1. D’abord il faut analyser la Ve édition du FSE dans son contexte : mis en place dans un pays nordique avec des mouvements sociaux, des traditions politiques et des cultures du mouvement différentes que nous avons connu jusqu’à présent (par exemple un syndicalisme numériquement fort qui soutient le FSE mais sans capacité pour mobiliser ses bases autour de lui, y compris pour la manifestation du FSE) et un Comité organisateur national (le NOC) qui manquait de l’expérience (politique et pratique) sur le terrain de la construction du FSE.
2. Même en tenant compte de ces particularités, il est difficile de comprendre que cet FSE se soit tenu de manière presque clandestine (une visibilité très faible à Malmö - si nous exceptons la présence dans la presse écrite) -, avec une grande dispersion des espaces de réunion qui vidait le Forum de l’une de ses caractéristiques fondatrices : la création d’un « espace de rencontre », d’une agora ; avec en sus les problèmes de l’interprétation dont ont souffert les participants au FSE et qui ont été « dénoncé » par Babel dans l’Assemblée des Mouvements sociaux.
3. Le FSE a enregistré d’importantes avancées :
a. Du fait du caractère central des questions sociales et de la dynamique des différents réseaux (Services publics, Travail et Mondialisation) ainsi que d’une participation plus active, bien qu’avec des limites, du mouvement syndical non seulement dans activités intersyndicales mais, aussi, en collaboration avec d’autres mouvements sociaux.
b. Par l’incorporation des mouvements du Centre et Est européens dans les activités du FSE, malgré les difficultés qu’il y a eues pour financer leur présence.
c. La définition d’un agenda commun pour les mouvements sociaux pour les prochains mois (voir appel de l’Appel des Mouvements sociaux 2009 : pour changer l’Europe [1]).
4. Mais aussi des limites :
Toujours sur le terrain des mobilisations avec, notamment, la difficulté pour construire une campagne commune pour faire face à l’Union européenne. Une lecture détaillée des déclarations des différents réseaux montre une grande convergence dans les analyses (surtout la dimension européenne des agressions et des réponses), tandis qu’une difficulté énorme pour dépasser l’état de « nécessité » de prendre des initiatives et de travailler pour les construire. Ces limites sont le reflet des divergences stratégiques ou, peut-être, de l’absence de ce débat stratégique qui permet de définir des points d’accords et de désaccords pour avancer vers des initiatives concrètes.
5. Au-delà des insuffisances dans l’organisation et des limites indiquées plus haut, le FSE est un espace privilégié de rencontre des mouvements sociaux européens : à Malmö, il y a jamais eu autant de mobilisations que pendant les jours du FSE, ni de manifestation si massive (15.000 personnes). En ce sens, le bilan critique de « l’organisation » Forum en Malmö ne peut pas cacher les effets positifs que ce dernier a pour les mouvements sociaux nordiques et pour avancer en tissant des liens avec les mouvements sociaux le Centre, le Nord et Cette européen.
6. Reste, comme conclusion, la nécessité de voir comment surmonter les déficits d’organisation de cette édition et de les dépasser pour le FSE de 2010 et, surtout, de mettre l’accent d’ici au prochain Forum pour que les Assemblées Préparatoires du FSE servent à avancer dans la construction des réseaux et le développement d’initiatives de mobilisation qui, à partir d’une géométrie variable d’alliances et/ou de types de campagnes, permettent de commencer à écrire dans la « rue » les réponses aux agressions du système en ces temps d’urgence sociale.