ÉGALITE DES SALAIRES
ENTRE LES FEMMES ET LES
HOMMES…
Pour la première fois en France, les femmes viennent de faire reconnaître
très largement les inégalités de fait entre femmes et hommes dans l’emploi.
Elles ont imposé cette réalité au mouvement social et aux syndicats mais
aussi aux media et aux politiques, jusqu’au gouvernement qui n’a pu gommer
les faits, malgré tous ses mensonges, les inégalités de fait entre femmes et
hommes dans l’emploi. Non seulement ces inégalités perdurent mais de plus
elles s’aggravent et s’amplifient au moment de la retraite.
• Les femmes gagnent 27 % de
moins que les hommes, tous temps
de travail confondus.
• L’écart est de 19 % pour les
temps complets ; ils passent à 10 % à
poste et à expérience équivalents.
• Majoritaires parmi les bas salaires,
les femmes représentent 80% des
travailleurs pauvres.
Pour combattre les inégalités de la vie active et en retraite, il nous
faut aussi :
– l’égalité salariale par le rattrapage des écarts de salaires et de retraites entre
femmes et hommes dans tous les secteurs professionnels
– le développement de la mixité dans tous les secteurs professionnels, qui ne
pourra qu’être favorisé par l’augmentation des salaires
– le développement de l’emploi pour les femmes et les jeunes
– l’accès pour toutes et tous à des emplois à temps plein, stables et qualifiés
– la transformation de tous les emplois précaires en CDI et des contrats partiels
en temps complet pour celles et ceux qui le souhaitent
– le droit à une évolution de carrière et à une formation professionnelle continue
rémunérée et qualifiante sur le temps de travail
– une réelle reconnaissance des métiers par la validation de l’expérience professionnelle,
des qualifications, des certifications et des diplômes acquis tout au
long de la vie
– une réelle prise de compte de la pénibilité des métiers féminisés
Pour favoriser le partage entre femmes et hommes de l’éducation des
enfants, de l’aide aux personnes dépendantes de l’entourage et des
tâches domestiques, il nous faut aussi :
– une réelle réduction du temps de travail sans flexibilité et avec embauches
correspondantes
– un véritable service public de la petite enfance et un service public de prise
en charge des personnes dépendantes, tous deux mixtes et de qualité.
Premiers signataires :
CNDF/ Femmes Egalité/ Maison des Femmes de Montreuil/ ATTAC/
CADAC/ Collectif de pratiques et de réflexions féministes (Ruptures)/ Femmes
libres Radio libertaire/ Femmes Solidaires / Initiative féministe européenne (IFE)
France/ Marche Mondiale des Femmes Paris - IdF/ OLF/ Rajfire/ Réseau féministe
« Ruptures »
EELV/ FASE/ NPA/ PCF/ PCOF/ PG
— -
En quelques dates,
l’égalité salariale
dans les textes :
Savez-vous que ce n’est qu’en 1945
que la notion de « salaire féminin »
est supprimée
dans la législation
et remplacée par « À travail égal,
salaire égal » ?
Savez-vous que ce n’est qu’en 1946
que le principe d’égalité des droits
entre femmes et hommes est inscrit
dans le préambule de la constitution
Cinq lois sur le thème de
l’égalité professionnelle
ont été votées mais il n’y a
toujours pas de sanction
définie en cas de non
respect des objectifs :
En 1972, la loi réaffirme
en le précisant le principe
de l’égalité de rémunération
entre les femmes
et les hommes pour les
travaux de valeur égale.
En 1983, la loi impose
aux entreprises de plus de
50 salariées d’établir un
rapport sur la situation
comparée des femmes
et des hommes et d’en
débattre au comité
d’entreprise ; la même
année, la France ratifie la
Convention internationale
sur l’élimination
de toutes les formes de
discrimination à l’égard
des femmes.
En 2001, la loi actualise
et renforce celle de 1983
en définissant les axes
de sa mise en œuvre : la
négociation collective
annuelle sur les objectifs
et les mesures dans le domaine
de l’égalité professionnelle
et le calendrier
du rapport de situation
comparée. Les syndicats
peuvent attaquer en justice
pour délit d’entrave si
aucune négociation n’est
entreprise.
En 2004, un accord
signé entre les syndicats
et le MEDEF envisage
des actions de rattrapage
des salaires.
En 2006, une nouvelle
loi sur l’égalité professionnelle
est adoptée,
prévoyant de supprimer
les écarts de rémunération
entre hommes et
femmes avant la fin de
l’année 2010 et enjoint de recourir à la négociation obligatoire
dans
les branches professionnelles
et dans les
entreprises. Une contribution
financière de ces
dernières « pourra » être
instituée, si nécessaire,
pour les entreprises qui
n’auraient pas ouvert de
négociation.
Et aujourd’hui ?
En novembre 2010, le
gouvernement passe en
force pour voter sa loi
inique sur les retraites.
Cette loi acte un nouveau
pas en arrière sur l’égalité
professionnelle en reportant
au 31 décembre
2011 l’obligation pour
les entreprises de
signer un accord. « Les
entreprises d’au moins 50
salariés qui ne seront pas
couvertes par un accord
ou, à défaut d’accord, par
les objectifs et mesures
constituant le plan
d’action défini dans les
rapports » de situation
comparée devront
s’acquitter d’une sanction
financière « pouvant »
atteindre au maximum
1% de la masse salariale
selon ce que décidera
l’autorité administrative
dans des conditions
fixées par décret., « en
fonction des efforts
constatés dans l’entreprise
ainsi que des motifs de
sa défaillance quant au
respect des obligations » !
À l’évidence,
l’obligation de
résultats si chère
au président de la
République et au patronat
ne s’applique
pas à l’égalité professionnelle
entre
les femmes et les
hommes !
et un arsenal juridique existant déjà
sur cette question ?
Les femmes sont majoritaires parmi les smicards, majoritaires parmi ceux qui gagnent moins que le Smic (travailleurs
pauvres), majoritaires encore parmi les travailleurs à temps partiel. Une majorité de femmes salariées est cantonnée au bas
de l’échelle salariale. Déjà, les lois en vigueur ne sont pas appliquées et les entreprises ne sont pas sanctionnées. Mais plus
encore, ces lois ne s’attaquent que partiellement au problème de l’inégalité salariale. Dans les faits le travail que fournissent
les femmes n’est pas considéré comme ayant une valeur égale à celui des hommes et donc le salaire ne l’est pas non plus.
Témoignages
Je suis dans une société d’électronique en sous
traitante. Après presque 6 années d’intérim
« non choisies » dans d’autres entreprises, j’ai
eu un CDD de 4 mois qui devait se transformer
en CDI à la fin de l’année 2010. Mais la société
a voulu changer d’avis et me reproposer un
CDD de 3 mois avec embauche à la clé (mais je
n’ose y croire). J’ai 34 ans d’expérience dans ce
domaine (militaire, aérospatiale, aéronautique).
J’ai par chance, en tant que femme, l’avantage
ne pas avoir été cantonnée dans la fabrication
de cartes électroniques, réservée aux femmes
pour la minutie que ce travail exige. J’ai appris
le câblage filaire qui est plutôt pour les hommes
(travail considéré comme plus physique).
D’ailleurs les femmes que je rencontre dans mes
missions ont plus de mal à trouver un travail
mieux payé. Elles ont souvent travaillé dans de
grosses sociétés comme ALCATEL ou THALES,
et sont restées des années sur un même poste
et ont subi un licenciement après des années
d’ancienneté. Je suis polyvalente (contrôleuse,
câbleuse filaire et circuits). Je travaille sur
différents postes à la fois selon l’urgence des
livraisons au client. Je gagne 2000€ brut par
mois. Les autres femmes, non polyvalentes
gagnent 1700€ brut. Par contre les hommes qui,
eux, ne sont pas polyvalents, obtiennent des
salaires de 2100 à 2400€ brut pour les mêmes
années d’expérience. Dans l’électronique il y a
la féminisation des postes.
***
Après une période de chômage, j’ai
retrouvé un emploi à temps partiel dont
le nombre d’heures varie entre 78 et 100
heures par mois dans un centre commercial
de la région parisienne.
Chaque jour les horaires sont différents,
cela se transforme en une course très fatigante.
Il arrive parfois qu’entre la période
de travail matinal et celle de la soirée je
n’ai pas le temps de rentrer chez moi. Ce
qui se traduit par de très longues journées
hors de mon domicile.
Quant au salaire il varie entre 900 et
1100€ par mois. Le gouvernement parle de
réduction du chômage, mais à quel prix.
Pour nombre de salariées du commerce,
les conditions de travail et les salaires sont
précaires. Nous ne pouvons pas continuer
à vivre comme cela.
J’ai un Bac+2 et je veux juste un travail
à temps plein et la reconnaissance de ce
type d’emploi avec le salaire adéquat.
***
Je suis aide à domicile chez des personnes
âgées. J’aime mon travail, j’aime les relations
avec elles. J’interviens entre 1h et 3h chez la
même personne et mon amplitude de travail
est souvent de 7h45 à 20h. Je fais jusqu’à
6 interventions par jour ; ainsi je reste
souvent dans ma voiture pour grignoter un
casse-croûte. Ce sont des semaines avec une
amplitude qui va de 20h à 60 h. Nous avons
un salaire fixe de 940€ net correspondant à
130h par mois même si certains mois nous
faisons 150h (la différence est cumulée...
et sera payée...à la fin de l’année !). Pour le
moment, je demande que toutes les heures
faites soient payées le mois en cours avec les
heures supplémentaires ou complémentaires
incluses, de même que les kilomètres entre
toutes les interventions. Pour l’association
qui nous emploie, nous sommes à disposition
la veille pour le lendemain ce qui ajoute au
stress. Nous laissons les personnes âgées
seules chez elle jusqu’au lendemain, c’est
une angoisse pour moi de les savoir isolées
et cela ajoute à ma fatigue (mal au dos,
au bras, parfois mauvais sommeil). Nous
sommes indispensables au fonctionnement
de la société : il faut qu’on soit reconnue et
que le salaire nous encourage. Le salaire doit
considérer l’usure et la fatigue morale de
notre métier.
***
Je travaille 13h par semaine ! La même
société de nettoyage me fait travailler à 2
endroits différents chaque matin pour le
ménage des bureaux : 1h dans le quartier
voisin et 1 h dans une banque de mon
quartier. J’ai 35 minutes entre les 2, mais
parfois j’arrive en retard à la banque parce
que je dépends des bus. Je fais quelques
heures chez un particulier en plus. Je
cherche, je cherche mais ça ne suffit
pas et 1h dans chaque chantier ça ne suffit
pas, il faut faire très vite. Je gagne 265€
par mois. J’aimerai bien un travail fixe pour
mieux m’organiser avec les enfants, mais
je ne trouve pas.
C’est un travail dur : il faut le reconnaître
(il faut aller vite pourvu qu’au 2éme chantier
ils ne se plaignent pas). Parfois j’ai mal
au dos mais il ne faut pas se plaindre ...
Les métiers « féminisés »
Toujours selon les idées reçues, ces
métiers sont présentés comme moins
fatigants physiquement. Pourtant la
réalité nous montre que les femmes
représentent 58% des cas pour les
troubles musculo-squelettiques ! Les
métiers « féminisés » ont une pénibilité
cachée, elle aussi non reconnue, et qui
n’est donc pas prise en considération
par le salaire. Le travail des caissières
est épuisant, avec ses gestes répétitifs
qui leur esquintent le dos, comme
celui des femmes de ménage qui travaillent
penchées. Les vendeuses sont
toujours debout et en contact permanent
avec la clientèle. L’accompagnement
des personnes malades implique
de les porter.
Dans le commerce, les
travailleuses transportent des caisses
et des palettes. Les ouvrières de
l’électronique, de l’agroalimentaire ont
des cadences infernales pour exécuter
des gestes précis nécessitant beaucoup
de concentration. Et que dire des
agents administratifs qui doivent être
toujours disponibles et souriantes,
toute la journée, et répondre à toutes
les demandes. Disponibilité encore
pour celles qui accueillent les enfants
ou qui s’occupent des personnes
âgées et qui doivent savoir gérer leurs
émotions, seules face à des situations
difficiles. Tous ces métiers sont exercés
dans le stress, avec très peu d’autonomie,
et sans ou avec peu de possibilités
d’évolution de carrière. Toutes ces
femmes galèrent, cumulant parfois
plusieurs employeurs (temps partiel
oblige) : stress, conditions de travail
qui se dégradent, horaires décalés
ou morcelés, journées à rallonge
auxquelles s’ajoutent, il faut le rappeler,
les temps de trajet entre deux missions
non payés !
17,3 % des actifs sont employés à
temps partiel, ce qui représente 4,4
million de personnes. Environ 80 %
sont des femmes.
Plus d’un million de salariées
à temps partiel déclare vouloir
travailler davantage. Ce taux est
plus élevé chez les ouvrières et les
employées. Et pour toutes les autres
qui ne semblent pas le désirer, c’est
compte tenu des conditions de travail
qu’elles subissent et des salaires
dérisoires dont elles disposent et
aussi du fait des difficultés que cela
entraînerait, notamment en termes
de garde des enfants.
Les politiques ultra-libérales menées
par le gouvernement ont aggravé
la précarité et par voie de conséquence,
les inégalités : progression
du sous-emploi, développement des
contrats atypiques qui concernent
majoritairement les femmes. Et
tous les secteurs sont touchés ; le
privé (industries du textile de luxe,
commerce, nettoyage, services à
la personne, etc.) comme le public
ou le domaine associatif (santé,
éducation, maternelles, crèches,
social…) où elles font face aux
réductions drastiques des budgets,
aux suppressions massives de postes
et au démantèlement des statuts !
Les femmes salariées sont concentrées
dans des secteurs d’activité
« féminisés » où la main d’œuvre
est très mal payée. D’après les
stéréotypes bien répandus, Elles
« assument naturellement » des
tâches comme l’accompagnement
des enfants, la cuisine, le ménage,
le repassage, les soins, toutes ces
activités qui font appel à la qualité
d’écoute, au relationnel, à la souplesse,
au sens de l’organisation, à la
minutie…
La réalité est que les vendeuses, les
caissières, les secrétaires, les assistantes
maternelles, les cantinières,
les aides soignantes, les infirmières,
les animatrices, les hôtesses d’accueil,
les travailleuses dans l’aide à
la personne, les ouvrières du textile,
de l’agroalimentaire, de l’électronique,
de l’automobile, les femmes
de ménage dans l’hôtellerie et le
nettoyage industriel…toutes ces
femmes exercent de vrais métiers !
Leurs métiers sont dévalorisés, elles
sont donc sous-payées !
Ça suffit !
Nous voulons l’égalité des salaires
entre les femmes et les hommes …
maintenant !