L’année 2008, celle de tous les congrès à gauche. Après ceux du PRG et du MRC au printemps, avant ceux des Verts et du PCF, en décembre où la continuité devrait aussi primer, c’est le tour du PS à Reims, mi-novembre. Les partenaires traditionnels scrutent avec attention le branle-bas socialiste. Entre l’appréhension d’assister à un simple combat de chefs et l’espoir de retrouvailles gagnantes.
Les Verts cherchent un interlocuteur
Un chef au PS, et vite ! Chez les Verts où l’on observe avec effarement les socialistes « se verdir, hélas pas sur le fond, mais au rayon du bordel et du nombrilisme », on attend de pied ferme la fin du match de Reims : « Qu’on nous donne le nom du gagnant et on travaillera avec lui », assure un proche de Cécile Duflot, leur secrétaire générale. Embarqués avec Daniel Cohn-Bendit dans le rassemblement des écologistes de tout poil pour les européennes, les Verts n’oublient pas que leur alliance avec le PS est la base de toute construction. Or, lors des derniers scrutins, « aucun accord national solide n’a pu aboutir. A cause du déficit d’autorité et d’unité au sein du PS. Nous avons été sacrifiés sur l’autel de leurs bisbilles », explique le député François de Rugy. Faire un carton au scrutin de juin 2009 permettrait aux écologistes d’améliorer leur rapport de force avec leur « principal partenaire ». Encore faut-il que les socialistes « sortent de cette absurdité de ne pas désigner un présidentiable comme premier secrétaire et choisissent un leader qui a l’autorité pour rassembler sur son nom au-delà de son camp. Comme Obama et Mitterrand », conclut de Rugy. Parmi les candidats, le maire de Paris semble coller au désir d’autorité des Verts, malgré « son côté trop parisien, Bertrand Delanoë est le plus en situation. Entre sa contribution et sa motion, il a mis un bémol sur le nucléaire », note un responsable, qui juge Martine Aubry « écocompatible », Ségolène Royal « cramée » et Benoît Hamon « présidentiable potentiel ».
Le PCF craint une dérive au centre
Le congrès du PS ? « L’important ce n’est pas qui le gagne, mais les choix politiques qui seront faits », note Pierre Laurent, futur numéro 1… ou 2 du PCF. Place du Colonel-Fabien, on goûte peu la guerre des chefs. Et l’on regarde surtout « où les socialistes vont placer le curseur ». Non sans crainte, car à trop regarder vers le centre, le PS pourrait délaisser son allié historique. Or, pour un PCF en pleine capilotade existentielle et électorale, l’alliance avec le Parti socialiste est une bouée de sauvetage. « Le rassemblement à gauche à vocation majoritaire n’est pas une vieille lune : qu’une partie du PS soit tentée par le centre serait le mauvais chemin », s’inquiète Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF. Une dérive sociale-libérale du PS « n’ouvrirait, en aucun cas, un boulevard au PCF », martèle-t-on place du Colonel-Fabien. « Nous sommes condamnés à nous rassembler pour construire une alternative solide. Aucune force de gauche n’aura les moyens d’y parvenir seule », rappelle Pierre Laurent. Dans ces conditions, l’ancrage à gauche et le saut générationnel incarné par Benoît Hamon « plaisent bien », les profils « union de la gauche » de Martine Aubry ou Bertrand Delanoë rassurent plus que le « recentrage et la fraternité de Ségolène Royal ».
Le MRC attend des propositions
En juin, Jean-Pierre Chevènement appelait à créer un « grand parti de toute la gauche ». Que socialistes et communistes pris dans leur congrès ignorent l’invite n’a guère surpris au MRC. Mais le parti né d’une scission avec le PS en 1993 compte sur un rebond, une fois passés ces caps. Si Chevènement « ne distingue guère sur le fond » les motions de Delanoë, Royal et Aubry, celle de l’aile gauche sort du lot : Hamon « est le seul qui répond clairement à l’appel » au rassemblement. Pierre Dubreuil, porte-parole du MRC, relève « une course à l’échalote au PS sur le mode « plus antilibéral tu meurs » : au-delà des incantations, il faut de vraies propositions ». Le jeu va obliger le futur leader à composer avec toutes les sensibilités : « Sa légitimité sera de fédérer tout le monde. »
Le PRG souhaite un PS discipliné
En tant que premier parti de gauche, « le PS a des droits, qu’il n’hésite pas à faire valoir… et autant de devoirs,rappelle Jean-Michel Baylet, président du PRG. Il faut d’abord que cesse l’anarchie, la cacophonie au PS, qu’ils se rassemblent déjà entre eux pour mettre la gauche en ordre de bataille ». Selon Roger-Gérard Schwartzenberg, président d’honneur, « l’UMP a unifié la droite, la gauche reste divisée. Quel que soit le premier secrétaire, il aura cette responsabilité ». Certes, les radicaux tiennent à leur autonomie. Mais tous le soulignent, c’est du chapeau socialiste que sortira le candidat de 2012. Vice-présidente du PRG, Elisabeth Boyer conclut : « A gauche on a besoin d’être entraînés, on s’ennuie ensemble. Il faut un Mitterrand, à la fois intellectuel et homme d’action. »