Après 57 jours de grève, les mécaniciens des usines Boeing, aux États-Unis, ont voté à 74 % la reprise du travail, le samedi 1er novembre. Le but de la grève était une meilleure renégociation de l’accord sur les salaires, les pensions, la protection sociale et les conditions d’emploi des mécaniciens qui construisent les avions de l’une des deux principales entreprises aéronautiques du monde. Cette grève a sans doute coûté autour de 2 milliards de dollars au constructeur de Seattle et, de plusieurs points de vue, c’est une victoire.
Concernant les assurances sociales, les mécanos ont bloqué les remises en cause des prestations. Pour les salaires, ils ont obtenu 15 % d’augmentation sur quatre ans, soit 4 % au-dessus de ce que voulait imposer la direction. De même, pour les pensions, la grève a permis d’obtenir la même augmentation que lors du précédent contrat, alors que la direction voulait rogner sur le montant des retraites. Enfin, la direction a dû reculer sur l’utilisation de la sous-traitance logistique au sein des usines Boeing, empêchant, selon le syndicat, la perte de 2 000 emplois, qui se seraient ajoutés aux 20 000 emplois sous-traités ces dernières décennies.
Pas de doute que, dans le contexte actuel des États-Unis, où le patronat veut faire payer au maximum les salariés afin de maintenir ses marges, cette grève apparaît comme un pas en avant pour les travailleurs. Pourtant, à y regarder de près, beaucoup de gains sont concentrés sur une quatrième année de contrat collectif, qui a été ajoutée en cours de négociations et sur pression directe de la Maison Blanche.
Les salariés n’ont fait qu’écorner les profits considérables réalisés par Boeing : 13 milliards depuis 2002, un carnet de commandes d’une valeur de 349 milliards sur les huit ans à venir.
Les grands dirigeants de Boeing, qui reçoivent un traitement de 3 millions de dollars annuels, ont la garantie d’une pension de plus de 1,4 million, plus de 50 fois ce dont les mécanos vont bénéficier. Mais, surtout, comme le souligne Business Week, les patrons gardent les mains libres pour la sous-traitance du Boeing Dreamliner 787, produit clé de l’entreprise dans les prochaines années.
Beaucoup de critiques se sont élevées, dans les courants syndicaux radicaux, pour rejeter cet accord et imposer une réouverture des négociations. Une réelle minorité a suivi cet avis lors de la consultation, témoignant de la radicalité de ce mouvement de grève. La direction de Boeing va maintenant avoir affaire avec les autres catégories de personnels de Boeing, dont le contrat collectif concerne 21 000 salariés et arrive à échéance.