plus jamais comme avant.
De nouvelles et grandes possibilités, mais en même temps la gauche fait face à de nouvelles et grandes responsabilités. Ne vaudra dorénavant qu’une politique qui soit radicalement une « nouvelle manière de faire la politique ».
3 août 2011
Gauche anticapitaliste