Edito
APRES L’ATTENTAT DE NEWYORK IL EST URGENT DE SORTIR DU NUCLEAIRE !
Un des sujets de réflexion qui se posent
inévitablement après le monstrueux et barbare
attentat terroriste de New York est le suivant
: quelles seraient les conséquences si un
attentat à l’avion suicide prenait une usine
nucléaire comme cible ?
Les réacteurs ne sont pas protégés contre une
telle éventualité, parce que les « experts »
avaient calculé que la possibilité qu’un avion
de ligne tomber sur une centrale nucléaire est
d’une sur cent millions d’années, donc négligeable. Ils n’avaient pas intégré dans leurs
calculs l’hypothèse d’un d tournement terroriste...
Si tel était le cas, observe Paul
Leventhal, président du Nuclear Control
Institute, basé à Washington, nous aurions
affaire un scénario de type Tchernobyl.
Imaginons les conséquences d’une attaque
coordonnée contre 5 ou 6 centrales...
Mais il y a pire : selon une étude du cabinet
de consultants nucléaires WISE-Paris, commandée par la direction générale de la
recherche de l’Union Européenne, la chute
d’un avion sur l’usine de retraitement nucléaire
de la Hague (Manche) aurait des conséquences encore plus catastrophiques. Selon
cette recherche, la quantité de césium 137 -
un combustible hautement radioactif (pendant
trente années) stock la Hague - qui
serait dispersée dans l’environnement dans le
cas d’une chute d’avion sur l’usine, serait 66,7
fois supérieure celle de Tchernobyl. Ce qui
signifie que la « dose collective » de radiation
produite par cet « accident » serait de cinquante
(50) fois la dose collective de
Tchernobyl. On calcule les victimes de cancers
mortels à 1,5 millions de personnes. (Le
Monde du 16 septembre 2001).
Voila pour la source d’énergie la plus sûre et
la plus propre, selon la publicité de l’EDF !
Ces scénarios catastrophe sont peu plausibles
? Mais qui pouvait imaginer, encore il y a dix
jours, le scénario tragique qui vient de se passer
à New York ?
La seule garantie contre les « accidents »,
attentats et autres dangers inhérents aux usines
nucléaire c’est, encore et toujours : la sortie
du nucléaire. Maintenant et pas dans dix
ans !
Journée nationale anti-nucléaire du 20 octobre
Embrasser la modernité
Critiquer le « tout nucléaire » en France était hier impossible. L’écologie
politique, qui seule s’y aventurait, faisait figure d’hérétique, de mauvais
plaisant, il était évident qu’elle refusait la modernité, qu’elle préférait
« ringardiser » la France. Aujourd’hui, si la discussion demeure difficile, la
décision de l’Allemagne de sortir du nucléaire et l’ouverture du marché
français de l’électricité à la concurrence ont ouvert une brèche dans ce
qui fonctionnait jusque-là comme un consensus sans faille. Il faut que
s’ouvre, dans ce pays, un débat sur les choix énergétiques nationaux,
pour que s’élaborent des solutions collectives, démocratiques, acceptables
par tous - et respectueuses de l’écosystème comme des générations
futures.
La question est d’autant plus d’actualité que nous sommes
aujourd’hui à la croisée des chemins. Les décisions qui sont prises
maintenant et le seront dans la décennie qui vient regardent la gestion
du siècle à venir en matière énergétique : les centrales françaises
arrivant en fin de vie à partir des années 2010, doit-on en renouveler le
parc ou s’orienter vers la sortie du nucléaire ? Or, le gouvernement
actuel n’a toujours pas remis en cause l’option électronucléaire, même
si l’engagement programmatique Verts/PS avait pu faire penser à des
avancées : la décision gouvernementale de fermeture de Superphénix
en 1998 était censée nous en apporter la rassurante certitude... Las !
Au lieu de ce scénario, les décisions prises depuis l’été 1999 par le
gouvernement Jospin, en l’absence de tout débat public, contournent le
mince obstacle des engagements politiques et préparent au contraire
la relance et la modernisation de la filière : la réorganisation de la filière
en un groupe d’Etat unique, Areva, l’accord Framatome-EDFSiemens
pour la mise au point de l’EPR (après les élections !), le laboratoire
d’enfouissement des déchets à Bure, l’autorisation du transport
du Mox et l’extension de sa fabrication, la reprise du trafic des déchets
entre la France et l’Allemagne... autant de signes négatifs, pour le
moins.
La remise en cause et le refus du nucléaire ne doivent pas être assimilés
à la frileuse position d’arrière-garde de ceux qui refuseraient
Science et Modernité. C’est au contraire un combat progressiste contre
une limite objective et paradoxale à notre développement. Objective,
parce que le nucléaire occupe l’espace du pensé et du pensable en
matière de production électrique en France, et paradoxale, parce que,
sous couvert de haute technologie et d’innocuité en matière d’émission
de gaz à effet de serre, le choix nucléaire, faisant office à la fois de
bonne conscience écolo et de vitrine de la puissance française, interdit
les recherches alternatives, comme il permet d’ignorer à bon compte
l’essentiel des problèmes de pollution. C’est un combat contre la culture
étatique et corporatiste du secret, imbriquant nucléaire civil et
nucléaire militaire, pour la transparence des politiques énergétiques et
l’intrusion des citoyen(ne)s dans les choix qui engagent l’avenir. Un
combat contre les dogmes du nucléaire, qui fonctionnent comme des
tabous ininterrogeables depuis 1945. Un combat enfin contre le productivisme
débridé, pour l’élaboration de solutions alternatives en
matière énergétique, qui permettent de concilier l’emploi, l’aménagement
du territoire et l’environnement.
Claire Le Strat
Débat
Un abattage inhumain ?
Pourquoi faut-il s’indigner du grand abattage d’animaux qui a servi de méthode de lutte contre
la fièvre aphteuse, notamment en Grande Bretagne ? Et pourquoi une certaine indignation
n’est pas plus acceptable que l’indifférence ? Passé
l’événement, nous poursuivons la réflexion entamée dans la lettre n°2.
Ce type d’acte met à l’épreuve et
dévoile le rapport concret de l’homme
à la nature. Il ne s’agit pas de
brocarder notre anthropocentrisme,
car on voit mal comment l’homme
pourrait renoncer à faire de luimême
le centre de son activité mais
de déterminer en quoi précisément
notre humanité appelle une condamnation
de ce type de dérives. Ce
n’est bien qu’en considération de
ses conditions d’existence présentes
et futures, de son présent et de son
avenir, que l’homme ne peut être
indifférent au sort réservé aux autres
espèces vivantes. Il ne saurait exister,
à proprement parler, sans leur
présence. La préservation de la vie
animale et végétale est fondamentale.
Nul besoin pour autant d’une
quelconque mystique de la vie.
Dans ce rapport de l’homme à la vie,
les animaux domestiques, qu’ils
soient élevés pour le nourrir ou pour
lui « tenir compagnie », occupent une
place à la fois concrète et symbolique
de la liaison de l’homme à la
nature. Les traitements employés
qui conduisent à leur chosification se
font aussi au détriment des hommes.
Nourrir les animaux avec n’importe
quoi ou dans des conditions abominables,
c’est nuire à la qualité de la
nourriture consommée. Traiter le
vivant comme du simple minerai,
produire des aliments comme on
produit des tonnes d’acier, c’est traiter
l’homme comme un simple
débouché économique d’une branche
de production, ce qui ne peut se
faire qu’à ses dépends. Le productivisme
appliqué à l’agriculture fait
abstraction de la réalité du vivant. La
course à la productivité se paye par
la pollution des eaux, la perte de
qualité des aliments ou la réduction
de la diversité génétique des cultures.
L’homme doit prendre conscience
des contraintes écologiques ce
qui suppose de remettre en cause
une agriculture livrée au capitalisme.
L’abattage militarisé auquel se sont
livrées les autorités anglaises alors
même qu’une autre solution était
possible, celle de la vaccination,
dans l’unique but de préserver des
revenus à l’exportation, est symptomatique
d’une agriculture surintensive,
qui intoxique les consommateurs
au Nord et ruine les paysans au Sud.
Il constitue la fuite en avant d’un système
qui entend préserver le profit
généré par une agriculture pour
laquelle la nature est simple chose
inerte. Tout est fait pour que le veau
d’or ne se transforme en plomb.
Pour autant certaines manifestations
d’indignation posent problème, celles
qui utilisent un lexique identique
à celui employé pour les hommes,
ou déduit de celui-ci, ainsi des mots
de massacre, de zoocide ou de
génocide... comme si l’abattage
actuel pouvait être équivalent à un
massacre d’êtres humains, comme
si le sens et la portée de ces deux
actes était équivalent. Il n’y aura pas
d’écologie d’avenir fondée sur une
mise entre parenthèse de l’irréductible
spécificité de l’espèce humaine.
Le perdre de vue ou le nier c’est précisément
perdre en humanité et
renoncer à l’humanisme qui doit servir
de socle à notre conception de
notre rapport à la nature.
Laurent Menghini
Amiante
Une faute inexcusable
Les lois du marché pour l’OMC ne devraient rencontrer aucune contrainte.
Ainsi en va-t-il du commerce de l’amiante, pour lequel le Canada, premier
exportateur au monde, avait déposé une plainte contre la France, accusée
d’avoir interdit l’importation de cette fibre mortelle en 1997.Cela ne fait que
70 ans que l’on soupçonne l’amiante d’effet cancérigène et seulement une
quarantaine d’années que les épidémiologistes ont scientifiquement
démontré le lien entre cette fibre et les maladies respiratoires. Cela ne fait
que quelques milliers d’ouvriers qui auront manipulé et inhalé sans précaution
cette fibre et qui aujourd’hui crèvent de maladies respiratoires et autre
cancer de la plèvre.
Heureusement partout dans le monde un mouvement
de protestation est né : 300000 plaintes aux USA, des centaines au Brésil
contre la maison Eternit - Saint-Gobain, à Londres 2000 mineurs noirs
d’Afrique du Sud contre la firme britannique Cape Ltd. La mobilisation a
payé car en mars 2001,l’OMC a du reconnaître que la plainte canadienne
contre la France n’était pas fondée et que la décision de la France reposait
sur des raisons de santé publique. Néanmoins, l’argumentation développée
par l’OMC risque de créer un précédent en cela qu’elle affirme sa compétence
dans le domaine de la santé publique et qu’elle limite la souveraineté
des Etats avec pour finalité la promotion des échanges commerciaux.
Réjouissons-nous quand même de cette décision ainsi que de jugements
récents de la cour d’appel en France statuant que la maladie de 20 salariés
d’Everite, résultait d’une faute inexcusable de l’employeur.
Liliane Dal Cortivo
AGENDA
Samedi 20 octobre 14 H :
journée nationale de manifestation
« sortons de l’âge du nucléaire ! ».
5 manifestations inter-régionales prévues : -
Toulouse (12H, Place du Capitole)
– Nantes (Place de Bretagne)
– Colmar (Champs de mars)
– Lyon (Place Bellecour).
– Lille (Place de la République)
Tél. national : 0826 166 444 -
site : http://www.sortirdunucleaire.org/
Ligue communiste révolutionnaire
Commission nationale écologie
2, rue Richard Lenoir, 93100 Montreuil
tél : 01 48 70 42 30
fax : 01 48 59 39 59