La sanction de la politique de Sarkozy et de la droite au pouvoir est confirmée, c’est une défaite et les résultats sont une fois de plus sans appel : 35 % des suffrages à l’UMP contre 54 % aux listes d’union de la gauche dont la victoire est plus écrasante qu’en 2004.L’abstention est, pour ce deuxième tour, toujours très forte mais on a assisté à une légère remobilisation de l’électorat (48, 78 % d’abstention contre 53, 67 % le 14 mars). La défaite n’en est que plus catégorique. C’est encore une fois un refus net et précis de la politique de casse sociale de Sarkozy et de Fillon. Mais plus que jamais, c’est le président de la République qui est désavoué, même si ses ministres et autres porte-parole de l’UMP expliquent sans rire que « l’électorat n’avait pas dit non aux réformes menées depuis 2007 ». Pour donner le change, en plus de la prétendue pause annoncée dans les réformes (d’ici 2011), le pouvoir vient d’annoncer un remaniement ministériel assez léger. Xavier Darcos en fait les frais, perdant ainsi le ministère du Travail. Il faut bien sanctionner quelques ministres qui ont failli.
L’ensemble des listes de gauche améliore le score de la semaine dernière. Des résultats que l’on n’avait pas vus depuis le début des années 1980. Les listes d’union de la gauche et le PS en particulier récoltent les fruits du « tout sauf Sarkozy », mais il semble que ces listes soient apparues (malgré la politique social-libérale dans les régions), pour une partie de l’électorat, comme crédibles et capables de s’opposer à la droite. Pour autant, on ne peut affirmer que ce succès électoral signifie, majoritairement, une approbation de la politique menée par le PS et ses alliés. L’abstention reste élevée par rapport à 2004 et demeure une des données importantes de cette élection, pour l’ensemble des partis politiques.
Autre élément intéressant à relever, les résultats lorsqu’on se retrouve en présence de triangulaires. Dans le Limousin, on peut se satisfaire de l’élection de deux camarades du NPA élus sur la liste NPA-Front de gauche qui s’était maintenue face au PS. Le score réalisé par cette liste révèle qu’en présence d’un troisième choix à gauche, indépendant des socialistes, à côté du traditionnel tête à tête PS-UMP, il y a une amélioration par rapport au premier tour : de 13, 13 % le 14 mars, la liste passe à 19, 1 % (gagnant ainsi 20 000 voix). On constate la même situation en Bretagne, où la liste Europe Écologie s’était maintenue là encore face au PS.
Une autre donnée essentielle de ces élections, par ailleurs pas vraiment surprenante au vu du contexte dans lequel elles se sont déroulées, est la réaffirmation du FN dans le paysage politique. La politique sécuritaire, anti-immigrés, de chasse aux sans-papiers, en un mot raciste de ce pouvoir a servi le parti de Le Pen. Le FN, en réalisant 17 % de moyenne dans les douze régions où il se maintenait, réalise un score extrêmement inquiétant. Là où se présente le clan Le Pen, les résultats progressent en pourcentage comme en voix.
La défaite de la droite est de toute façon une bonne nouvelle. C’est aussi un encouragement à refuser la politique de Sarkozy, politique désavouée et sanctionnée dans les urnes et qui doit l’être maintenant dans la rue. Travailler à un troisième tour social, à des mobilisations fortes, déterminées et unitaires pour faire reculer le pouvoir, lui infliger une défaite sociale en particulier, sur le terrain des retraites, est une des tâches auxquelles s’attellera le NPA dans les prochaines semaines.
Myriam Martin
* Paru dans Hebdo TEAN # 48 (25/03/10).
SARKOZY : FRAGILISÉ, IL PROVOQUE
Après le camouflet subi par l’UMP et ses alliés, Sarkozy veut reprendre la main sur les retraites. La réforme de trop ?
Avec 36 % des voix au second tour contre 54 % pour la gauche, huit ministres têtes de liste battus, c’est une véritable déroute électorale que viennent de subir l’UMP et ses alliés.
Certes, en récupérant une partie de son électorat qui s’était abstenu au premier tour, la droite garde l’Alsace. Elle gagne la Réunion, grâce à la présence d’une liste PS contre le président sortant Paul Vergès, ainsi que la Guyane, mais la défaite n’en est pas moins cinglante pour elle. C’est un rejet massif de la politique de Sarkozy et de son gouvernement qui vient de s’exprimer, des mensonges et de la démagogie populiste de celui qui avait prétendu incarner la « France qui se lève tôt ».
Au soir du second tour, obligés de se rendre à l’évidence, les dirigeants de l’UMP ont été contraints d’admettre leur défaite, mais tous ont répété à l’envi qu’il fallait « poursuivre les réformes » et que le scrutin était régional, façon de nier la réalité, le désaveu de leur politique de casse des droits sociaux et démocratiques.
Les critiques qui fusaient déjà au sein des parlementaires de la majorité, n’ont fait que redoubler. Dominique de Villepin a fait annoncer par ses proches le lancement prochain de son propre parti. Jean-François Copé et bien d’autres reprochent à Sarkozy sa politique d’ouverture à gauche, dont les derniers épisodes, la nomination du socialiste Migaud à la tête de la Cour des comptes et de Charasse au Conseil constitutionnel, ont fait grincer des dents. Le chef de file des députés UMP, Copé, qui se verrait bien, comme Villepin, présidentiable en 2012, a répété le soir du vote que la droite devait « revenir à ses fondamentaux » pour regagner l’électorat de 2007 – en partie retourné au Front national –, avec entre autres choses une loi interdisant la burqa.
Si bien que le remaniement ministériel, tout d’abord annoncé comme simplement « technique », s’avère plus important que prévu. Martin Hirsh, une des personnalités d’ouverture, quitte le gouvernement. Georges Tron, proche de Villepin, devient secrétaire d’État à la Fonction publique. François Barouin, proche de Chirac, qui avait dénoncé une ouverture « qui crée des courants d’air à droite », devient ministre du Budget. Et surtout, Éric Woerth devient ministre du Travail à la place de Xavier Darcos, qui a fait le plus mauvais score parmi les ministres (28 % en Aquitaine).
Sarkozy espère reprendre la main grâce à la réforme des retraites et Woerth lui apparaît le mieux placé pour cela. Resté à l’écart des élections régionales, il n’a pas eu à en subir la sanction et, surtout, ancien ministre du Budget, il reste l’homme de la lutte contre les déficits au nom de laquelle le pouvoir espère imposer sa réforme. Un thème sur lequel il y a de larges convergences avec le PS, Europe Écologie et même avec les directions des confédérations syndicales. Cette nouvelle provocation contre le monde du travail risque fort de se retourner contre lui.
Galia Trépère
SARKOZY GARDE LE CAP DES RÉFORMES LIBÉRALES
COMMUNIQUÉ DU NPA
Déclaration en forme de provocation que celle de N. Sarkozy, ce matin à l’issue du conseil des ministres. Il n’a rien retenu de la sanction électorale des régionales. Par contre, il a cru déceler un message en faveur de la poursuite des réformes libérales qui mettent à mal les services publics et le niveau de vie de la quasi totalité de la population depuis le début de son septennat.
Si la taxe carbone a été, peut-être provisoirement, abandonnée, il n’en est pas de même de la contre-réforme des retraites qui doit déconstruire le droit à une retraite par répartition à partir de 60 ans et laisser la place à la capitalisation défendue par les assureurs privés.
Au lendemain d’une journée de grève et de manifestations, réussie, qui a rassemblé 800 000 personnes dans les rues, ce qui domine dans les propos de Sarkozy c’est sa décision politique de passer outre et de tenter de retrouver une autorité politique en remettant en scène les thèmes sécuritaires.
Il ne faut pas se tromper. Les problèmes politiques nationaux ont pesé lourd dans le choix des électeurs les 14 et 21 mars.
Le résultat de ces élections, les grèves et mobilisations en cours dans l’éducation nationale, à l’AP-HP, dans le privé pour les salaires, contre les licenciements sont un désaveu cinglant pour Sarkozy et rend illégitime la poursuite de sa politique libérale.
C’est pourquoi, les mobilisations sociales doivent se renforcer et converger notament pour faire échec à la contre-réforme des retraites. L’argent, les richesses existent. Il faut les répartir autrement pour maintenir la retraite à 60 ans, à 37, 5 annuités pout tous et 75% du meilleur salaire.
Le 24 mars 2010.