La crise économique amplifiée par la crise financière internationale touche durement une
grande partie des salariés dans leurs emplois et leurs revenus. Alors qu’ils n’en sont en rien
responsables, les salariés, demandeurs d’emploi et retraités, sont les premières victimes de
cette crise. Elle menace l’avenir des jeunes, met à mal la cohésion sociale et les solidarités ;
elle accroît les inégalités et les risques de précarité.
Les seules lois du marché ne peuvent régler tous les problèmes.
Face à cette situation et considérant qu’il est de leur responsabilité d’agir en commun, en
particulier lors de la journée du 29 janvier, pour obtenir des mesures favorables aux salariés,
les organisations syndicales CFDT, CFTC, CFE-CGC, CGT, FO, FSU, Solidaires, UNSA ont
décidé d’interpeller les entreprises, le patronat et l’Etat.
Surmonter la crise implique des mesures urgentes en faveur de l’emploi, des rémunérations
et des politiques publiques intégrées dans une politique de relance économique.
1 – Donner la priorité au maintien des emplois dans un contexte de crise économique
De nombreuses entreprises mettent la pression sur les sous-traitants et fournisseurs faisant
supporter à leurs salariés blocages de rémunérations et pertes d’emplois. Par ailleurs, des
salariés sont contraints à des durées du travail élevées, tandis que les salariés temporaires,
en intérim ou en CDD, sont les premiers à faire les frais des baisses d’activité. Des
entreprises utilisent la crise pour opérer des restructurations tout en maintenant la
rémunération de leurs actionnaires.
C’est intolérable et inadmissible.
Les entreprises confrontées aux baisses d’activité utilisent des mesures de sauvegarde
d’emplois comme le chômage partiel, les jours de RTT ou de congés… Toutes ces mesures
doivent être négociées dans l’objectif de préserver l’emploi et les salaires. Les aides
publiques doivent aussi y être conditionnées. Les entreprises doivent améliorer
l’indemnisation du chômage partiel et tous les salariés doivent pouvoir en bénéficier. Ces
périodes de baisse d’activité doivent être utilisées pour développer la formation
professionnelle et renforcer les compétences des salariés.
Dans toutes les entreprises, quelle que soit leur situation, c’est notamment en investissant
dans la formation et le travail qualifiant et en réduisant la précarité que la performance sera
assurée.
Dans la fonction et les entreprises publiques, il est indispensable de répondre aux besoins
de notre société et de la population et de leur attribuer les moyens nécessaires. Dès 2009, le
gouvernement doit renoncer aux 30.000 suppressions de postes. Il faut abandonner une
politique aveugle de suppression d’emplois et penser autrement l’évolution des services
publics dont la qualité et l’emploi constituent une question centrale.
La situation des salariés précaires du public appelle des mesures de justice sociale.
2 – Politiques salariales : améliorer le pouvoir d’achat, réduire les inégalités
Les exigences des actionnaires ont conduit, dans beaucoup d’entreprises, à l’accroissement
des inégalités. Elles se sont aussi traduites par une redistribution des richesses privilégiant
le versement de dividendes au détriment des salaires et de l’investissement.
Dans les branches, les entreprises, les fonctions publiques, les négociations salariales
doivent assurer au moins un maintien du pouvoir d’achat et une réduction des inégalités.
Les allégements de cotisations sociales doivent être conditionnés à la conclusion d’accords
salariaux.
3- Orienter la relance économique vers l’emploi et le pouvoir d’achat.
Il est de la responsabilité de l’Etat et de l’Union Européenne de décider de politiques
d’interventions publiques coordonnée favorisant une relance économique. Celles-ci doivent
viser à la fois :
– Une relance par la consommation en améliorant le pouvoir d’achat, en priorité des
revenus les plus modestes parmi lesquels de nombreux salariés, demandeurs
d’emploi, retraités et bénéficiaires de minima sociaux.
– Une politique de développement de logement social à la hauteur de l’urgence, un
encadrement des loyers et un accès au crédit dans des conditions excluant les taux
usuraires.
– Une protection sociale (santé, retraite…) dans un cadre collectif et solidaire
– Des investissements ciblés, en particulier en matière d’infrastructures,
d’équipements publics et de services publics, en favorisant la recherche, le
développement, l’éducation et la formation.
Les investissements publics et privés doivent notamment être orientés en faveur
d’une économie du développement durable mettant en œuvre les principes adoptés
au Grenelle de l’Environnement.
– Toute aide accordée à une entreprise doit être ciblée et faire l’objet de
contreparties. Elle doit être conditionnée à des exigences sociales, en particulier en
matière d’emploi. Elle doit faire l’objet d’une information et d’un avis préalable des
élus représentant les salariés. Dans le cas spécifique du secteur bancaire, l’utilisation
des aides publiques doit donner lieu à un contrôle direct par l’Etat.
4 – Préserver et améliorer les garanties collectives
Les conditions de vie et de travail pour les salariés des secteurs privé et public,
passent par l’amélioration du cadre collectif. C’est pourquoi il faut :
– abroger les dispositifs légaux qui ont conduit à remettre en cause la réduction du
temps de travail
– retirer la proposition de loi sur le travail du dimanche.
– respecter le dialogue social sur tous les projets et propositions de loi qui touchent à la
réglementation du travail.
– face à la révision générale des politiques publiques (RGPP), mettre en œuvre des
réformes porteuses de progrès social
5 – Réglementer la sphère financière internationale
Cette réglementation doit mettre un terme à la spéculation, aux paradis fiscaux, à l’opacité
du système financier international et encadrer les mouvements de capitaux. L’Union
européenne doit être au premier plan pour l’exiger.
Il faut aussi imposer le respect des droits fondamentaux et sociaux et des normes
internationales de l’OIT dans tous les échanges internationaux. L’aide publique au
développement doit être maintenue et améliorée. C’est ce que demande le mouvement
syndical international.
Le 5 janvier 2009