En marge de la conférence des Nations unies contre le réchauffement climatique à Copenhague, du 7 au 18 décembre, était organisée samedi 12 décembre, dans les rues de la capitale danoise, une manifestation visant à contester le manque d’ambition des gouvernements et les politiques climatiques promues par les grandes puissances.
Environ 100 000 personnes, venues de toute l’Europe mais aussi des pays du Sud, étaient réunies pour clamer haut et fort leur désapprobation, face à l’inaction des pays les plus émetteurs de gaz à effet de serre, pour exiger un traité ambitieux, contraignant, juste et solidaire.
Cette manifestation marque un tournant dans l’histoire des mobilisations pour la sauvegarde du climat. La jonction des mouvements écologistes et des mouvements sociaux a permis de lui donner un caractère radical et contestataire rarement rencontré sur les questions climatiques. Alors que les rassemblements juxtaposaient jusqu’ici questions sociales et écologiques, dans les rues de Copenhague, peuples indigènes, ONG environnementalistes, paysans du Sud et du Nord, forces sociales et partis politiques articulaient les messages sur l’urgence climatique et la nécessaire remise en cause d’un système dévastateur pour les peuples et pour le climat. Cela a donné lieu à des cortèges très dynamiques. Le capitalisme et le système productiviste étaient notamment les principales cibles des militants regroupés dans le cortège « System change, Not climate change ! »
Au sein de ce bloc, le NPA constituait un groupe d’environ quatre-vingts personnes. Les militants avaient pu rejoindre Copenhague avec le train organisé en commun avec le collectif Urgence climatique et Justice sociale, ou grâce aux bus que nous avions spécialement affrétés. Les 30 heures de trajet aller/retour n’ont donc pas entamé la motivation des militants du NPA qui ont pu donner de la voix durant plus de quatre heures dans les rues danoises.
Face à cette foule enthousiaste et déterminée, la répression policière a été une nouvelle fois complètement déplacée et disproportionnée. Les lois exceptionnelles votées les jours précédents par le gouvernement danois avaient facilité la tâche des armadas de robocops qui ont arrêté près d’un millier de personnes, pour la plupart de simples manifestants. Une fois de plus, les gouvernements prouvent leur incapacité à accepter une opposition populaire et déterminée. Les tentatives de décrédibilisation par des interventions policières se multiplient lors des manifestations internationales.
Cependant, elles ne doivent ni nous décourager ni nous détourner du nécessaire travail de construction d’un mouvement populaire pour l’urgence climatique et la justice sociale.
Cette manifestation de Copenhague marque un tournant dans le mouvement pour la sauvegarde du climat. Son dynamisme, la radicalité des prises de position et la remise en cause explicite du système capitaliste et productiviste par une large part des organisations présentes dans le cortège, doivent nous servir de point d’appui pour enclencher une dynamique de construction d’un mouvement militant autour des questions d’urgence climatique et de justice sociale. Ce n’est que par la constitution de tels cadres que le souffle né de Copenhague pourra perdurer.
Damien Joliton
* Paru dans Hebdo TEAN # 35 (17/12/09)
Copenhague : échec annoncé.
Communiqué du NPA
A l’ouverture du sommet international sur les changements climatiques, nous pouvons déjà estimer que les négociations internationales sont un échec.
Echec pour le climat d’abord. Alors que la prudence nécessite de fixer une réduction de 40% des émissions de gaz à effet de serre pour les pays les plus riches, aucun objectif chiffré commun n’est proposé, et que ce soit du coté de l’Union Européenne ou des Etats-Unis, les objectifs affichés sont bien loin d’être à la hauteur des enjeux.
Echec pour les peuples et les salarié-e-s ensuite. En effet, les politiques antisociales déjà à l’œuvre risquent de s’accentuer après le sommet de Copenhague, puisque il s’agit désormais de donner la priorité aux fausses solutions qui ouvrent un boulevard au marché des droits à polluer et à la taxe carbone. Malgré la crise que connait la finance, c’est un nouveau bien commun de l’humanité qu’il s’agit aujourd’hui de privatiser et de marchandiser. L’échec du marché de carbone européen n’a pas suffit aux apprentis sorciers du climat qui veulent désormais l’étendre à la planète entière. En France la taxe carbone est un exemple de ce qu’il ne faut pas faire : taxer les consommateurs mais pas les entreprises, sans envisager les transformations structurelles dans le domaine énergétique.
Les peuples du Sud, premiers menacés, voient également leurs biens marchandisés, notamment les forêts qui deviennent un nouvel objectif pour le marché carbone.
Enfin, les fonds d’adaptation destinés aux pays du Sud pour faire face aux changements climatiques, sont également l’objet d’âpres négociations, la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International se verraient bien gérer cette nouvelle manne financière.
Et pourtant l’espoir existe bel et bien. Les mobilisations populaires sur l’ensemble de la planète se sont multipliées ces dernières semaines, exigeant des changements profonds dans les politiques et les négociations actuelles. Le sommet alternatif qui se déroule parallèlement au sommet des Nations Unies à Copenhague sera l’occasion de faire converger ces mobilisations qui appellent à « changer le système, pas le climat ».
La manifestation du 12 décembre à Copenhague, à laquelle participeront le NPA et son porte-parole Olivier Besancenot, peut devenir le départ d’un mouvement durable pour l’urgence climatique et la justice sociale.
Le 7décembre 2009.