Les premières rencontres des collectifs NPA, en juin puis lors de l’université d’été, avaient montré la volonté de nombreux militants de forger un outil et un projet politique radicalement écologistes, plaçant au cœur de l’émancipation sociale la question des rapports de l’Homme à la nature. De cette question, découle nécessairement une critique globale de la façon dont le capitalisme s’est approprié la nature pour l’exploiter, en même temps qu’il l’a fait de la force de travail du prolétariat.
La nécessité d’articuler écologie et anticapitalisme est, bien entendu, une évidence pour les militants du NPA mais, à partir de là, une diversité de point de vue a pu apparaître à propos de certaines questions, comme le prix de l’énergie, l’importance des actes individuels dans les processus d’émancipation sociale, les manières de mettre en œuvre les politiques d’économies d’énergie… Cette diversité est une richesse, due sans doute au fait que les militants les plus investis dans les luttes écologistes n’étaient pas membres de la LCR. Richesse qui doit fructifier, et non pas paralyser.
Depuis la rentrée, l’écologie s’est retrouvée au cœur de débats et d’actions des collectifs NPA. On voit apparaître des commissions « Écologie » locales ou régionales. Un des chantiers de l’heure consiste à travailler sur le programme qui sera adopté au premier congrès du NPA, en janvier prochain. Lourde tâche que de condenser une analyse de l’état de la crise environnementale touchant la planète, de définir notre projet comme écosocialiste, avec tout ce que cela comporte de ruptures avec certaines traditions du mouvement ouvrier, et de poser les axes d’un programme alliant urgence sociale et urgence écologique : qu’est-ce qui est aujourd’hui prioritaire ? Qu’est-ce qui doit mobiliser en priorité les militants ? Quelles revendications défendre ?
Au-delà d’une difficulté à aborder tout de front, l’idée est partagée que les changements climatiques sont au cœur de la crise, qu’ils mettent en lumière les impasses du productivisme capitaliste, d’où la volonté d’impulser et de participer à des campagnes unitaires sur la question. Ces campagnes doivent porter haut et fort le principe de justice climatique, c’est-à-dire que les nécessaires et radicales transformations du système de production, de transport, d’énergie, etc., ne doivent pas se faire au détriment de l’égalité sociale. D’où aussi la nécessité, pour le NPA, d’apporter ses propres réponses, son alternative anticapitaliste face aux dérèglements climatiques.
La fin 2008 et l’année 2009 sont particulièrement importantes de ce point de vue. Ces campagnes globales ne doivent pas nous faire perdre de vue les mobilisations plus locales, dans lesquelles les collectifs NPA commencent à s’investir. Sur la question de l’eau, par exemple en région parisienne, où une situation similaire dans les communes d’Île-de-France favorise la convergence des activités des collectifs de ville. Concernant le nucléaire, avec la participation des collectifs du Sud-Est à la manifestation antinucléaire du 25 octobre devant la centrale de Tricastin. Ou encore pour des questions rarement traitées dans la LCR, par exemple, les problèmes liés à la pêche industrielle, qui questionnent l’avenir des réserves halieutiques, mais aussi celui des petits pêcheurs. Des problèmes sur lesquels interviennent les camarades de Bretagne. Ailleurs, c’est l’aménagement du territoire qui mobilise, contre la multiplication des surfaces commerciales, qui symbolisent une dimension du capitalisme : au nom du « dieu consommation », on attaque les espaces naturels et on détruit les tissus urbains. Les camarades du Pays dolois ont mis sur pied une campagne, rejoints par d’autres forces politiques et associatives, afin d’inverser la tendance, qui vise à rendre commercialisables toutes les parcelles du territoire (lire Rouge n° 2269).
À travers quelques expériences, on constate que le lancement du NPA permet une extension des terrains des domaines de la lutte, à même d’enrichir notre écologie politique. L’articulation du débat et de l’action, avant, pendant et après le congrès, guide les militants du NPA. Une rencontre nationale « Écologie » devrait, d’ici la fin de l’année, permettre de partager nos expériences et d’affiner nos analyses.