Ce mardi 27 avril, une vingtaine de paramilitaires issus de l’Union pour le Bien-être Social de la région Triqui (UBISORT), affiliée au Parti Révolutionnaire Institutionnel (PRI, droite), ont tiré des coups de feu sur une mission internationale d’observateurs civils pour les droits humains qui se dirigeait vers le municipe indigène de San Juan Copala, une région montagneuse qui lutte pour conserver son autonomie, -effective depuis 2007-, malgré le contexte d’isolement et l’état de siège que leur imposent les paramilitaires depuis janvier dernier.
Cette nouvelle agression envers le peuple triqui s’est soldée par deux morts (un observateur international finlandais et une mexicaine), une quinzaine de blessés et un nombre indéterminé de disparus.
Une ambulance est arrivée sur les lieux, peu après l’attaque, afin de dispenser des soins aux blessés, mais on a également ouvert le feu lâchement sur le véhicule qui a été contraint de quitter les lieux.
Cette mission, composée de défenseurs des droits humains de Finlande, Italie, Belgique et Allemagne, ainsi que des membres de l’Assemblée Populaire des Peuples de Oaxaca (APPO) et des professeurs de la section syndicale 22 -à l’origine de la grande grève de 2006-, devait se rendre à San Juan Copala pour, d’une part, apporter des vivres et des couvertures aux habitants qui, à cause de l’encerclement du village par les paramilitaires, n’ont accès ni à l’eau potable, ni à l’électricité ; et, d’autre part, pour assurer la protection des professeurs de la section 22 qui tentaient de revenir dans la région après quatre mois d’absence dû au conflit.
Le gouvernement régional (toujours dirigé par Ulises Ruiz) se dédouane de toute responsabilité arguant que les autorités n’avaient pas connaissance de la présence de la mission internationale ; il soutenait, au lendemain des faits, qu’un dialogue avait été amorcé entres les forces opposées du conflit (information peu crédible alors même que le village était toujours encerclé par la UBISORT).
L’association France Amérique latine DÉNONCE :
– cette attaque armée, résultat des conditions de violence institutionnelle et d’impunité dont jouissent les paramilitaires dans cette région de Oaxaca. La violence institutionnalisée est dirigée contre les différentes expressions de la lutte sociale à Oaxaca et spécifiquement envers la construction de processus autonomes.
France Amérique latine EXIGE par conséquent :
• que le gouvernement assassin d’Ulises Ruiz mette fin aux attaques paramilitaires dans la région triqui et que cessent le financement, l’armement et l’impunité dont profitent ces groupes paramilitaires qui sont sous le contrôle de Rufino Juarez Hernandez,
• qu’une enquête judiciaire fiable et sans connivence avec les politiques soit menée,
• la garantie que les personnes disparues sont toujours en vie,
• que les revendications légitimes des professeurs de la section 22, ainsi que celles de l’ensemble du mouvement populaire de Oaxaca soient satisfaites, et en premier lieu la démission du gouverneur corrompu et assassin Ulises Ruiz Ortiz.
Depuis la France, nous soutenons la dignité du mouvement social d’Oaxaca et l’exigence des peuples indigènes de se constituer en territoire autonome alors même que les pouvoirs politiques les ont toujours méprisés et spoliés.
Pour un Mexique libre et souverain !
France Amérique latine, Paris, le lundi 3 mai 2010