Le Roi a demandé au peuple d’accepter une Constitution qui n’apporte rien de nouveau. C’est la même Constitution de Hassan II de 1962 qui a causé la régression du Maroc, sa vente au capital étranger et sa destruction par une minorité de pilleurs, ce qui a engendré les souffrances de la majorité du peuple, privée de liberté et de conditions de vie décente.
Le noyau dur de cette Constitution est l’appropriation d’un droit divin absolu, permettant au Roi de monopoliser tout le pouvoir réel, mais de laisser une marge pour les partis qui veulent participer au concours de mensonges envers le peuple.
Cette Constitution est venue comme résultat du refus de l’unique façon démocratique d’élaborer une constitution : l’Assemblée constituante. Le Roi préfère désigner un comité de serviteurs fidèles soutenu par des partis complices que le peuple a rejetés en boycottant largement les élections.
On a procédé à un maquillage de la Constitution avec des expressions démocratiques par concession aux revendications du Mouvement de 20 février et par peur de la radicalisation des luttes que connaît le Maroc, et on a même fait des concessions pour les salaires et soutenu quelques produits... de première nécessité, libéré quelques prisonniers politiques et jugé quelques petits délinquants.
Par crainte du mouvement de lutte populaire et son influence par les révoltes populaires dans la région, le système s’est laissé aider par les partis qui soutiennent la tyrannie dans une campagne de désinformation, complémentaire à la répression, afin de passer la Constitution des esclaves.
Le courant Al Mounadhil-a, qui réunit des militants socialistes révolutionnaires pour une démocratie pleine et entière, économique, sociale et politique, est engagé dans la lutte populaire en cours pour arracher de vrais changements qui renforceront les conditions de lutte de la classe ouvrière et des exploités, pour l’émancipation totale de la tyrannie, de l’exploitation, de l’oppression et de la dépendance de l’impérialisme.
A cet effet :
– nous rejetons la Constitution monarchique accordée parce qu’elle a maintenu l’essence des pouvoirs entre les mains d’un individu, de surcroît pas élu, non soumis à aucun contrôle et non justiciable.
– nous rejetons la Constitution accordée par le Roi parce qu’elle interdit la liberté politique en empêchant le débat autour de son système de gouvernance et son interprétation personnelle de l’islam, parce qu’elle ne consacre pas la séparation entre la politique et la religion et parce qu’elle confisque les droits de ceux qui veulent déterminer leur propre destin.
– nous rejetons la Constitution monarchique accordée parce qu’elle consacre l’économie capitaliste comme un choix imposé au peuple et soutient l’orientation néolibérale ; le discours du 17 juin avait considéré le maintien des équilibres macroéconomiques comme une exigence constitutionnelle.
– nous rejetons la Constitution monarchique accordée parce qu’elle consacre la tyrannie, source de la corruption.
Nous luttons pour une Constitution élaborée par les représentants élus du peuple, après la levée de toutes les restrictions qui limitent la liberté de créer des partis politiques, des associations, la liberté de la presse et d’opinion et la liberté d’action syndicale, de sorte que le peuple puisse s’organiser pour défendre ses intérêts.
Nous luttons pour une Assemblée constituante de plein droit pour déterminer l’avenir du pays et dont l’élection sera supervisée par un gouvernement populaire provisoire après le renversement de la tyrannie.
Le peuple ne sera maître de lui-même et ses revendications sociales ne seront concrétisées que par l’anéantissement des politiques coloniales de l’Union européenne et des institutions financières et économiques, et l’établissement d’une démocratie multi-dimensionnellement entière.
Seule la lutte des travailleurs et populaire est notre moyen de s’émanciper de la tyrannie.
Elargissons l’étendue du mouvement de lutte et donnons-lui une dynamique qui mènera à arracher la double souveraineté, nationale et populaire.
Boycottons la Constitution de la dictature et luttons pour changer les rapports de force de classe en construisant des instruments de lutte de façon combative et démocratique.
Al Mounadhil-a, 21 juin 2011