Un peu plus de 350 participants, représentant 140 collectifs venus de toutes les régions : les assises des collectifs du 29 Mai, ce 13 mai à Paris, ont été un succès. Certes, l’assistance était moindre qu’aux précédentes assises, en juin 2005, au lendemain de la victoire du « non » au référendum sur le traité constitutionnel européen. Mais chacun savait qu’il en irait ainsi. En un an, nombre de collectifs ont disparu, d’autres fonctionnent principalement autour de militants organisés... Il n’en reste pas moins qu’avec environ 400 collectifs toujours recensés (voir l’interview de Claude Debons dans Rouge n° 2158), la mouvance militante née de la bataille référendaire continue de représenter une réalité politique incontournable à gauche du Parti socialiste. À preuve, hormis la LCR, qui a toujours affirmé que cet acquis devait à tout prix être préservé (et dont la forte présence dans la salle était renforcée par la venue d’Olivier Besancenot), toutes les composantes du Collectif national du 29 Mai avaient tenu à être représentées « au plus haut niveau », de Marie-George Buffet pour le PCF à Jean-Luc Mélenchon pour PRS ou à Marc Dolez pour Forces militantes, en passant par Annick Coupé pour Solidaires ou Christophe Ventura pour Attac.
Ces assises avaient à leur ordre du jour l’adoption d’une Charte pour une alternative au libéralisme. Un document qui a reçu des centaines d’amendements de la part des collectifs locaux, qui reprend à son compte l’essentiel des exigences portées par les mobilisations, qui marque son refus des logiques d’alternance et d’accompagnement du libéral-capitalisme, tel que les incarne aujourd’hui le PS. Sans doute, ce document reste-t-il ouvert sur nombre de questions, à propos desquelles le consensus n’a pas été trouvé. Cela dit, là encore, il ne pouvait en être autrement et cette charte se conçoit moins comme un document définitif que comme une étape dans la réflexion de celles et ceux qui continuent à agir ensemble, un an après le référendum.
Évidemment, la discussion sur l’utilisation de la charte a abordé le problème des échéances électorales. De très nombreuses interventions ont traduit une forte aspiration à l’unité de la gauche antilibérale à cette occasion. La diversité des collectifs, l’engagement en leur sein de forces syndicales (comme Solidaires) ou associatives (comme Attac) ne permettaient toutefois pas qu’ils s’engagent en tant que tels sur le terrain électoral. La déclaration finale, adoptée par les assises, a permis de trouver un consensus préservant l’acquis unitaire et la diversité des collectifs : sans devenir des structures électorales, les collectifs entendent bien alimenter le débat politique sur l’alternative nécessaire.
« Les échéances électorales de 2007 et 2008 seront un moment incontournable pour que cette alternative s’exprime, indique donc le texte. La droite, l’extrême droite et le libéralisme doivent être battus. Une alternance sans changement ne répondrait pas aux attentes populaires. Une perspective alternative doit être ouverte. La charte adoptée par les collectifs du 29 Mai est une proposition en ce sens. Sa prise en compte, dans l’unité, par les différentes forces de la gauche antilibérale crédibiliserait cette perspective. Fidèles à leur démarche de rassemblement et d’unité, les collectifs du 29 Mai y contribueront. »
En se séparant, les collectifs n’auront pas manqué de dresser la liste des batailles qui les attendent : soutien aux luttes pour l’emploi ou les services publics, engagement dans la bataille contre le projet Sarkozy, participation au combat contre le retour de la directive Bolkestein, poursuite de l’action pour une autre Europe et pour le respect du « non » populaire à la Constitution européenne... Sans oublier la célébration festive du premier anniversaire du 29 mai 2005.
La déclaration finale a valeur d’engagement : « Le message de nos assises est clair : “Le 29 Mai n’est pas mort, le combat contre le libéralisme continue, la recherche d’alternative s’amplifie.” »