Depuis quatre semaines, les 27000 mécaniciens des usines Boeing, à côté de Seattle (côte ouest des États-Unis) sont en grève. La sortie de chaînes des B 737, B 777, les essais du B 787 sont bloqués, retardant les livraisons prévues pour les compagnies aériennes. Comme le dit clairement le puissant syndicat IAW, ce qui est en jeu, « c’est le partage des richesses ».
Avec un carnet de commandes de 3 600 avions (une valeur de près de 200 milliards d’euros), Boeing, comme Airbus, développe la sous-traitance et les délocalisations pour accroître sa marge : 38 000 salariés ont été licenciés entre 2001 et 2005 dans les usines américaines. Plus de 70 % des pièces du B 777 sont fabriquées en dehors des États-Unis. Comme toujours, la grève coïncide avec les négociations du contrat qui gère emplois, rémunérations, retraites pour les trois prochaines années.
La direction espérait éviter la grève en promettant une prime de 9 000 dollars cash, visant à empêcher que les deux tiers des mécanos ne se prononcent pour la grève, notamment les jeunes embauchés. Il n’en a rien été : la grève a été votée à 86 % ! Avec une inflation annuelle prévue autour de 3 %, la direction ne propose que 11 % d’augmentation sur trois ans ; le syndicat réclame 15 %. Il en est de même pour la garantie de pension, l’IAW exigeant 80 dollars mensuels par année travaillée (2 400 dollars après 30 ans de travail). Les dirigeants de Boeing touchent, eux, une pension de 120 000 dollars par mois.
Les mécanos sont aussi conscients que le coût des assurances sociales risque de rogner ces augmentations. Concernant l’emploi, le syndicat exige qu’il n’y ait aucun licenciement pour cause de sous-traitance. Boeing aurait déjà perdu 1 milliard de dollars avec la grève – largement plus que le montant des revendications syndicales. Même les milieux boursiers conseillent de lâcher… Mais l’enjeu de classe va au-delà. Pour les patrons de Boeing, garder un niveau de profits de 4 milliards par an passe, évidemment, par une résistance acharnée à un autre partage des richesses.