Peux-tu nous résumer les évènements qui se sont déroulés cet été ?
Devant l’attitude de la direction de Molex qui nous balade depuis des mois, le 7 juillet les salariés ont voté la grève reconductible, à une écrasante majorité des présents, environ 190 à 200 salariés (sur 283) ; il faut savoir que 70 d’entre nous sont en arrêt maladie, car au fil des mois, ils ont craqué. C’est dur mais à chaque assemblée générale (AG), c’est quasiment à 100 % que la grève a été votée. Et, il y a eu plusieurs AG jusqu’à début août. En juin, on avait été obligés de poser nos congés d’été, d’où beaucoup de départs en vacances en juillet et août, ce qui arrangeait bien la direction. Durant la grève « les négociations » se sont très mal passées, Molex ne sait pas ce que signifie négocier ! Des discussions avait déjà commencé avec un repreneur.
Le 4 août, une réunion du comité d’entreprise (CE) s’est tenue avec Fort, le directeur des opérations et ancien directeur local, et Doesburg, le responsable développement Molex monde. Les membres du CE voulaient leur soumettre des propositions. Doesburg a refusé de les lire ! En plus,
il a annoncé aux salariés que Molex avait rompu les discussions avec l’éventuel repreneur. Les copains étaient fous et ils ont balancé des œufs sur Fort et Doesburg.
Ce dernier a trouvé un médecin complaisant qui lui a fait une interruption de travail de sept jours ! Pour des œufs !
A la suite de ça, le 5 août, la direction a procédé au verrouillage du site avec d’autres vigiles. C’était tendu, bien sûr. D’autant que le 6 août, des camarades étaient convoqués au tribunal, suite à une action de Molex
pour entrave à la liberté du travail.
Le 6 donc, Molex demande la fermeture du site pour raisons de sécurité. Le tribunal refuse, mais nous demande de lever les blocages. Entre-temps, les patrons avaient fait changer les serrures et on ne pouvait même pas accéder aux locaux, donc pas débloquer non plus ! Malgré la décision du tribunal, la boîte est fermée : seuls quelques membres du CE peuvent entrer. Molex s’assoit sur le droit français pour les salaires, qui ne sont pas versés, comme pour la fermeture illégale de l’usine. Et les pouvoirs publics ne font rien ! Les décisions de justice ne sont pas respectées.
Quelles sont les perspectives maintenant ?
On sort de plusieurs jours de médiation à la préfecture, à Toulouse. Cela n’a servi à rien. On sera payé si on accepte le plan social qui doit être signé avant le 15 septembre. Là, on vient de traîner la boîte devant les prud’hommes pour les salaires. On devrait toucher, pour le moment, 15 jours de congés payés alors que ceux qui n’ont pas assigné Molex seraient payés ! Avec eux c’est le chantage permanent.
On va voir ce que va donner le rassemblement du 9 septembre [Bernard Thibault est à Villemur, ce jour-là,
et l’Union départementale CGT appelle à manifester NDLR]. Il y aura sûrement beaucoup de monde.
On compte sur la solidarité, car aujourd’hui, ça commence à être dur. On a fait des tee-shirts que l’on commence à vendre. On tiendra d’ailleurs un stand à la fête de l’Humanité.
Courant septembre, des initiatives sont organisées dans la métallurgie, les Molex y participeront-ils ?
Que ce soit le 5 septembre à Blanquefort pour la rencontre de délégations de boîtes en lutte, pour la conférence
de presse du 11 septembre à Paris, les Molex vont essayer
de se déplacer. Et bien sûr, on va essayer de venir à Paris pour participer à la manifestation du 17 septembre. Notre problème, c’est l’argent qu’il nous faut pour nous y rendre.
Puis, on organise un concert le 25 septembre, à partir
de 17 heures, ici même devant la boîte.
La semaine prochaine, le NPA 31 organise une réunion avec un camarade argentin qui viendra nous parler d’une expérience d’usine autogérée. Ce sera l’occasion de l’amener ici à Villemur. Où en est, aujourd’hui, la revendication de réquisition de la boîte ?
Ce serait intéressant d’avoir une discussion sur cette expérience. Pour la réquisition, c’est compliqué, mais certains d’entre nous se posent toujours la question. Mais on réfléchit à toutes les pistes, reprendre l’usine par les salariés, une coopérative ouvrière... En tout cas, aujourd’hui on n’écarte rien.
Propos recueillis par Myriam Martin