Le score du PS est historiquement bas, mais pas qu’en France : la social-démocratie recule, en particulier dans les pays où elle est au pouvoir, au Royaume-Uni, où la gifle est magistrale (15,30% contre 28,60% pour la droite), au Portugal (26,6% contre 40,1%), dans l’Etat espagnol (38,51% contre 42,23%). Même constat en Allemagne, où les sociaux-démocrates obtiennent un de leurs scores les plus faibles (20,8% contre 30,7% pour la droite). Le PS semble s’effondrer donc en France, même dans les régions qui lui sont historiquement acquises. L’électorat socialiste a fait défaut, cette fois, s’abstenant ou glissant aussi en partie chez les Verts de la liste Europe écologie. Pourquoi ces résultats, que les socialistes n’ont pas entièrement vu venir, même si des dirigeants, dont Martine Aubry, avaient pris les devants en expliquant qu’un score autour de 20% serait honorable ?
Dans une campagne atone voulue par l’UMP, on ne peut pas dire que la campagne du PS ait été particulièrement vigoureuse ! Dans le contexte de la crise, et dans lequel l’Europe n’apparaît pas pour une majorité protectrice mais au contraire porteuse de dérégulations et de casse sociale, le PS a été inaudible, lui qui a participé à la mise en place de cette Europe-là, comme l’ensemble des partis sociaux-démocrates européens.
Fini le bénéfice du vote sanction ou du vote utile, le PS n’a pas pu faire oublier qu’il dirigeait lors de la signature des traités libéraux, qu’il était un ardent partisan du « oui » en 2005, qu’il s’est assis comme la droite sur le vote majoritaire du « non » à la Constitution européenne et qu’il s’est « opposé » plus que mollement au pouvoir de Sarkozy depuis deux ans. Ce que retient l’opinion, ce sont les divisions intestines, les guerres de clans et de chefs, et le catastrophique congrès de Reims à l’automne dernier.
Alors, au PS, on cherche des responsables, des explications à cet échec cinglant : la faute à Martine Aubry, il faut « rénover », se débarrasser des éléphants, donner plus de place aux quadras, changer de langage. E,t bien sûr, si « la gauche a échoué », c’est parce « qu’elle était divisée » ! La vieille tarte à la crème de la division et du syndrome du 21 Avril !
Mais on n’a pas entendu de dirigeants socialistes tirés le bilan de la politique du PS, de son accompagnement du capitalisme, de l’appui aux politiques libérales au sein des institutions européennes, au détriment des peuples et du monde du travail. Non, décidément, cela n’est pas l’habitude de la maison. Alors, même si la claque a été magistrale et la gueule de bois douloureuse, au vu de l’abstention, il faut être prudents quant à la recomposition du paysage politique à gauche, même si le PS est certes affaibli à l’issue de ce scrutin, et qu’il va sans doute traverser, en interne, une zone de turbulences pour un bon bout de temps.