La guerre civile angolaise (1975-2002) a été l’une des plus longues et des plus destructrices d’Afrique. Elle a fait entre 500 000 et 1 million de victimes, entraînant le déplacement de 4 millions de personnes. L’agriculture et les transports ont été presque entièrement détruits. Cela rend ignominieux le spectacle qu’ont offert, à l’ouverture du procès, le 6 octobre, les 42 prévenus de l’« Angolagate », parmi lesquels on trouve l’homme d’affaires Pierre Falcone, Charles Pasqua, Jean-Christophe Mitterrand, Jacques Attali, Jean-Charles Marchiani ou encore le romancier Paul-Loup Sulitzer. Les prévenus sont soupçonnés d’avoir organisé, sans autorisation, entre 1993 et 2000, la livraison de 790 millions de dollars d’armement au régime de José Eduardo Dos Santos pour alimenter la guerre civile.
Ils devraient pouvoir compter sur le soutien en sous-main de Nicolas Sarkozy. L’homme de la « rupture » avec la Françafrique tient en effet à « tourner la page des malentendus du passé » avec l’Angola, c’est-à-dire à enterrer bien vite et sans trop de vagues cette histoire. Remuée trop fort, elle pourrait éclabousser d’autres personnes et compromettre les relations entre la France et un pays qui est aujourd’hui le premier producteur africain de pétrole. En dépit des nombreux obstacles procéduriers qui s’amoncellent déjà, cette instruction devrait donner l’occasion d’exposer au grand jour les dessous criminels de la politique française en Afrique.