Le Ve Forum social européen (FSE) a été moins enthousiasmant que les précédents, notamment parce que la participation était moindre (un peu plus de 10 000 entrées) et les conditions matérielles de son déroulement parfois chaotiques. Cela s’explique, en grande partie, par l’investissement pour le moins limité des organisations syndicales suédoises. Celles-ci s’intéressent peu à l’Europe et aux nécessaires mobilisations à organiser à cette échelle face à la politique de l’Union européenne (UE), pensant, à tort, qu’elles ont plus à gagner en limitant leur action au seul cadre national afin de préserver les acquis sociaux.
Mais d’autres raisons expliquent un certain essoufflement de la dynamique des forums sociaux. En confinant les organisations politiques à un rôle subalterne, toute la question de l’alternative politique globale à opposer au néolibéralisme est esquivée. La seule addition des mouvements sociaux ne permettra pas de mettre en échec la politique libérale. Sans débat autour de la stratégie, le slogan « Une autre Europe est possible » n’est qu’une formule creuse.
Ceci dit, le FSE reste un cadre irremplaçable pour échanger les expériences, construire et consolider des réseaux sur des questions comme l’immigration, la précarité, le climat ou la guerre. La manifestation qui s’est déroulée dans les rues de Malmö a réuni quelque 15 000 participants, ce qui est beaucoup pour Malmö et la Suède. Mieux encore, l’assemblée générale des mouvements sociaux, qui a clôturé le FSE, a adopté une déclaration fixant quatre grands rendez-vous, sorte d’agenda commun pour les altermondialistes.
La priorité est de mener une campagne prolongée, intitulée « 2009 : pour changer l’Europe », sur les questions sociales et du travail liées à la politique réactionnaire de l’UE, avec comme objectif une initiative européenne, à Bruxelles, en mars 2009, au moment du sommet des chefs d’État européens. Les trois autres rendez-vous sont une manifestation européenne à Strasbourg, le 4 avril, au moment des cérémonies célébrant le 60e anniversaire de la création de l’Otan ; un contre-sommet et une manifestation lors de la tenue du prochain G8, en Sardaigne ; et, enfin, sur la crise climatique, une initiative à Potsdam, le 6 décembre, prélude au grand rassemblement international prévu à Copenhague, en décembre 2009, au moment de la tenue de la conférence mondiale sur le climat, organisée par l’ONU.
Ces quatre campagnes, ainsi que la préparation du prochain Forum social européen, qui aura lieu à Istanbul, sont autant d’éléments qui peuvent permettre au mouvement altermondialiste de trouver un second souffle.