Fin de grève chez Nortel
Les salariés de Nortel France, équipementier en télécommunications, ont voté, mardi 21 juillet, la fin d’une grève de quinze jours, suite à un protocole d’accord leur assurant une indemnité de licenciement supralégale.
Il s’agit d’une première victoire pour les salariés, des cadres non syndiqués, pour la plupart, qui n’avaient jusque-là jamais fait grève. Après l’entrée dans la bagarre des employés, la mobilisation du personnel a forcé l’ouverture de négociations, dès le 8 juillet 2009.
A Châteaufort (Yvelines), pour les près de 500 salariés sur 680 qui doivent être licenciés, aucune prime n’était prévue avant la vente de la société. Ils exigeaient donc un PSE (Plan de sauvegarde de l’emploi) à la hauteur de ce qu’ils ont donné à Nortel pendant 15 à 25 ans, des compensations financières et des mesures de reclassement pour aider les familles.
Leur colère est d’autant plus légitime que les cinq dirigeants se sont octroyés, à la mi-janvier, un bonus de 43 millions de dollars, alors que le groupe était sous administration judiciaire et que le paiement des salaires était remis en question chaque mois.
* Paru dans Tout est à nous n° 18 du 23 juillet 2009.
Lutte de classe sur le banc des accusés
Des peines de trois à six mois de prison avec sursis ont été requises vendredi devant le tribunal correctionnel de Compiègne (Oise) contre sept ouvriers de Continental, dont le délégué CGT, Xavier Mathieu.
Dans le cadre d’une lutte emblématique pour la sauvegarde de leur usine, on leur reproche d’avoir dégradé des bureaux de la sous-préfecture avec environ 200 collègues. Le jugement a été mis en délibéré au 1er septembre.
Les prévenus étaient soutenus par plusieurs centaines de sympathisants sur la place voisine du Château, où était organisé un barbecue géant. Olivier Besancenot et Nathalie Arthaud de Lutte ouvrière ont rejoint la fête réclamant la relaxe des sept et jugant que sur le banc des accusés devraient se trouver des patrons voyous comme ceux de Continental et les politiques qui leur octroient des aides.
Xavier Mathieu a de nouveau critiqué le silence de Bernard Thibault sur les Conti, soulignant qu’ « il y a une entreprise en France dont les ouvriers sont très fiers du combat qu’ils ont mené sans lui. C’est Continental. »
En attendant le verdict, les Conti continueront de soutenir les 37 licenciés de leur sous-traitant UTI Logistics dont la direction refuse toujours de négocier un plan social.
* Paru dans Tout est à nous n° 18 du 23 juillet 2009.
Première victoire pour JLG
Après plusieurs semaines de conflit, d’actions dures et décentralisées, d’occupation avec piquets de grève et finalement, de « minage » de l’usine par des bouteilles de gaz, les 163 salariés de JLG dans le Lot-et-Garonne ont obtenu entre 25 000 et 30 000 euros de primes supralégales pour les 53 salariés licenciés.
La lutte continue car, après ces licenciements, l’avenir même de l’entreprise JLG, qui fabrique et répare des chariots élévateurs, est remis en cause.
Le Comité NPA de Marmande Tonneins ainsi que des camarades du département ont participé activement au soutien de JLG, et ont pris contact avec des jeunes de l’entreprise. L’enjeu est à présent de sortir de l’isolement et de la division, boîte par boîte, pour préparer, à la rentrée, une véritable offensive globale contre les licenciements.
Dans le Lot-et-Garonne, des milliers d’emplois ont été supprimés en 2009 dans tous les secteurs d’activité.
* Paru dans Tout est à nous n° 18 du 23 juillet 2009.
Les Goodyear à Nanterre contre le plan social...
Le 17 juillet, alors que sept salariés de Continental passaient, eux aussi, devant la justice, les salariés de Goodyear Amiens se sont rendus massivement au tribunal de Nanterre, pour tenter de faire annuler le plan de licenciement de 820 d’entre eux.
Ils ont fait le déplacement en manifestant, bloquant, à l’aller et au retour, le péage de l’autoroute, le rendant ainsi gratuit aux usagers. Le jugement sera rendu le 28 août. Lors du meeting final qui s’est tenu devant le tribunal, après l’audience, le secrétaire de la section CGT a tenu à rappeler que les salariés de Goodyear ne se battaient pas pour une prime qui entérine les licenciements, mais pour le maintien de l’emploi. Il a fait appel à la mobilisation de tous les salariés qui subissent, partout en France, la vague de licenciements. Les salariés de Goodyear participeront à la mobilisation de tous les secteurs automobiles, le 17 septembre, à Paris, place de la Bourse. Le secrétaire de la section CGT de Renault Cléon, accompagné d’une délégation, a apporté son soutien à la lutte des Goodyear et à l’initiative de la rentrée. Olivier Besancenot est venu apporter le soutien du NPA.
* Paru dans Tout est à nous n° 18 du 23 juillet 2009.
WKF, presse sous pression ....
Le groupe de presse et d’édition Wolters Kluwer France (WKF), à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine), a annoncé la suppression de 184 postes, sur un effectif global de 1116 salariés. Prétextes invoqués : la révolution numérique, le maintien de la compétitivité et la crise économique.
Avec un chiffre d’affaires de 3,69 milliards d’euros, 20% de bénéfices en 2008 et un salaire annuel de 5,5 millions d’euros pour la PDG, Nancy Mc Kinstry, le groupe hollandais Wolters Kluwer n’est pas vraiment une entreprise qui va mal. Pourtant, le groupe a annoncé la suppression de 184 emplois dans sa filiale française, WKF, afin de maintenir cette année, malgré la crise, des chiffres identiques à 2008. Par ailleurs, WKF a emprunté 445 millions d’euros à la maison mère, sur ordre de celle-ci, dans le seul but de verser, chaque année et pendant quinze ans, 30 millions d’euros d’intérêts aux actionnaires (ce qui n’empêche pas le groupe de bénéficier d’aides publiques et de cadeaux fiscaux).
Face à ces licenciements boursiers, une intersyndicale (CFDT, CFE - CGC, CFTC, CGT, CNT, FO, SNJ) se constitue et mobilise les salariés. Le 10 juin, plusieurs centaines d’entre eux envahissent le comité d’entreprise (CE) et interrompent une réunion extraordinaire de la direction. L’intersyndicale tente de bloquer le plan social et d’alarmer l’opinion publique sur la magouille que constitue l’emprunt de 445 millions d’euros. Dès le 22 juin, un système de grève tournante est mis en place, par service et par rédaction. Ainsi, les salariés se relayent pour bloquer la sortie des magazines les plus rentables, tout en évitant de trop grandes retenues sur salaires. Pendant ce temps, les non-grévistes tiennent une caisse de grève, permettant au mouvement de tenir bon. Le siège social de WKF devient le théâtre d’actions quotidiennes, visant à mobiliser les travailleurs et à populariser leur lutte auprès des salariés des entreprises environnantes : tintamarre, pique-nique géant, lettres types envoyées aux députés, collage d’affiches, concert d’un orchestre constitué de salariés de la boîte, etc.
Malgré la forte mobilisation des salariés, la direction refuse de recevoir les représentants syndicaux, espérant que la lutte s’essouffle. Mais cela ne fait qu’augmenter l’exaspération des salariés. Dans cette entreprise peu habituée à la lutte sociale, où un patronat paternaliste s’appuyait jusqu’à présent sur la CFTC, ces dernières semaines ont profondément changé la situation et la conscience des travailleurs. Ils sont de plus en plus nombreux à comprendre que la victoire ne sera possible qu’en touchant le patron au portefeuille, en bloquant la production par la grève. Pendant l’été, l’intersyndicale appelle à suspendre le mouvement, pour le redémarrer de plus belle dès septembre, promettant des actions plus « méchantes ». Plus de détails sur le blog wkfdegraisse.wordpress.com.
Correspondants
* Paru dans Tout est à nous n° 18 du 23 juillet 2009.
Saccage d’une sous-préfecture : réquisitions clémentes contre les « Conti »
COMPIEGNE (Oise), 17 juil 2009 (AFP) - Des peines clémentes, allant de 3 à 6 mois de prison avec sursis, ont été requises vendredi devant le tribunal correctionnel de Compiègne (Oise) contre sept ouvriers de Continental ayant participé au saccage de la sous-préfecture de cette ville. Aucune amende n’a été requise. Le jugement a été mis en délibéré au 1er septembre.
« On a gagné, on a gagné », ont crié dans l’après-midi des participants à une fête de soutien aux « Conti », aux portes du palais de justice. « Je pensais que le procureur allait être clément et il l’a été. Par rapport au contexte, je trouve les réquisitions légitimes », a déclaré à l’AFP un délégué FO de Continental, Didier Vanhyfte.
Les sept ouvriers du site Continental de Clairoix (Oise) comparaissaient vendredi pour le saccage de la sous-préfecture de Compiègne le 21 avril. Dans le cadre d’une lutte emblématique pour la sauvegarde de leur usine, on leur reproche d’avoir dégradé des bureaux, détruit des ordinateurs et du mobilier, avec environ 200 collègues.
L’annonce de la fermeture de Clairoix, puis le rejet de l’annulation du plan social par le tribunal de Sarreguemines (Moselle) avaient provoqué la colère des ouvriers qui avaient accepté en 2007 un retour aux 40 heures de travail hebdomadaires contre une promesse de maintien de l’emploi jusqu’en 2012.
La procureure, Ulrika Delaunay-Weiss, a requis vendredi trois mois de prison avec sursis pour quatre prévenus qui ont reconnu les faits, dont le délégué CGT Xavier Mathieu, et pour les autres, entre quatre et six mois avec sursis. « Cela fait quelques mois que la France est plongée dans la crise, nul n’a été indifférent au sort des +Conti+. Je l’entends et je le comprends (...) mais l’Etat est une institution à laquelle on ne porte pas impunément atteinte », a-t-elle dit. Les prévenus encouraient cinq ans de prison et 75.000 euros d’amende pour « destructions en réunion de biens, au préjudice de l’Etat ». Deux des sept accusés ont totalement nié leur implication dans les dégradations. « Il y avait énormément de monde, dont les caméramans et les perchistes. Tout a été très vite. J’ai entendu des bruits de casse, mais je n’ai rien vu », a expliqué l’un deux à la barre.
Xavier Mathieu, qui a reconnu un « dérapage non prémédité » a refusé de commenter les réquisitions. L’avocate des Continental, Marie-Laure Dufresnes-Castet, a plaidé que « l’infraction n’était pas constituée » pointant « une foule en colère qui saccage et sept personnes à qui l’on veut faire porter cette responsabilité ».
A la sortie du tribunal, les prévenus étaient attendus par au moins 500 sympathisants rejoints notamment par le leader du NPA, Olivier Besancenot, et Nathalie Arthaud de Lutte Ouvrière. Des prises de parole ont été organisées durant un barbecue géant où régnait une ambiance festive. Le porte-parole du PS Benoît Hamon avait appelé le tribunal à la clémence, espérant que les ouvriers « soient acquittés, que (le tribunal) prenne en compte la détresse de tout un bassin d’emploi ».
Le procès intervient après une lutte sociale de quatre mois et une trentaine de manifestations, conclues notamment par l’obtention d’indemnités de 50.000 euros par salarié licencié. Continental avait invoqué le 11 mars la chute brutale de l’activité automobile en Europe pour justifier la fermeture de l’usine de Clairoix qui employait 1.120 salariés.
cbn-aro/bb/DS
Légitime défense !
« Chantage à la bombonne de gaz », s’indigne l’UMP, parlant avec mépris du geste des 366 ouvriers de New Fabris, à Châtellerault (Vienne), qui ont menacé de faire exploser leur usine si Renault et PSA, les donneurs d’ordre, ne lâchaient pas une prime de licenciements de 30000 euros.
Après ceux de Nortel et de JLG… Chantage, dénoncent les bonnes âmes du parti au pouvoir, craignant la contagion de la révolte ouvrière. « Fumiers ! Vous allez faire mourir des familles entières », répond un ouvrier aux patrons de PSA et de Renault, au gouvernement qui refuse « le dialogue sous la menace » !
Quelle indignation hypocrite, de la part de ceux-là mêmes qui se félicitent que la Bourse monte de nouveau. Même le journal patronal Les Echos est obligé de reconnaître que « la violence exacerbée des salariés condamnés répond à la violence glacée des affaires », la violence de la recherche constante du moindre coût pour le maximum de profits sous le fouet de la concurrence. Mais comment mettre sur le même plan le froid et inhumain cynisme des financiers et la légitime révolte, la légitime défense ouvrière ?
Les travailleurs de New Fabris, de Nortel et de JLG, comme bien d’autres, sont contraints de se battre le dos au mur pour vendre leur peau. Pourtant, c’est bien l’ensemble des salariés qui est touché par « la violence glacée des affaires ». L’indigne et violent chantage du chômage plane sur chacune et chacun. Les jeunes qui arrivent sur le marché du travail vont trouver directement le chemin du Pôle emploi.
Il est du devoir des organisations ouvrières, de la gauche syndicale et politique d’engager toutes leurs forces dans la préparation d’un mouvement d’ensemble pour faire payer les frais de la crise au patronat, aux financiers aux classes privilégiées. C’est l’intérêt de toute la population. Oui, il faut que ça pète, mais tous ensemble, pour faire plier gouvernement et patronat et imposer la garantie de l’emploi et du salaire. C’est bien cet affrontement, cette explosion sociale, qu’il faut préparer.
Yvan Lemaitre
* Paru dans Tout est à nous n° 19 du 23 juillet 2009.
Aubade : la dernière leçon...
La casse de l’usine de confection Aubade, à Saint-Savin (Vienne), va se traduire par 104 licenciements dans une région déjà très touchée par la crise automobile (Heuliez, Fabris, et tant d’autres).
Depuis deux ans, l’entreprise Aubade, propriété du groupe suisse Calida, a transféré son savoir-faire en Tunisie. Ce transfert de compétences a été fait par les salariés eux-mêmes. On ne peut imaginer un seul instant qu’un choix ou qu’un débat leur a été proposé. L’intérêt pour les actionnaires de ce groupe est parfaitement clair et précis : non contents d’avoir bénéficié de 700 000 euros de subventions publiques, en 2008, ils se sont octroyé simultanément des dividendes de... 700 000 euros. Apprécions à sa juste valeur ce détournement de fonds publics.
Un remboursement, demandé et obtenu par les élus de la région Poitou-Charentes, serait vraiment le bienvenu et montrerait concrètement la volonté et l’implication des élus dans ce dossier.
En Tunisie, le coût salarial est très bas : environ 400 euros par mois pour une ouvrière en confection, en comptant les cotisations salariales et patronales. Un smicard en France, pour un poste à temps plein, « coûte » à l’entreprise 2000 euros par mois. En Tunisie (où l’on travaille six jours sur sept), les entreprises, qui œuvrent principalement pour l ’export, ne paient pas d ’impôts sur le bénéfice. De plus, les douanes tunisiennes sont beaucoup plus accommodantes en termes de droit depuis un an et demi, suivant des accords préférentiels avec l ’Europe. Tableau gagnant sur toute la ligne pour les actionnaires. En toute logique, si la production devient tunisienne, avec une délocalisation des machines de production vers la Tunisie, c ’est bien la preuve que les ventes de lingerie se portent suffisamment bien. Pendant ce temps, le coût du licenciement des 104 d’Aubade sera pris en charge par la collectivité.
Nous paierons tous pour servir plus de bénéfices à une minorité, par nos cotisations salariales et patronales et par les fonds publics engagés dans cette entreprise. Au final : toujours plus d’argent pour les actionnaires, de misère pour Saint-Savin et d’exploitation pour les travailleurs tunisiens.
Nos camarades de Saint-Savin ne se bercent pas d’illusions : les élus locaux et régionaux, dont Ségolène Royal (verra-t-on Jean-Pierre Raffarin ?), viendront et feront de beaux discours (élections régionales obligent), sans autre perspective d’avenir pour l’industrie poitevine.
Laissera-t-on fusiller contre le mur du profit les 104 de Saint-Savin ? L’insurrection des esprits contre la fatalité et la capacité d’indignation sont aussi des devoirs.
Guy Besse
* Paru dans Tout est à nous n° 17 du 16 juillet 2009.
SBFM : les salariés n’ont rien lâché !
L’incertitude planait sur l’avenir de la fonderie, jusqu’au 27 juin, avec l’annonce de Renault d’en redevenir l’actionnaire principal. Retour sur dix ans de luttes.
Créée par Renault en 1966, la Société bretonne de fonderie et mécanique (SBFM), à Caudan (Morbihan), est vendue, en 1998, au groupe Teskid, puis, en 2006, à Zen. Cet abandon s’accompagne de plans sociaux inacceptables. Les actionnaires successifs étranglent sciemment la fonderie, lui causant une dette de plus de 40 millions d’euros. Pendant des années, la SBFM bénéficie de fonds publics qui ne sont investis ni dans l’outil de production, ni dans les conditions de travail.
C’est sans compter sur les 530 salariés, représentés par leur délégué CGT Pierre Le Ménahès, qui luttent sans relâche, pendant dix ans, pour sauver leurs emplois et l’activité du site. Depuis 1998, les salariés subissent plusieurs plans de redressements judiciaires, des menaces de licenciements et de délocalisation, la complaisance de représentants locaux à l’égard des actionnaires et l’absence de gestion patronale. Déterminés, ils y répondent par des grèves, des manifestations, des blocages, des occupations, des pressions sur la préfecture de Lorient et une autogestion de la production.
Néanmoins, le 20 janvier dernier, l’usine est en redressement judiciaire. Le 5 février, le groupe Zen présente un « plan de relance » qui prévoit la suppression de 237 emplois et la délocalisation d’une partie de la production à Châtellerault (Vienne), dans sa filiale New-Fabris, ne respectant ainsi pas la procédure judiciaire. Cela n’empêche pas le groupe de toucher 55 millions d’euros de l’Etat pour l’ensemble de ses filiales, toutes en redressement judiciaire (y compris New-Fabris !).
Les salariés de SBFM, indignés, occupent l’usine, s’assurant que rien ne soit délocalisé en douce. Ils interpellent fermement les pouvoirs publics, la préfecture en tête, pour faire stopper les aides publiques au groupe Zen, imposent une réunion à Florindo Garro, PDG du groupe (qui n’osera finalement pas venir) et font pression sur les élus locaux pour que le plan de relance automobile de Nicolas Sarkozy (annoncé en fanfare le 9 février) tienne compte des sous-traitants. Après une semaine de mobilisation intensive, le plan social est abandonné.
Le 16 juin, le groupe espagnol CIE automobile présente un plan de reprise encore plus scandaleux que celui de Zen : il propose de racheter la SBFM pour un euro symbolique, sans garder les 237 emplois menacés, réclame 41 millions d’euros d’investissement à Renault et à l’Etat, et veut renégocier le plan amiante qui concerne 150 salariés !
Les salariés votent, à l’unanimité, la grève générale. Après dix jours d’actions choc, CIE automobile renonce et Renault accepte de reprendre l’entreprise, sans perte d’emplois.
La victoire des salariés de la SBFM est exemplaire. Renault a jusqu’au 15 août pour proposer son offre de reprise au tribunal de Lyon. En attendant, les salariés restent sur leurs gardes.
Florian Ronin
* Paru dans Tout est à nous n° 17 du 16 juillet 2009.
Suppressions de postes à la Mutualité française
A Paris, les centres de santé mutualistes de Saint-Victor (5e) et Moulinet (13e) risquent d’être amputés de nombreuses spécialités (psychiatrie, hématologie, pneumologie, etc).
Ce sont pourtant les derniers piliers du tarif Sécu à Paris, avec pas moins de 220 000 actes par an. Les conséquences de ces fermetures de service ont été annoncées au comité d’entreprise, début juillet : 160 emplois doivent être supprimés, dans le cadre d’un « plan de sauvegarde de l’emploi » à l’automne !
Pourquoi la Mutualité française (FNMF) agit-elle ainsi ? En 2001, déjà, la FNMF avait encouragé le gouvernement Jospin à obliger les mutuelles à séparer leur activité d’assurance et leur activité sociale, l’une ne pouvant plus subventionner l’autre. Et lors du dernier congrès de la FNMF, son président, Jean-Pierre Davant, avait offert ses services à Sarkozy pour affaiblir davantage la Sécurité sociale.
Aussi, n’est-il pas surprenant d’entendre les dirigeants de la FNMF renier les principes mutualistes et justifier ces fermetures par leur refus « de financer des activités qui plombent les comptes ». Ils prévoient de fermer des activités rentables, comme les analyses médicales, afin de laisser la place au privé. Le laboratoire a, en effet, « l’inconvénient » d’être situé dans le palais de la Mutualité, qui doit passer aux mains de GL Events, spécialiste du tourisme d’affaires…
A l’appel d’un collectif de partis de gauche (dont le NPA), du collectif d’usagers du centre Moulinet et de plusieurs médecins, des milliers de signatures ont été collectées pour exiger le maintien des services et des emplois.
La riposte doit maintenant s’organiser ! Car, pour l’instant, les seuls à se frotter les mains sont les assureurs privés, comme le groupe Médéric, dirigé par… Guillaume Sarkozy.
* Paru dans Tout est à nous n° 17 du 16 juillet 2009.
Molex en grève...
Lundi 6 juillet, les 283 salariés de Molex (sous-traitant de PSA), à Villemur-sur-Tarn (Haute-Garonne), ont décidé de cesser le travail de façon illimitée, afin d’empêcher la fermeture du site, prévue à la fin octobre.
Mercredi 8 juillet, une écrasante majorité de travailleurs a reconduit la grève (à 90%) ; rebelote, vendredi 10 juillet. Excédés par l’attitude de la direction qui les « balade » depuis des mois, les Molex, soutenus par l’intersyndicale (CGT-CFDT-CGC-FO-CFDT), ont décidé de franchir un cap dans la mobilisation.
Alors que les salariés ont découvert que la fermeture avait été orchestrée de longue date et que PSA était parfaitement au courant, les salariés n’ont obtenu aucune réponse positive à leurs revendications, tant sur le maintien de l’activité du site que sur la formation et sur la prise en compte des décisions de justice. De plus, le site de Villemur-sur-Tarn a dégagé 31 millions d’euros de chiffre d’affaires cette année, soit à peine 10 millions de moins que l’année précédente, malgré l’annonce de la fermeture au mois d’octobre, et malgré la crise… Et encore, si on prend en compte ce que Molex a fabriqué aux Etats-Unis, ainsi que le stock de sécurité (dont la fabrication a été imputée aux salariés sans que ces derniers aient vu le moindre euros revenir dans la comptabilité), on arrive à un chiffre d’affaires global équivalent à celui de l’année passé !
Aussi, les Molex ne veulent plus discuter avec les exécutants, mais bien avec les décisionnaires. Des actions de distribution de tracts ont été effectuées dans la région de Villemur.
Le NPA a continué à manifester son soutien aux salariés, comme il le fait depuis des mois maintenant. La « trêve estivale » ne doit pas empêcher les initiatives de soutien et nous devons être vigilants. Pour le moment, aucune manifestation n’est prévu, mais il est de la responsabilité de l’ensemble des organisations de gauche d’organiser et d’amplifier la solidarité. C’est dans ce sens qu’a communiqué le NPA dès qu’il a appris le début de la grève. C’est aussi à cela qu’il s’emploiera dans les semaines et les mois à venir.
* Paru dans Tout est à nous n° 16 du 9 juillet 2009.
Radio France Internationale : contre l’État licencieur !
Avec neuf semaines de grève, le mouvement de Radio France Internationale est le plus long dans l’audiovisuel depuis 1968.
Les travailleurs de RFI luttent contre un plan de restructuration qui prévoit 206 licenciements (sur le millier de salariés que compte RFI), mais aussi et surtout contre le démantèlement à brève échéance de leur station, avec notamment la fermeture de six rédactions de langues étrangères.
La combativité des salariés de RFI n’a d’égale que l’arrogance d’une direction qui s’appuie sur des arguments financiers, dont l’intersyndicale FO, SNJ, SNJ-CGT et SNRT-CGT de RFI - majoritaire au comité d’entreprise (CE) - a montré qu’ils ne valaient rien (ce qu’un cabinet d’experts-comptables, missionné par le CE, a d’ailleurs confirmé).
Malgré une grève qui bloque jusqu’à 85% de l’antenne, la direction refuse toujours de négocier les revendications portées par le mouvement de grève, allant jusqu’à refuser la nomination d’un médiateur, réclamée depuis six semaines par les salariés de RFI. Ceux-ci ont pourtant raison de rappeler qu’en l’espèce, c’est l’État qui licencie, le même qui donne des milliards aux banques et aux multinationales et prétend que les caisses sont vides dès lors qu’il s’agit des services publics, des emplois et des salaires.
Ce plan de licenciements s’inscrit dans l’ensemble des attaques dont est victime le service public d’information (et, plus largement, l’ensemble des services publics, de La Poste à la santé, en passant par l’éducation nationale). Rappelons simplement que France Télévisions vient d’annoncer 900 licenciements étalés sur trois ans, que l’UMP fait planer depuis près de deux ans la menace d’une privatisation de l’Agence France-Presse (AFP), et que le président de la République a, depuis mars dernier, la possibilité de nommer directement le président de France Télévisions et de Radio France.
Enfin, cette attaque en règle contre RFI a beaucoup à voir avec la création de la holding Audiovisuel extérieur de la France (AEF), dans le cadre de la loi de « modernisation de l’audiovisuel public », dont RFI est l’une des principales filiales (avec France 24 et TV5 Monde). Christine Ockrent a été nommée directrice générale de l’AEF en février, la tutelle étant assurée par son mari, Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères. Les syndicats de journalistes et les salariés de RFI avaient protesté, à juste titre, contre un mélange des genres qui en dit long sur la volonté de la classe dirigeante de renforcer son contrôle sur les médias.
Le NPA s’élève contre toute ingérence et toute reprise en main de RFI par l’État français, ce que l’ampleur du traitement accordé à la mort d’Omar Bongo laisse craindre. Comme l’a noté l’intersyndicale : « Après avoir refusé pendant des décennies d*fêtre la voix de la France, acceptons-nous d*fêtre aujourd*fhui la voix de la Françafrique ? Qu*favons-nous enterré ce mardi [16 juin] ? Omar Bongo, ou l*fambition d*fune radio généraliste et universaliste qui parle au monde de la France et du monde ? »
Outre une manifestation le mardi 16 juin, en direction de l’Élysée (avec d’ailleurs d’autres salariés de l’audiovisuel public), les travailleurs de RFI ont créé, le mercredi 24 juin, de 12h à 19h, « la première radio de salariés en lutte », une radio « éphémère et autonome », donnant la parole aux grévistes. Cette résistance exemplaire est une très bonne nouvelle et le NPA la soutient pleinement.
Léo Carvalho
* Paru dans Tout est à nous n° 16 du 9 juillet 2009.
Suppression massive d’emplois à TDF
TDF, l’ancienne ORTF après son démantèlement, est une entreprise chargée de la diffusion de la télévision hertzienne (analogique et TNT). Elle emploie 2400 salariés en France. Elle a été rachetée, il y a quatre ans, dans le cadre d’une prise de contrôle à effet de levier (LBO), par l’américain Texas Pacific Group (40 %), le britannique Charter House (20%), Axa et la Caisse de dépôts et consignations. TDF dégage des bénéfices.
Le 12 juin, au cours d’un CCE extraordinaire, la direction a annoncé la suppression de 550 emplois (plus 50 empois à temps partiel) dans un délai de 15 mois dans le cadre d’un « plan de départ volontaire ».
80% des salariés on fait grève, les 22 et 23 juin, à l’appel des cinq syndicats de l’entreprise (CGT, CFDT, FO, CFTC et CFE-CGC). Les salariés ont investi, à 600, le siège social à Montrouge (Hauts-de-Seine) pour demander des comptes au PDG et sont ensuite partis manifester à la Tour Eiffel, un des gros points de diffusion de télévision.
Depuis cette grève, la direction manœuvre plus prudemment. Elle n’a renoncé à rien, même si elle a garantit, sous la pression de tout geler et ne pas prendre de mesures pendant les congés.
Le NPA est totalement solidaire avec la lutte des salariés de TDF pour défendre leurs emplois.
* Paru dans Tout est à nous n° 16 du 9 juillet 2009.
Stopper la machine infernale
Les multinationales réorganisent leurs réseaux de production et de distribution à travers le monde. A cette logique infernale de la rentabilité et de la concurrence, opposons l’interdiction des licenciements et la répartition du travail entre tous sans perte de salaire.
Une nouvelle rafale de licenciements a été annoncée, ces deux dernières semaines, en France. Plusieurs usines en liquidation judiciaire ou en passe de l’être vont fermer, comme New Fabris, à Châtellerault, sous-traitant de PSA et de Renault qui employait 366 salariés, la fonderie Pamco, dans l’Orne, où 223 personnes vont perdre leur emploi, et bientôt sans doute la fonderie SBFM, près de Lorient, avec ses 500 salariés, pour ne citer que quelques exemples. Ont été annoncées également des milliers de suppressions de postes : 550 chez TDF, 704 chez Marionnaud, 104 chez Aubade, 3000 à Air France et près de 3000 également à Michelin.
A Air France ou à Michelin, les dirigeants patronaux mettent en avant le fait qu’il n’y aurait « aucun licenciement ». Mais à supposer qu’ils disent vrai, ces suppressions de postes, ce sont autant de chômeurs supplémentaires. Lorsque l’Insee prévoit, pour la seule année 2009, 700000 destructions de postes, ce sont bien autant de travailleurs, parmi les chômeurs déjà existants ou les 600000 jeunes qui arriveront en septembre sur le marché du travail, qui se verront privés d’emploi et de salaires. Et que dire de l’argument de la concurrence des pays où la main-d’œuvre est moins chère ! Michelin n’a-t-il pas annoncé, quelques jours seulement après la fermeture de deux sites en France, la construction d’une nouvelle usine en Inde ?
Les médias ont rapproché les licenciements actuels chez Michelin de ceux que la multinationale avait annoncés en 1999 dans le même temps qu’une augmentation de 20% de ses bénéfices. Ils affirment haut et fort que la situation n’a plus rien à voir, qu’aujourd’hui les ventes de pneumatiques s’effondrent, que c’est la crise, qu’on ne peut pas faire autrement.
Mais n’est-ce pas cette politique de réduction des effectifs à seule fin d’augmenter les profits qui a conduit, précisément, à cette crise dont ils font semblant de croire qu’elle serait comparable à un cataclysme venu d’on ne sait où ? En 1999, Michelin avait annoncé 7500 suppressions de postes en trois ans dans ses usines en Europe. Il lui en faut maintenant 3000 de plus sur les 25000 existant en France. Et qu’ont-ils fait, Michelin comme tous les autres, des centaines de milliards de bénéfices qu’ils ont réalisés pendant toutes ces années ? La logique de la compétitivité pour faire face à la concurrence est une machine infernale sans fin.
Quand ferment petites ou moyennes entreprises, le gouvernement et le Medef agitent les « difficultés » dues à la crise, mais il s’agit pour l’essentiel d’une restructuration opérée par les multinationales à grande échelle. Ce sont elles qui réorganisent, pour les rendre plus rentables, leurs réseaux de production et de distribution, dont fait partie le maillage de la sous-traitance. C’est ce qui se passe aujourd’hui dans le secteur de l’automobile, et commence dans le secteur du transport aérien.
Les salariés victimes de ces plans destructeurs se battent aujourd’hui, le dos au mur, pour exiger, le plus souvent, de meilleures indemnités de licenciement. Mais stopper cette logique infernale, c’est interdire les licenciements, imposer la répartition du travail entre tous sans diminution de salaire, au moyen du contrôle des salariés et de la population sur l’ensemble de l’économie.
Galia Trépère
* Paru dans Tout est à nous n° 14 du 25 juin 2009.