Depuis quand et pourquoi Salah est-il en prison ?
Denise Hamouri – Salah a été arrêté le 13 mars 2005 par les autorités israéliennes. Il est accusé d’avoir projeté d’assassiner une figure politique israélienne, le rabbin Ovadia Yossef1, ainsi que d’être membre de l’organisation de jeunesse du FPLP [Front Populaire de libération de la Palestine, NDLR], ce qui est un délit pour la justice israélienne.
Qu’en est-il de ces accusations ?
D. Hamouri – Il s’agit d’un « délit d’intention ». La seule « preuve » que l’accusation a pu fournir est qu’il a été filmé par des caméras de surveillance alors qu’il passait en voiture devant le domicile du rabbin Yossef. On lui reproche donc d’avoir eu l’idée de faire quelque chose, pas de l’avoir fait. Quant à l’appartenance à une organisation politique… Nous vivons sous occupation militaire ; les jeunes veulent résister. Faire de la politique, être membre d’une organisation politique de jeunesse, ici, c’est la moindre des choses.
Quels contacts avez-vous eu avec les autorités françaises ?
D. Hamouri – J’ai écrit plusieurs fois à l’Élysée, je n’ai jamais eu de réponse. Le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, m’a fait parvenir, avant le procès, une lettre qui semble être une réponse-type puisque tous ceux qui l’ont contacté au sujet de Salah ont reçu la même. Il n’y parle pas de libération. Le président Sarkozy s’est engagé à venir en aide à tous les Français en difficulté, où qu’ils se trouvent. Alors, nous attendons qu’il fasse quelque chose pour Salah. Trois ans de prison, c’est largement suffisant pour les faits qui lui sont reprochés… J’ai continué d’envoyer des courriers à l’Élysée, au ministère des Affaires étrangères et à Rama Yade [secrétaire d’État chargée des droits de l’Homme, NDLR]. Je n’ai eu aucune réponse.
Qu’en est-il de la solidarité en France ?
D. Hamouri – Un collectif de soutien s’est mis en place, avec un appel signé par des élus et des personnalités2, qui exige « la libération de l’otage français Salah Hamouri ». À l’occasion de ma venue en France, je me suis rendu dans divers endroits pour parler de la situation de Salah : à la fête de l’Humanité, mais aussi à Lille, à Nantes ou encore à Bourg-en-Bresse (Ain), la ville dont je suis originaire et dans laquelle Salah a souvent passé ses vacances. Salah m’a dit à plusieurs reprises qu’il ne s’agissait pas de ne parler que de lui, mais des 11 000 prisonniers politiques palestiniens détenus en Israël.
Notes
1. Le rabbin Ovadia Yossef est le leader spirituel du Parti extrémiste Shaas (12 élus à la Knesset, membre de la coalition gouvernementale).
2. Il a été signé, entre autres, par Olivier Besancenot et Alain Krivine (www.humanite.fr/Mobilisation-grandissante-pour-Salah-Hamouri).