Kyoto, et après ?
Poutine a tranché : la Russie va enfin
ratifier le protocole de Kyoto après des
années de tergiversations et pas mal de
concessions inavouables de la part de
l’Union Européenne. Victoire et réjouissances
? Ce serait un peu vite oublier
l’essentiel : car si cette ratification est
une cuisante défaite pour Bush, elle ne
résout fondamentalement rien.
En effet, l’application du Protocole de
Kyoto n’entraînera pas à lui seul la baisse
des émissions de gaz à effet de serre,
ni même leur stabilisation. Kyoto ne
permet qu’une augmentation moins rapide
des émissions. La situation va continuer
à s’aggraver, mais moins vite, un
tout petit peu moins vite. Et encore à
supposer que le Protocole signé soit
respecté, à commencer par la Russie.
Sans compter également que le mode de
réduction choisi par l’UE privilégie le
marché des droits à polluer qui va s’ouvrir
début 2005. Toutes les études
sérieuses montrent que les expériences
de marché de droits à polluer sont inefficaces
et constituent un nouveau pas
dans l’extension de la sphère du capitalisme.
Extension qui risque de renforcer
les inégalités existantes : les riches pollueurs
pouvant acheter aux autres leurs
quotas. Dans ce contexte, la France, à
mille lieux des tirades hypocrites de
Chirac lors des sommets internationaux,
est loin de briller et fait tout pour limiter
son implication : elle a ainsi tenter
de faire échapper de nombreuses usines
aux obligations de réduction. Même le
système de bonus-malus à l’achat de
véhicules, mesurette timide du Ministre
de l’écologie, a été rejetée par Raffarin,
sous pression des industriels de l’automobile.
La crise climatique globale appelle des
solutions simples, rapides et radicales
pour baisser de moitié en 10 ans émissions
de l’UE. Pour cela, il faut bien plus
qu’un marché aux objectifs dérisoires, il
faut une volonté politique qui mette en
cause les principales origines de la pollution.
A commencer par le transport
routier, qui est au contraire aujourd’hui
formidablement soutenu par l’UE.
Il y a tout lieu de craindre que Kyoto ne
constitue pas un premier pas mais un
point d’arrivée pour de longues années.
Les effets brutaux risquent eux de ne
pas attendre comme nous l’indiquent de
plus en plus de signes inquiétants.
Laurent Menguini
Environnement et santé
Cette année la presse française a relayé
les conclusions du rapport du « Plan
national santé environnement (PNSE) »
en même temps qu’était lancé « l’appel
de Paris ». Aujourd’hui, 30 000 décès
prématurés sont attribués à une exposition
à la pollution atmosphérique.
Ainsi 6 à 11 % des cancers du poumon
diagnostiqués chez les + de 30 ans en
2002 seraient dus à l’exposition à la
pollution par les particules fines qui
viennent se loger dans nos bronches et
nos poumons, particules émises par les
automobiles. Par ailleurs le nombre de
décès d’origine cardio-vasculaire attribuables
à la pollution serait compris
entre 3334 et 4876. Probablement
aussi en raison de la pollution des
villes et des habitations un enfant sur
7 en Europe est asthmatique et 10 à
20 % de la population présente des
allergies. La stérilité en particulier
masculine est en augmentation notamment
dans les régions industrialisées,
et en Europe 15 % des couples sont
stériles : la pollution chimique pourrait
en être la cause. Parallèlement, en Ile
de France fait état d’un quasi doublement
des malformations congénitales
en 20 ans.
Le nombre total de cancers a également
augmenté de façon alarmante : 35 % de
plus entre 1978 et 2000.
La mortalité par cancer en France est 20 % plus élevée que dans le reste
de l’Europe. Sur 248 000 cas de cancers
survenus en 1997, 20 000 seraient
imputables à des expositions professionnelles.
Les experts ont retenu l’influence
de facteurs environnementaux
tels que l’amiante (il aura fallu 20 ans
entre le moment où son caractère cancérigène
est déclaré et son interdiction
totale), les radiations ionisantes, les
UV, les métaux lourds, le benzène, et
autres dioxines.
Face à ce constat alarmant quatre plans
d’action au niveau européen et français
ont été élaborés. Le PNSE n’apportera
pas de réponse aux enjeux sanitaires et
humanitaires : il conclut sur la nécessité
d’évaluations scientifiques supplémentaires.
En revanche la contre offensive
du patronat, du lobby des assureurs
et même de l’ancien président de
l’académie de médecine n’a pas tardé,
épaulés par Chirac, pour s’opposer à l’adoption
du principe de précaution dans
la constitution Européenne.
Liliane Dal Cortivo
PCF et écologie : « Je ne t’aime pas, moi non plus »
Toujours en pointe en matière de recyclage,
le PCF recycle certains de ses
bureaucrates, et néanmoins promoteurs
éclairés de l’énergie nucléaire, en
écologistes virulents. C’est en effet le
sort advenu à Denis Cohen, ancien
responsable de la fédération CGT mines
et énergies, qui a toujours défendu la
politique d’EDF en matière de nucléaire,
mais était moins convaincant quand il
s’agissait de sauver les retraites des
salariés de l’entreprise. On le retrouve
désormais responsable de la commission
« Pour une écologie alternative »
du PCF. Alternative à quoi ? A la défense
de l’environnement peut-être ; à
l’exigence de sortie du nucléaire sûrement.
Peut-on émettre l’hypothèse que
le refus d’attribuer, par manque de
place bien entendu, un stand au réseau
Sortir du nucléaire lors de la fête de
l’Huma 2004 (contrairement aux années
précédentes) est lié à la nouvelle fonction
de D. Cohen ?
OGM : Amplifier la résistance
Les actions de fauchages des expérimentations
d’OGM en plein champ, a
permis de faire des OGM une question
hautement politique. Ces actions ont
aussi montré à quel point la répression,
policière et judiciaire, était la seule
réaction de ce gouvernement illégitime
face à des actes qui dépassent le traintrain
habituel de la lutte sociale. Il est
maintenant temps de consolider les collectifs
créés cet été pour faire de la
lutte anti-OGM un axe permanent des
combats environnementaux.
Areva : Mensonges et plutonium
Areva agirait pour la paix, « en recyclant
» le plutonium militaire américain
en MOX ? Quelle blague ! Rappelons que
les centrales nucléaires, qui fournissent
notre électricité, transforment l ’uranium
en plutonium. La fonction essentielle
de l ’industrie nucléaire a toujours
été de fournir du plutonium aux militaires
en se servant de l ’alibi du nucléaire
civil. En s’obstinant à fourguer ses
centrales sur toute la planète, AREVA
est au contraire responsable de la prolifération
nucléaire. Mensonge encore
lorsqu’est évoqué le « recyclage » : le
MOX, obtenu en mélangeant plutonium
et l’uranium, produira, après combustion,
des déchets hautement radioactifs
pendant des milliers d’années !