A l’issue des élections législatives, la société libanaise se retrouve plus divisée et repliée sur ses appartenances confessionnelles que jamais. En négociant le retour à une loi électorale datant de 1960 et basée sur le vote confessionnel, les dirigeants politiques libanais ne pouvaient ignorer les conséquences de leur choix.
Sur les 128 sièges à pourvoir, plus d’une centaine était déjà automatiquement acquis par le seul rapport de forces numérique entre communautés. La plupart des députés ont été, de fait, nommés et non élus. Pour les quelques circonscriptions aux résultats incertains, on n’a pas hésité à mettre à la disposition de plus de 100 000 émigrés libanais des billets d’avion gratuits afin qu’ils viennent voter.
C’est donc la Coalition du 14 mars (1), soutenue par les Etats-Unis, l’Arabie saoudite et la Communauté européenne, qui l’a emporté avec 71 sièges, soit une majorité de 14 sur la Coalition du 8 mars (2), soutenue par l’Iran et la Syrie.
Seule force politique s’opposant au communautarisme, le Parti communiste libanais (PCL) avait décidé de faire campagne seul, n’ayant pas trouvé de partenaire s’opposant aux faux choix proposés par les deux coalitions majoritaires. Ses cinq candidats ont défendu le rejet de la loi électorale de 1960, vestige post-colonial, la mise en place d’un scrutin à la proportionnelle et la suppression du confessionnalisme. Ils demandent l’application des accords de Taëf, conclus à l’issue de la guerre civile, en 1990, qui incluaient une profonde réforme sociale. Ils se placent en rupture avec les choix gouvernementaux néolibéraux décidés lors des trois « conférences de Paris » où les bailleurs de fonds occidentaux ont conditionné leur soutien financier à la privatisation des services publics.
Le PCL est la seule force politique du Liban à avoir combattu cette mise sous tutelle économique. Ses militants essayent de mettre en place un front de résistance national déconfessionnalisé contre toute attaque impérialiste. Avec 1 % des voix et aucun élu, les militants du PCL s’interrogent aujourd’hui sur la pertinence de leur participation à cette mascarade électorale, boycottée par la fraction progressiste et laïque la plus consciente de l’électorat.
Le NPA entretient des relations fraternelles avec le PCL et son organisation de jeunesse, l’Union des jeunes pour la démocratie au Liban. Nous avons reçu récemment l’une de ses dirigeantes, Farah Ibrahim. Des projets communs ont été évoqués et nous allons travailler à l’approfondissement des liens entre nos organisations.
Alain Pojolat
Notes
1. La coalition du 14 mars regroupeprincipalement le Courant du futur droite sunnite), les Forces libanaises(droite chrétienne) et le Parti socialisteprogressiste (minorité druze).
2. La coalition du 8 mars est composéedu Hezbollah (chiite), Amal (chiite) et duCourant patriotique libre de Michel Aoun(droite chrétienne maronite).