EXTRÊME GAUCHE : La LCR se saborde sans tristesse
« Je ne suis pas venu avec une gerbe de fleurs », plaisante Olivier Besancenot. Hier, pour le congrès de dissolution de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) à la Plaine-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), l’ambiance ne ressemble effectivement pas à celle d’un enterrement. Le porte-parole de l’« ex »-LCR, très « enthousiaste », évoque à peine ses années à la Ligue pour ne parler que de son Nouveau Parti anticapitaliste (NPA). Même Alain Krivine, pourtant cofondateur du parti trotskiste, ne verse pas sa larme. « Je ne suis pas triste, assure-t-il tout sourire. Bien au contraire, puisque tout continue. »
Annoncée depuis le mois d’août 2007, la disparition de la Ligue (qui revendique 3 000 militants) se fait en douceur. Trop pour certains. Ainsi le minoritaire Christian Picquet, principal opposant interne de Besancenot, regrette que le « débat soit bâclé, expédié en quelques heures ». Dans la salle, la direction a fait le service minimum pour tourner la page des quarante années de l’un des principaux partis d’extrême gauche. Seules quelques photos diffusées en boucle sur un écran géant (notamment l’affiche de la première candidature à l’élection présidentielle de Krivine), traduisent une certaine nostalgie. Les anciens militants célèbres passés par la Ligue n’ont pas non plus été invités… « On n’a pas envoyé de faire-part de décès à tous ceux qui sont aujourd’hui au PS, s’amuse Krivine, cela nous aurait coûté trop cher. »
« C’est la première fois qu’une formation politique s’autodissout »
L’unique moment d’émotion intervient à l’issue du dernier discours de l’ancien leader de Mai 68. Oubliant la discipline trotskiste, les 200 délégués saluent bruyamment Krivine. « Je rappelle que normalement à la LCR, on n’applaudit pas les interventions », est obligé de rappeler sèchement l’un des organisateurs. Loin donc de céder à la tristesse, certains militants se laissent même déborder par leur enthousiasme. « C’est la première fois qu’une formation politique s’autodissout », s’emballe ainsi Sandra à la tribune. Oubliant par exemple qu’avant la LCR, le RPR a lui aussi choisi de disparaître pour laisser place à l’UMP en 2002.
Les délégués, qui ont voté à une large majorité la fin de la LCR, ont déjà tous la tête au NPA. Le congrès fondateur débute aujourd’hui et se tient jusqu’à dimanche. Dans les mêmes lieux, mais avec trois fois plus de délégués. Pour Besancenot, qui assure que « des milliers de personnes n’osaient pas adhérer à la Ligue », il s’agit de montrer l’arrivée de sang neuf.
Rosalie Lucas
* Paru dans Le Parisien, 06.02.2009.
Besancenot, idole des cités ? C’est pas dans la poche
Le leader du Nouveau parti anticapitaliste a des amis rappeurs et soutient les Palestiniens. Ça ne suffira pas pour emporter l’adhésion des jeunes des quartiers.
Souvent, chez nos chers jeunes de quartiers, la politique se limite aux noms de Sarkozy, Royal et Le Pen. Alors quand, boum, on bouscule les choses et parle de « Besancenot », les yeux se plissent. Certains avouent rapidement ne « rien connaître à la politique ». D’autres, plus curieux, sont impatients de découvir la personnalité de cet homme. On leur fait donc un topo. Enfin, il y a ceux à la pointe de l’actu. Ils sont rares.
Dihiya, 16 ans, cheveux tressés, des yeux bleus perçants. La jeune fille habite Saint-Denis, elle est en première littéraire. Le matin, Dihiya écoute France Culture et le week-end, elle regarde « Ripostes » sur France 5. Dimanche dernier, l’invité était Olivier Besancenot. Pour elle, « il est clair, contrairement à d’autres hommes politique ». Et puis, si pour Noel 2009 elle recevait une carte électorale avant l’heure, elle « voterait pour lui sans aucune hésitation ». Le dirigeant du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) aurait alors trouvé une électrice. « J’estime, continue-t-elle, que la nouvelle génération est obligée de se préoccuper de l’écologie », l’un des piliers du programme du NPA. « Les gens le connaissent peu ici, il n’est pas assez médiatisé et on n’est pas assez informé », affirme Dihiya.
Thibault, jeune homme à lunettes, estime qu’Olivier Besancenot « est le meilleur de tous les gauchistes puisqu’il arrive à amasser les foules ». Les derniers chiffres l’attestent : déjà 9000 adhérents pour le nouveau parti ! Thibault avoue avoir un esprit « plus à droite » et pour lui, le jeune candidat de la défunte LCR à la présidentielle de 2007 et probable candidat du NPA à celle de 2012, est « trop communiste ». Et puis, « le capitalisme, ça sert », ajoute-t-il, l’air sérieux.
Avec son jeune âge, ses nombreuses prises de position, son vocabulaire sec et abordable (par rapport à Sarkozy expliquant la crise économique), Besancenot devrait, pense-t-on, avoir une cote de popularité dépassant les 70% dans les quartiers. Malheureusement pour ceux qui le soutiennent, ce n’est pas vraiment le cas. « Il est dans le rêve et me rappelle la maison de Mickey », ironise Inès. Habitante d’Aubervilliers, Inès déclare, du haut de ses 17 ans, que « les projets de Besancenot ne sont pas réalisables ».
Qui replantera l’olivier ?, demande Wallen dans l’un des ses tubes. Besancenot, pardi ! Il dissout la LCR, crée le NPA et compte sur les adhésions pour mesurer « l’envie de changement » des Français. Il veut constituer « un front anti-Sarkozy » et se hisser comme le principal opposant au gouvernement. Le postier de Neuilly a tout, a priori, pour séduire les jeunots de banlieue : des avis pro-palestiniens en veux-tu en voilà et des rapports étroits avec certains rappeurs de la « zone ». Mais qu’on se le dise une bonne fois pour toutes ! C’est plus qu’un agité de circonstance qu’attendent les habitants des cités.
Mehdi Meklat et Badroudine Said Abdallah
* Paru dans 20 Minutes, Samedi 07/02/2009.
« Salut à toi, la LCR »
Gauche. Alors que le parti est mort hier, des ex-membres témoignent.
Avril 1969-février 2009 : la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) est morte, hier, à 20 heures. Autodissoute à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), lors de son 18e congrès avant de laisser place au Nouveau Parti anticapitaliste (NPA). Libération a demandé à quelques « ex » figures de la Ligue d’écrire une épitaphe.
Jean-Pierre Bel, président du groupe socialiste au Sénat (1)
« Quand on est fils de résistants communistes, quand on leur a voué une admiration sans fin pour leurs actes, mais aussi pour leurs convictions, quand malheureusement, peu à peu, on a le sentiment de se heurter, à 15 ans, à un mur de dogmatisme, de certitudes éculées, quand Mai 1968 se profile, que les vieilles ficelles de la bureaucratie stalinienne ne suffisent plus à éponger votre soif de liberté, d’engagement… vous rejoignez la LCR. J’ai été un anonyme de la LCR ; de ceux qui organisent les comités, lycéens, étudiants, de ceux qui à Toulouse, capitale de l’Espagne républicaine en exil, organisent la solidarité avec le peuple et la jeunesse espagnole confrontés aux derniers soubresauts du vieux dictateur franquiste… J’ai été de ceux qui, la nuit, collaient les affiches, de ceux qui fomentaient les assemblées générales d’amphis. J’ai été un de ceux-là avec un engagement total peut-être même excessif. Je ne regrette rien. Mais pas non plus le jour où je me suis dit qu’il fallait devenir utile à ceux que je prétendais représenter… changer concrètement leur vie… Alors, ce jour-là, on pose l’habit du révolutionnaire pour endosser celui du réformiste… Alors, ce jour-là, je suis rentré au Parti socialiste. »
Sophie Bouchet-Petersen, conseillère de Ségolène Royal (1)
« J’ai, à l’égard de la LCR, une dette de reconnaissance. J’y ai, durant onze ans, fortifié des révoltes toujours intactes. Je n’ai pas eu besoin d’attendre Soljenitsyne pour connaître le goulag, et jamais pris la Révolution culturelle chinoise pour autre chose qu’une sanglante manipulation. J’y ai aussi acquis une saine horreur du crétinisme bureaucratique et de ces appareils autistes. J’ai, depuis, révisé bien des illusions : la révolution cubaine tournant au stalinisme tropical, le prix payé en vain par ceux de ma génération qui participèrent aux guérillas latino-américaines, le fiasco d’une éradication totale du marché… Comme ces responsables du PT brésilien rencontrés avec Ségolène Royal, anciens trotskistes qui ont choisi d’agir avec Lula, je suis passée de la Révolution à la Réforme. Contre tous les conservatismes, l’expérience m’a prouvé que la démocratie participative, ce pilier du ségolisme impénitent, redonnait plus efficacement que les soviets leur place aux citoyens dans la conduite des affaires publiques. »
Sérafin, alias Denis Pingaud, vice-président d’OpinionWay.
« Salut à toi, la LCR, PME innovante et internationale qui, quarante ans après sa fondation et avec des brevets datant d’un siècle, continue de grignoter des parts de marché aux grandes entreprises de la gauche ! Salut à toi, la LCR, organisation politique unique en son genre dont beaucoup de ceux qui n’en ont pas été auraient rêvé d’en être, et dont tous ceux qui en ont été ne l’ont jamais renié ! Salut à toi, la LCR qui a produit le meilleur - l’analyse du troisième âge du capitalisme - et le pire - l’aveuglement sur le « Kampuchea démocratique » de Pol Pot ! Salut à toi, la LCR, qui n’a jamais été corrompue et qui, même dissoute dans le NPA, continuera de buter sur la question du pouvoir ! Salut à toi, la LCR, qui m’a aidé à comprendre le monde quand j’avais 20 ans et qui m’aide à ne pas renoncer à le changer maintenant que j’en ai plus de 50… »
Tisserand, alias Henri Weber, cofondateur de la LCR, député européen PS.
« J’ai gardé un souvenir radieux de mes « années Ligue ». Nous étions animés par un formidable optimisme historique : tout semblait possible, et même facile. Aux dirigeants du PCF qui nous avaient exclus du mouvement de la Jeunesse communiste pour antistalinisme aggravé, nous répondions : « Vous êtes condamnés ! Nous allons construire un véritable parti communiste sur vos ruines fumantes. » Quarante ans plus tard, ce rêve est exaucé : le NPA est un petit parti communiste, non stalinien. « Les générations heureuses, disait Renan, sont celles qui sont parvenues à réaliser en partie les rêves de leur jeunesse. » En ce sens, mes camarades restés à la Ligue sont heureux. Je me réjouis de leur félicité, même si je pense que le vieux logiciel marxiste-révolutionnaire ne permet pas de répondre aux défis de notre temps. Bon vent, camarades, et, comme disait « le Vieux » [Trostki, ndlr] : « Marchons séparément, mais frappons ensemble. » »
(1) N’a pas souhaité donner son pseudo.
* Paru dans Libération du 6 février 2009.
« Front de gauche » aux européennes : les militants du NPA divisés
LA PLAINE-SAINT-DENIS (Seine-Saint-Denis), 6 fév 2009 (AFP) - Les militants du Nouveau parti anticapitaliste, en cours de création à la Plaine Saint-Denis, sont divisés sur la question d’un « front de gauche » avec le PCF et le Parti de Gauche (PG) pour les européennes.
Si la plupart ne croient pas à la pertinence d’un tel « front », une minorité grandissante pousse pour que le NPA s’y rallie.
Malgré les appels répétés du PCF et du PG, Olivier Besancenot (NPA) a plusieurs fois affirmé qu’il n’était « pas d’accord » pour un « bon coup électoral » aux européennes de juin, défendant un « front durable » basé sur une indépendance totale vis-à-vis du Parti socialiste. Ne voulant pas faire du NPA « une boutique électoraliste », il appelle à des « débats de fond ».
Parmi les 9.100 militants du NPA, anciens de la LCR dissoute jeudi ou tout nouveaux adhérents, cette ligne politique est majoritaire. Le jeune Charlie qui se dit « proche de la LCR depuis cinq ans », demande des « clarifications politiques » aux « partenaires potentiels ». « On sait bien que le PCF s’alliera au PS aux régionales (2010) » pour « sauver ses élus », assure-t-il. Et puis au PG, « ils viennent presque tous du PS, les fruits ne tombent jamais loin de l’arbre », dit-il à propos de la formation de Jean-Luc Mélenchon.
Alors qu’on sondage commandé par le PG crédite un hypothétique « front commun » de 14,5% des voix, Alain Pilnière, qui a quitté le PS en 2003 avant d’être « orphelin » de parti jusqu’au NPA, estime que « le PCF aimerait qu’on soit avec eux à cause de notre potentiel de voix », mais au fond « ils n’adhèreront pas à notre socle, que ce soit sur l’interdiction des licenciements ou sur l’anticapitalisme ». A 50 ans, Franck Mousset (LCR-NPA) est « sceptique » : « on a vu ce que ça a donné en 2007 », avec l’échec de la candidature unique antilibérale à la présidentielle. « Si c’est pour s’allier avec des vrais anticapitalistes, pourquoi pas », mais il ne croit « pas trop » que ce soit le cas du « front » d’aujourd’hui.
De son côté, la minorité de la LCR favorable au front et emmenée par Christian Picquet se réjouit de l’arrivée de nouveaux militants au NPA, avec qui « l’aspiration unitaire gagne en influence ». Selon M. Picquet, si 13 à 15% des adhérents de la LCR étaient favorables au front commun, le chiffre devrait grimper à 25% parmi les militants du NPA. Un refus du front serait « un désastre politique », argue-t-il. Julien Vicaine, qui avait rejoint la LCR quelques mois avant le « non » au Traité européen en 2005, pense que le NPA, « à la pointe des luttes », « ne peut pas prendre la responsabilité de tourner le dos au rassemblement ». Ce serait un « non-sens » alors que « l’action unitaire dans le champ social et politique » a permis la mobilisation d’ampleur du 29 janvier. « Sur le fond, on n’a pas de désaccord », analyse France Coumian, 32 ans, récente adhérente au NPA. Elle dit craindre des « arguments de mauvaise foi » de M. Besancenot et des siens. « J’ai du mal à comprendre ce qui bloque », dit-elle, trouvant « nul » d’avoir « toujours quatre ou cinq candidats à la gauche de la gauche ». Catherine Jouanneau, une « ancienne » du PCF aujourd’hui au NPA, « ne comprend pas » non plus. Si le congrès ne se prononce pas pour le « front de gauche » samedi lors du vote, « ça peut poser la question de mon engagement au NPA », dit-elle.
jud/so/cgd/luc
Congrès du NPA : paroles de militants
Le Nouveau parti anticapitaliste est en congrès fondateur vendredi et samedi, après la dissolution de la LCR jeudi. Parole à sept militants, âgés de 25 à 60 ans, issus du PC, anciens de la Ligue, écolo, ou simplement nouveaux arrivants.
Texte et photos FRANÇOIS VIGNAL
CHRISTIANE, 52 ans fait partie de ces nouveaux militants du NPA attirés par la création de la nouvelle formation. Ancienne du PCF, elle l’a quitté en 2001, « quand ils se sont prononcés pour la possibilité d’introduire des capitaux privés dans les services publics, ou quelque chose comme ça ». Se disant « pas très politisée », elle veut lutter « contre le système capitaliste ». Elle travaille au ministère de l’Agriculture, y est entrée comme secrétaire, avant de passer des concours internes. C’est aussi pour ça qu’elle est « profondément attachée à tous les services publics ». Vivant avec un membre de la LCR, elle pense qu’il faut « diversifier » l’origine des militants. Ça tombe bien, c’est ce que fait le NPA. « Un tas de gens, qui n’étaient dans aucun parti, rejoignent aujourd’hui le NPA. »
JULIEN SERGERE, 28 ans Ce professeur de français-histoire en lycée professionnel sait où il va. Syndicaliste à Sud étudiants à la fac, passage à la LCR de 2004 à 2006, c’est tout naturellement qu’il rejoint le NPA aujourd’hui. « On passe de la LCR, petit parti d’avant-garde, au NPA, grand parti de masse », clame-t-il. « La question après, c’est comment prendre le pouvoir. » Julien donne un début de réponse : « Ça passe forcément par un grand mouvement social. Mais il faut que ce soit une prise de pouvoir démocratique, par le peuple. On veut que nos idées deviennent majoritaires. » Mais pas au point de faire du NPA « un parti fourre-tout ». A l’avenir, on devrait moins voir Besancenot, assure-t-il. « On est entré dans le piège de la médiatisation d’une personne. Il faut montrer d’autres porte-parole pour mettre en valeur avant tout les idées. »
MICHEL AUSLENDER, 50 ans Pourquoi le NPA ? « Pour changer la donne à la gauche de la gauche. Et à moyen terme arracher le leadership au PS. Le NPA, c’est un nouvel élan. » Lui aussi est un ancien du Parti communiste. Il l’a quitté il y a peu, en avril 2008. « Je faisais partie de ce qu’on appelle les communistes unitaires. Je suis un proche de Clémentine Autain. J’étais pour sa candidature à la présidentielle. » Ne voulant plus d’un PCF « déliquescent », capable de s’allier avec un PS lui-même « prêt à l’alliance avec le Modem, c’est-à-dire la droite », Michel a franchi le pas. « Il était temps de construire une autre formation politique. » Les militants de la LCR, il les avait déjà rencontrés lors de luttes communes. « Ce sont des gens beaucoup plus ouverts qu’au PC. Je suis ravi de l’accueil qu’ils m’ont fait. »
DAMIEN, 25 ans Famille « d’anciens militants de la Ligue dans les années 70 », mère syndicaliste à la CGT sidérurgie, Damien n’adhère pas au NPA par hasard. Etudiant dans une école d’ingénieur, il « ne préfère pas » être pris en photo. La lutte, le militantisme, il connaît. Depuis 2001, il est membre des JCR, « l’organisation des jeunes de la LCR », du côté de Nancy, puis Metz. Ses galons de manifestants, il les a acquis lors « de la mobilisation contre Claude Allègre ». Aujourd’hui, il « monte un petit comité NPA avec des lycéens et des salariés » en Moselle. Damien ne croit pas vraiment au changement par les urnes. « Les combats institutionnels ne suffisent pas. Se présenter aux élections non plus. » Pour lui, « ce qui pèse le plus, ce sont les luttes ». La révolution ? « Si à un moment donné, il y a moyen de changer la société, il ne faut pas s’arrêter en chemin. » Le NPA, il adhère totalement, mais il regrette que la question de l’orientation précise du parti soit repoussée à plus tard. « Certains ne veulent pas de certaines discussions de fond maintenant, pour ne pas effrayer ceux qui arrivent. »
NSUNI, 28 ans « Je suis une des “anonymes”, comme dit Besancenot ». Infirmière, keffieh assorti à sa veste marron – « fashion gauchiste ! », rigole-t-elle – Nsuni continue l’aventure NPA, après six mois de LCR. Elle a toujours voté pour la Ligue, mais c’est l’élection de Sarkozy qui joue le déclic. « J’étais tellement énervée, je me suis dit “arrêtons de râler, faut bouger !” » « Méfiante au début », elle décide vite de rejoindre la LCR. C’est « grâce à Olivier Besancenot » qu’elle prend sa carte. « C’était la personne qui me ressemblait le plus. Il est jeune travailleur comme moi. » Aujourd’hui, elle sent un « nouveau souffle ». « Cela fait près d’un an qu’on bosse à la création du NPA, c’est super enthousiasmant d’y aboutir. »
DOMINIQUE CELLIER, 60 ans « On ne connaît plus personne ! Il y a pleins de nouveaux ! », sourit Dominique, près de 40 ans de Ligue au compteur. Cet enseignants-chercheurs en bio-infomatique, de Rouen, a connu toutes les évolutions du parti depuis son entrée « fin 70-début 71 ». Reste une chose qui n’a pas tellement changée, selon lui : « Tout de suite nous avons été un parti de militants. Nous n’étions pas dans une cave en train de comploter ! » Pour lui, le NPA ne traduit que l’évolution de la société. « On a tout essayé. Aujourd’hui il faut s’ouvrir. Se refermer serait une erreur. » Hier soir, quand « la Ligue » a été dissoute, il a ressenti « une petite pincée » au cœur, reconnaît-il. « Il y avait une gravité sur le moment. Émotionnellement, ce n’était pas simple. » Il ajoute : « Mais ce n’est pas un suicide. C’est un dépassement. »
ROXANE, 26 ans Grecque, écologiste, jeune, elle n’est « pas là pour appliquer les vieilles recettes ». En France depuis longtemps, elle avait déjà fait un petit tour à la LCR en 2001, ainsi qu’à Sud étudiant. Classique. Cette étudiante en environnement compte bien défendre ses idées : « Sortir du capitalisme pour préserver l’environnement, répondre aux problèmes sociaux du monde rural. » Roxane apprécie la capacité du NPA à rassembler différentes tendances, « des ouvriéristes aux libertaires », mais compte bien sur le parti pour « développer de nouvelles thématiques », comme « l’environnement » bien sûr, mais aussi utiliser de nouvelles formes d’action faisant appel « à la créativité artistique », du type « happening ». Besancenot ? « il est pas mal, mais ça peut aller plus loin », notamment dans « sa rhétorique », un peu trop issue « de la tradition syndicaliste et ouvrière » à son goût.