Dans les années 1980, Christoph Blocher et son « Groupe de travail Afrique du Sud » soutenaient le régime raciste de Pretoria. Il est député depuis vingt ans, lorsqu’en 1999 surgit son admiration pour le révisionniste Jürgen Graf. A la veille d’élections nationales, ça fâche. A l’été 1999, la direction de l’UDC suisse s’intéresse à Pascal Junod, le secrétaire de sa section genevoise. Promoteur de la librairie néonazie « Excalibur », le candidat au Conseil national anime les Cercles Proudhon, Thulé, Synergies Européennes et les Amis de Robert Brasillach. Il est purgé [1].
Pour éviter de telles expériences Blocher enjoint aux siens de « respecter l’Etat de droit et le fonctionnement démocratique ». Tiens ! C’est dans de tels termes qu’Oskar Freysinger justifie au Matin Dimanche des amitiés fascistes qui attirent enfin l’attention des médias. Le 12 novembre, 20 Minutes publie la caricature que lui consacre Vigousse.
« Depuis le début de mon engagement politique, cette attaque est la pire chose que j’aie eu à subir. » Bizarrement c’est l’imprécision du dessin que critique Freysinger. « On n’a jamais vu un officier nazi avec une queue de cheval ! ». Va-t-il porter plainte ? « Je ne suis pas emballé ». Mais qu’il en prenne donc l’initiative !
Sur des sites bruns
Le site néonazi Altermedia chantait depuis des mois ce héros de la lutte contre l’ethno maso chisme. Le 12 septembre 2004, le conseiller national de Savièse proclamait dans ses colonnes sa fierté d’être Suisse : « Y a-t-il au monde plus masochiste, plus honteux d’être soi-même, plus embarrassé d’avoir une identité que la classe politique Suisse ? Dans l’art de l’auto-flagellation la plupart des dirigeants helvètes ne sont guère surpassés que par les allemands, dont la haine pour leur propre nationalité trouve néanmoins sa raison d’être dans l’histoire récente de ce pays ». Il condamnait un ouvrage scolaire réhabilitant ceux qui ont aidé les Juifs. Ce « triste remake du rapport Bergier n’a rien à faire dans l’enseignement... »
Le 30 novembre 2009, le site identitaire, raciste et néonazi Novo press salue en Freysinger l’homme qui a convaincu les dirigeants hésitants de l’UDC à combattre les minarets en Suisse.
Le 10 février 2010, Radio Courtoisie, parfois condamnée pour les propos racistes, injurieux ou révisionnistes tenus sur ses ondes, invite Freysinger à exposer à son public français comment l’idée lui est venue. « C’était assez difficile, parce que s’attaquer au voile, s’attaquer à la burqa, s’attaquer aux sermons des imams dans les mosquées c’est butter contre des lois, contre la constitution. Pour que cela puisse avoir une chance de passer la rampe on a effectivement réfléchi comment créer le débat sur l’islam ».
« On a un autre sujet qui sera fascinant à suivre. L’initiative populaire – du même type que celle des minarets – qui demande l’expulsion des étrangers criminels. On a fixé un catalogue de délits. Dès le moment où quelqu’un est condamné, l’expulsion est automatique. Avec une restriction, on ne peut renvoyer quelqu’un dans un pays où il risque d’être tué. On ne peut pas. On est quand même limités par le droit international ».
Le 12 mars 2010, à la veille des élections régionales, Oskar Freysinger s’adresse aux Alsaciens d’« Alsace d’abord ». « Aime ton prochain comme toi-même : Aimer l’imam, c’est le forcer à respecter la culture qui l’accueille, le contraindre à aimer ceux qu’il qualifie de chiens d’infidèles ».
Le 15 juin 2010, Oskar Freysinger précise sa pensée à fdesouche, un autre fil de la toile raciste : « En Europe, nous sommes dans une situation d’avant-guerre civile, c’est vraiment le bradage de la race blanche, la race blanche est devenue le souffre-douleur. »
Oskar Freysinger adhère au slogan des white supremacists, les « Quatorze mots » du néonazi étatsunien David Lane qui ont inspirés Blood & honour ou les Hammerskins : « We must secure the existence of our people and a future for white children » (Nous devons assurer l’existence de notre peuple et un futur pour les enfants blancs) ?
Cerise sur le gâteau
Le 22 septembre 2010, il se confie sur le site rutube.ru. On se rappelle sa devise : « Un mensonge bien formulé vaut mieux qu’une vérité mal exprimée ». On sait son attrait pour l’affiche et ses fantasmes : mains noires avides de passeports, carte d’identité suisse de Ben Laden, veuve en burqa menaçant une Suisse pilonnée de minarets, chômeur de couleur jouissant d’un pactole abusif. N’a-t-il pas fait de l’affiche le support de messages à double fond où l’évocation d’un éventuel abus véhicule un racisme crasse. Ce professionnel de l’éclat médiatique n’expose-t-il pas sa propre méthode lorsqu’il semble critiquer un adversaire : « L’image est un mode de manipulation particulièrement efficace parce que si vous manipulez les gens par le texte vous réveillez dans la personne qui le reçoit des centres de résistance qui lui permettront de résister à la manipulation que je pratique, parce qu’il va réfléchir […]. En manipulant l’autre par le langage, je lui donne une chance de résister par le langage qui est en même temps l’arme et la rétorsion possible. Avec l’image, par contre, ce n’est pas du tout le cas […]. Parce que je vais pénétrer dans ses sentiments, le bombarder d’émotions contre lesquels il sera relativement démuni ».
On n’est pas plus clairs ! Son propos fait fureur. Tous les sites identitaires et fascistes le recensent. Clip vidéo sur rutube.ru transcrit par nos soins.
Karl Grünberg
Dernière minute :
Le Bloc Identitaire (ultra-droite) convoque Oskar Freysinger le 18 décembre à Paris lors des « Assises contre l’islamisation ».