Non, Madame Aubry, l’Europe que vous critiquiez il y a quelques jours à Toulouse n’est pas seulement l’Europe de la droite. C’est aussi la vôtre. Celle de Jacques Delors qui a conçu l’Acte unique européen qui permet les délocalisations. Celle du même Jacques Delors qui a conçu le traité de Maastricht qui programme la casse des services publics, le démantèlement du droit du travail et impose l’élimination de tous les obstacles à la liberté de circulation des capitaux.
Cette Europe que vous critiquez si soudainement, c’est celle que vous-même et la gauche plurielle avez conçue en 1999 avec le processus de Bologne à l’origine de la loi LRU, c’est celle que vous avez approuvée en 2000 avec la stratégie de Lisbonne à l’origine du projet de loi Pécresse qui met les chercheurs en concurrence, c’est celle que vous avez soutenue en 2002 avec les décisions de Barcelone à l’origine de la privatisation d’EDF-GDF.
L’Union européenne que nous subissons, qui généralise les emplois précaires, qui organise la concurrence de tous contre tous, qui favorise le tout nucléaire, le tout camion, le tout OGM, l’agrobusiness, l’atlantisme, c’est autant l’Europe de la social-démocratie que l’Europe de la droite, UMP et Modem confondus. C’est aussi l’Europe des Verts qui ont défendu avec vous le traité constitutionnel et qui approuvent comme vous le traité de Lisbonne, un traité qui rassemble toutes les causes des souffrances présentes. Un traité dont le PS a permis qu’il s’inscrive dans la Constitution de la République si par malheur il est ratifié par les 27.
Avec impudence, Mme Aubry, à Toulouse, vous avez cité Jaurès et « L’Europe nouvelle, un peu moins sauvage » à laquelle il aspirait dans un article écrit la veille de son assassinat. Mais quand votre parti et vous-même étiez aux responsabilités, c’est l’Europe du capitalisme le plus sauvage que vous avez mise en place. Nous n’avons pas la mémoire courte. Cette Europe que le peuple français a refusée en 2005, ce n’est pas seulement celle voulue par la droite. C’est aussi celle décidée et soutenue par les socialistes européens et les Verts.