Près d’une cinquantaine de conférenceslocales, départementales, régionales avaient élu 150 délégués à la conférencenationale. Les différentes positions ont obtenu les résultatssuivants dans les conférences locales : motion A 45% ; motion B 12,5% ; motion C 20% ; motion D 22%. Au-delà de ces positions,cette conférence nationale devait répondre àtrois questions clés :
– Faut-il poursuivre notre démarche unitaire vis-à-visde Lutte ouvrière ?
– Faut-il, si Lutte ouvrière persistait dans son refusd’une discussion pour une campagne, présenter un candidatde la LCR à la présidentielle et des candidats LCR-« 100% à gauche » aux législatives ?
– Quelle position adopter au deuxième tour des prochainesconsultations électorales de 2002 ?
Sur la première question, 68% des votes des militants ont confirmé la proposition d’un accord politique entre les deux organisations, en vue d’une candidature commune àla présidentielle, celle d’Arlette Laguiller, et de candidats communs LO-LCR aux prochaines élections législatives. Une minorité de camarades - 32% des votes des militants- s’opposait à une telle approche qui, selon eux, ne prenait pas suffisamment en compte les désaccords entre les deux organisations.
Propositions à LO
Sur la deuxième question, une très large majorité des militants - 75% des votes - s’est rassemblée « pour rendre publique, dès sa conférence nationale, sa candidature aux présidentielles et des candidats LCR- »100%à gauche« aux prochaines législatives se situant dans le prolongement des acquis des campagnes européenne et municipale. Parce qu’elle ne se résout pas un non-accord avec LO, elle réitère ses propositions à LO pour un accord politique entre les deux organisations, avec Arlette Laguiller comme candidate commune et une répartition des circonscriptions aux législatives sur la base d’une plate-forme commune et d’un accord équilibré permettantde préserver la spécificité de chaque organisation. Il appartient à LO de dire si elle refuse un accord au risque que nos deux organisations se présentent de manière séparée lors de ces échéances électorales ».
Une partie des camarades s’abstenait, une autre partie s’opposait à cette position en jugeant qu’au-delà des désaccords entre la Ligue et Lutte ouvrière, la candidature d’Arlette Laguiller représente la meilleure solution pour rassembler la gauche révolutionnaire.
Sur le deuxième tour, deux tiers des militants ont adopté une position qui, tout en distinguant l’électorat de gaucheet celui de la droite, prend en compte le bilan de prèsde 20 ans de gouvernement de gauche, le décrochage d’une partie importante de l’électorat populaire vis-à-vis de la gauche plurielle. C’est dans ce sens que la LCR a décidéde laisser les électrices et les électeurs seuls juges de leur attitude au deuxième tour.
En désaccord avec cette consigne, un tiers des militants, tout en considérant les changements survenus dans l’état d’esprit de secteurs importants de l’électorat de gauche, considère qu’une telle position ne permet pas à la LCR de conserver un profil antidroite sans ambiguïtés.
Le dimanche matin a été consacré àune discussion détaillée sur la mise en ordre de marche de toutes les sections de la LCR pour aller à la chasse aux 500 signatures de députés, maires et conseillers généraux et régionaux, signatures indispensables pour présenter notre candidat.
Une candidature pour la présidentielle
Enfin, la direction nationale a ratifié les décisions de la conférence nationale et a confirmé qu’Olivier Besancenot sera le candidat de la LCR - « 100%à gauche » lors de l’élection présidentielle.
Lutte ouvrière vient de faire connaître sa position, en rejetant toute proposition commune. Nous regrettons cette prise de position et confirmons une nouvelle fois que nous ne nous résignons pas à des présentations séparées entre nos deux organisations. La responsabilité est maintenant celle de LO. Mais nous le réaffirmons, il y a sur le plan politique national deux organisations, deux voies, deux manières de faire de la politique. Lutte ouvrière ne peut prétendre représenter à elle seule toute la gauche révolutionnaire.
La LCR-« 100% à gauche » est candidate pour défendre sa propre politique. Elle part de la nouvelle situation politique, des nouvelles générations de jeunes et de salariés dans leur combat contre le patronat, la droite, la politique du gouvernement pour défendre un programme d’action anticapitaliste.Olivier Besancenot et sa campagne seront en résonance avecles luttes des salariés comme celle des LU, les nouveaux mouvements sociaux, les luttes contre la globalisation capitaliste.
Une nouvelle candidature, un nouvel espoir, une nouvelle donne« 100% à gauche », voilà le sens de la candidaturede la LCR pour 2002.
François Ollivier
Mais qui est donc Olivier Besancenot ?
Olivier Besancenot est né en 1974 à Levallois (Hauts-de-Seine). Il passe une partie de sa jeunesse à Louviers et c’est au lycée qu’il vit ses premiers engagements politiques. Durant ses études, il travaille comme magasinier dans un supermarché où il crée une section syndicale. En 1997, il rentre à la Poste comme facteur à Levallois-Perret. Durant un peu plus d’un an, il est en disponibilité pour travailler avec l’équipe d’attachés parlementaires de nos députés européens. Au printemps 2001, il reprend son poste de facteurà Neuilly et y retrouve ses activités syndicales.
Olivier est rentré aux JCR en 1988, à Louviers, à l’occasion de mobilisations antiracistes ; puis il participe aux mouvements lycéens et aux manifestations contre la guerre du Golfe en 1990. Plus tard, à la fac, il est l’un des animateurs des grèves étudiantes durant les grèves de novembre-décembre 1995, et anime le bureau national des JCR de 1993 à 1997. A la LCR depuis 1991, il est élu à sa direction nationale en 1996 puis au bureau politique en 1999 ; il suit les mobilisations contre la mondialisation capitaliste et a participé à ce titre au forum social mondial de Porto Alegre. Avec les élus de cette ville brésilienne et des responsables de la gauche radicale de tous les continents, il contribue à l’organisationde rencontres internationales sur le budget participatif, la démocratie socialiste, le partage des richesses, l’internationalisation des luttes sociales. Il est également investi au sein de la commission « interventions dans les entreprises » de la LCR.
Notre campagne commence aujourd’hui
Nous publions des extraits de la conférence de presse qu’a donnée Olivier Besancenot, le 24 juin 2001.
« Les riches et les puissants n’ont jamaisété autant soudés derrière l’économie libérale. Tous les gouvernements successifs s’y sont ralliés, par vocation ou par résignation. Plus le patronat réclame des profits, plus la politique favorise le patronat. Celui-cin’a rien à craindre du gouvernement. »Le constat qui s’impose, c’est le contraste de la situation politique. D’un côté, un univers politique qui aimeraitnous endormir pendant qu’il offre les fruits de la croissanceà ceux qui s’enrichissaient déjà, hier, durantla crise. De l’autre, de nouvelles luttes sociales, un nouvel espace politique à la gauche de la gauche gouvernementale et une nouvelle génération militante réchauffent le fond de l’air social et politique.
« Ce contraste, c’est notre chance pour ces élections, c’est la chance de tous ceux qui luttent pour construire une nouvelle force à gauche, anticapitaliste, internationaliste, féministe et écologiste. »D’où cette nécessité politique et ce défi : être présents aux élections présidentielleet législatives, soit par une candidature commune LO-LCR,soit par une candidature LCR-« 100% à gauche », si LO se dérobait à ses responsabilités.
« Alors, oui, nous sommes candidats, en 2002, pour amplifier l’espoir qui est né des élections européenneset municipales. »Notre politique, ce serait d’imposer des mesures radicales pour combattre le chômage et les inégalités, comme une loi d’interdiction des licenciements ou la transformation de tous les emplois précaires en emplois stables. Nous sommes pour l’arrêt des privatisations et la mise sur pied de services publics européens. Abolir les inégalités,c’est aussi combattre le fait que manger, respirer ou vivre sainement,profiter d’un environnement non pollué, soit un luxe.
« Notre politique, c’est une autre répartition des richesses. La misère explose en même temps que les profits en bourse. Aujourd’hui, trouver un emploi ne protège pas de la pauvreté. Qui peut vivre correctement avec le salaire d’une caissière ou d’un jeune travailleur de McDo ? »Nous proposons une augmentation généralisée des salaires d’au moins 1500 francs, et l’instauration d’un salaire minimum européen. Nous proposons un revenu pour tous les jeunes de 18 à 25 ans, à hauteur du Smic pour assurerun minimum d’autonomie à chacun. Pour cela, il faut taxerles profits et les revenus du capital.
« Enfin, nous voulons établir une véritable alternative démocratique. Elle garantirait l’égalité des droits entre hommes et femmes, qui passe par l’égalité des salaires au travail. C’est aussi le droit pour les femmes de disposer du temps libre nécessaire pour s’impliquer dans la vie publique. »Egalité des droits également entre Français et immigrés, en commençant par la régularisation de tous les sans-papiers ou le droit de vote des immigrés à toutes les élections. Egalité des droits enfin entre hétérosexuels et homosexuels. Mais une autre organisation démocratique, qui se voudrait authentiquement participative, impliquerait le droit pour les populations d’élaborer, de décider et, surtout, de contrôler les grands choix politiques du pays. Dans les entreprises, l’ouverture des livres de compte ainsi que la levée du secret bancaire, commercialet industriel permettraient aux salariés de vérifieret contrôler les richesses produites par leur travail.
« Convaincus que les bases d’un accord existent entre LO et la LCR, nous proposons à Arlette Laguiller de nous rencontrer. Nous pouvons et devons prendre nos responsabilités ensemble en menant une campagne commune pour 2002 derrière sa candidature. »Parce que la nouvelle situation politique impose à l’extrême gauche de se projeter vers l’avenir, nous allons, dès maintenant, réunir toutes les conditions pourprésenter des candidatures LCR-« 100% à gauche,tant à l’élection présidentielle qu’aux législatives. »Notre campagne commence aujourd’hui.
« Nous souhaitons y associer tous les syndicalistes, les militants associatifs, les féministes, toutes celles et ceux en quête d’un nouveau parti pour transformer la société,et tous ceux, qui, militants ou électeurs communistes, écologistes ou socialistes, ne se reconnaissent plus dans les candidatures sponsorisées par le gouvernement ou les partis qui le soutiennent. »