Face aux sondages donnant le FN présent au second tour de la présidentielle de 2012 deux appels se prononcent pour des primaires et un candidat unique de la gauche dès le premier tour : « l’appel du 21 avril » et appel intitulé « 2012 : des primaires pour toute la gauche » [1]
Si le premier appel ne cache pas son ambition de pousser la logique du « vote utile » jusqu’au bout, autrement dit du « hors du PS point de salut », nous partageons avec les initiateurs du second texte de nombreux combats communs et l’analyse des causes qui font le lit du FN : « le chômage de longue durée, la réclusion en HLM délabrées, les fins de mois qu’on ne boucle plus, l’échec scolaire, l’impossibilité d’échapper à une condition plus dégradée qu’hier qui avive la guerre des pauvres contre de plus pauvres qu’eux. »
Mais ce constat fait, demeure un problème de taille que les initiateurs de l’appel n’abordent pas. Cette dégradation des conditions de vies de l’immense majorité de la population est le fruit des politiques d’austérité, de privatisation, de destruction des services publics et de la protection sociale. Et ces politiques sont mises en œuvre non seulement par des gouvernements de droite, mais aussi par des gouvernements dirigés par des partis socialistes en Grèce, au Portugal. En France cette même politique a été menée par le gouvernement Jospin, elle est promue par le FMI avec à sa tête le possible candidat socialiste !
Oui, il est urgent de « redonner espoir aux milieux populaires ». Mais quel espoir peut susciter le programme présenté par le Parti socialiste ? Quel espoir peut susciter la perspective d’un gouvernement autour de ce parti ? Seul un programme de rupture radicale est capable de redonner l’envie de se mobiliser pour l’imposer. Un programme pour augmenter les salaires, les retraites, les allocations, de 300 euros net en prenant sur les profits, pour réduire massivement le temps de travail pour vivre mieux et travailler toutes et tous, pour annuler la dette et consacrer l’argent public à des services publics afin d’améliorer les conditions de logement, de transports, d’éducation…pour assurer l’égalité des droits, pour retirer aux grands groupes capitalistes les moyens de décider de nos vies et de mettre en péril tant notre santé que l’avenir de l’humanité et de la planète, pour permettre à toutes et tous de décider et contrôler dans tous les domaines, un programme anticapitaliste. C’est l’offre politique que fait le NPA à tous ceux et toutes celles qui ne veulent pas se contenter de l’alternance.
Qui peut croire qu’il serait possible de discuter un tel programme avec le PS quand le sien ne propose même pas d’abroger la loi Sarkozy Woerth contre les retraites ou de revenir sur le statut de la Poste ?
Pour poser la question autrement, qui peut croire qu’un programme acceptable par le PS serait efficace pour combattre le FN ? Car l’enjeu est bien là, le FN usurpe un profil antisystème, prétend représenter les salariéEs, les chômeurs et chômeuses, les habitants des quartiers populaires, les jeunes, face à l’UMP et au PS qui mènent des politiques peu différentes.
A l’inverse du but poursuivi, les primaires à gauche débouchant sur un candidat unique laisseraient au seul FN l’incarnation de la rupture et ne ferait que le renforcer.
Les partis qui envisagent leur participation ou leur soutien à un gouvernement avec le PS, peuvent peut-être accepter ces primaires et donc l’alliance dès le premier tour de l’élection. Ce n’est pas à nous de nous prononcer.
Mais dans cette proposition à TOUTE la gauche, les dés sont pipés. Qui peut penser un seul instant que si, par exemple, un programme et un candidat anticapitaliste l’emportaient, les autres forces de la gauche lui cèderaient la place ?
Les primaires pour 2012, une vraie mauvaise idée qui fait l’impasse sur une perspective essentielle : construire une alternative politique au système capitaliste.
Christine Poupin et Myriam Martin, porte-paroles du NPA.
Le 4 mai 2011.