POINTE-A-PITRE, 5 mars 2009 (AFP) - La Guadeloupe a signé un accord de
sortie de crise après 44 jours de grève générale paralysante, mais La Réunion
lui a aussitôt emboîté le pas avec l’annonce du lancement mardi d’une grève
reconductible, la Martinique poursuivant ses laborieuses négociations.
En Guadeloupe, Elie Domota, dirigeant emblématique du collectif LKP qui
menait la grève générale, a signé dans la nuit de mercredi à jeudi un accord
de fin de conflit appelant « à la reprise de l’activité normale ».
Ce texte, extrêmement détaillé, compte 165 articles aussi bien sur le prix
de la baguette, l’embauche d’enseignants ou l’octroi de billets d’avions à
prix réduits. Il récapitule les avancées obtenues sur les 146 revendications
initiales du LKP en faveur du pouvoir d’achat.
L’accord « Jacques Bino » prévoyant une augmentation de 200 euros des bas
salaires lui est annexé.
Le secrétaire d’Etat à l’Outre-mer, Yves Jégo s’est réjoui de cette "sortie
de crise" tout comme le préfet Nicolas Desforges qui a appelé la Guadeloupe à
mettre « les bouchées doubles » pour se remettre de la grève.
Mais le LKP n’entend pas pour autant baisser les bras. Aussitôt l’accord
signé, Elie Domota a appelé ses troupes "à rester mobilisées et à continuer à
se battre« pour étendre »dans toutes les entreprises de Guadeloupe" les
hausses de salaire.
Il s’en est pris au Medef qui n’a pas signé l’accord Bino estimant que
l’organisation patronale était « en train d’imploser ».
En Martinique, en grève générale depuis un mois, l’heure était plutôt au
statu quo avec des négociations laborieuses. Mercredi soir, la plupart des
magasins étaient fermés et les barrages paralysaient toujours l’activité
économique. Une entreprise de matériaux de construction s’est mise en
« lockout », autrement dit une fermeture volontaire entraînant une suspension
des contrats de travail des salariés.
Mais l’événement du jour s’est produit à plusieurs milliers de kilomètres
de distance, à La Réunion, où le mouvement guadeloupéen est en passe de faire
école.
Un appel à la grève générale à partir de mardi prochain a été lancé par un
collectif, le Cpsar, rassemblant une quarantaine d’organisations, de syndicats
et de partis politiques de gauche, à l’issue de deux manifestations à
Saint-Denis et Saint-Pierre, qui ont rassemblé entre 12.000 (préfecture) et
35.000 personnes (organisateurs).
Comme aux Antilles, la principale revendication porte sur une hausse de 200
euros nets des bas salaires.
A Paris, tandis que le ministre du Budget Eric Woerth a souhaité que "le
dialogue social puisse renaître" dans les DOM chiffrant entre 200 et 250 euros
le coût des mesures en leur faveur en 2009, l’extrême-gauche s’est réjoui de
la « victoire » du mouvement social guadeloupéen espérant qu’il puisse faire
tâche d’huile.
Le PCF a parlé de « brêche ouverte » tandis la porte-parole de Lutte ouvrière
Nathalie Arthaud a jugé que les Guadeloupéens avaient "montré la voie à
suivre" à La Réunion, mais aussi en métropole.
A l’unisson Max Evarist, secrétaire général de FO Guadeloupe, a appelé sur
France Inter la métropole à embrayer sur les DOM à l’occasion de la journée
d’action du 19 mars. "L’idéal, a-t-il dit, serait de faire une grève générale,
car faire des grèves à saute moutons comme ils font en métropole, ça ne sert
pas à grand chose".