PARIS, 23 sept 2008 (AFP) - La grève des postiers mardi à l’appel de cinq syndicats contre la « privatisation » de La Poste a été suivie par plus de 27% du personnel selon la direction, tandis que les syndicats ont recensé 40% de grévistes, saluant une « très forte mobilisation ».
La direction a indiqué en fin de journée que 27,3% des postiers avaient cessé le travail à l’appel de la CGT, Sud-PTT, FO, la CFDT et la CFTC. Elle a assuré avoir tout mis « en œuvre pour assurer l’accueil de ses clients et la continuité de service ». Une porte-parole a précisé que 240 bureaux de poste avaient été fermés, sans être en mesure de signaler d’éventuelles perturbations dans le courrier.
Les syndicats ont pour leur part compté 40% de grévistes. « La mobilisation est incontestablement très forte. La participation à la grève est à un des niveaux les plus élevés des journées de mobilisation de la profession », a déclaré Bernard Thibault (CGT), qui participait à la manifestation parisienne des postiers aux côtés de Jacques Voisin (CFTC). Sud-PTT, deuxième syndicat de La Poste après la CGT, voit dans cette journée un « message très clair pour le gouvernement » et un « désaveu » pour le président du groupe Jean-Paul Bailly. Les syndicats ont prévu de se réunir mercredi pour faire le point et la CFDT envisage déjà « de nouvelles actions ». Pour FO, il s’agit d’un « coup de semonce réussi », alors que 61% des Français disent ne pas être favorables à un changement de statut de La Poste selon un sondage CSA-L’Humanité. Traditionnellement, les taux de grévistes ne sont pas très élevés à La Poste mais avant le début de la grève un syndicaliste avait estimé qu’une mobilisation entre « 25% et 30%, ce serait bien ».
Plusieurs milliers de personnes, dont des élus locaux, ont défilé dans toute la France, comme à Paris (1.500 selon la police, 3.000 selon les syndicats), Nantes (750 à 2.000), Toulouse (700 à 2.000), Marseille (650 à 1.000), Orléans (500 à 1.000), Bordeaux (450 à 600), Lyon (300 à 500) et Lille (250). « C’est une privatisation, ça veut dire augmentation des tarifs, suppression du personnel et fermeture des petits bureaux de poste pas rentables dans les campagnes », a expliqué dans le cortège nantais Roger Dupont, un postier. « On veut un vrai salaire, pas des actionnaires ! », scandaient les manifestants à Strasbourg. A Paris, des postiers en tenue de travail brandissaient des pancartes : « Postiers nombreux, usagers heureux » et « Aujourd’hui commercial à La Poste, demain trader ? ».
Dans le cortège parisien, plusieurs responsables politiques avaient pris place, dont Jean-Marc Ayrault (PS), les leaders de LO Arlette Laguiller et de la LCR Olivier Besancenot, lui-même postier, mais aussi Nicolas Dupont-Aignan (ex-UMP).
Selon le projet détaillé fin août par M. Bailly, La Poste serait transformée dès 2010 en société anonyme avant d’ouvrir son capital un an plus tard. Les syndicats y voient une « première étape vers la privatisation », qui affecterait l’emploi des 300.000 postiers - dont 54% de fonctionnaires - et le service public. La mise en place par l’Elysée d’une commission - qui doit se réunir vendredi - chargée de réfléchir à l’avenir de La Poste n’a pas calmé leurs inquiétudes. Mardi matin, Jean-Claude Mailly (FO) a jugé que la privatisation n’était pas « incontournable » tandis que Luc Chatel, secrétaire d’Etat à l’Industrie, s’est voulu rassurant. « Le gouvernement n’a pas tranché et souhaite entendre l’ensemble des avis » a-t-il dit. bur-cca/jba/asl
40% de grévistes.
Un désaveu pour le président Bailly.
Le gouvernement doit retirer le projet de privatisation.
SUD-PTT
Près de 40% de postières et postiers étaient en grève ce 23 septembre 2008, malgré les pressions exercées par la direction de La Poste, notamment envers les cadres. Il faut remonter très loin pour trouver une grève aussi importante. Aujourd’hui beaucoup de centres postaux étaient en grève majoritaire.
Ce chiffre sonne comme un désaveu pour le président Bailly. Les postières et postiers ne sont pas dupes de ce que représentera l’ouverture du capital, c’est-à-dire une privatisation avec tous ses effets néfastes pour le personnel, les usagers et le service public. Mais c’est aussi un message très clair pour le gouvernement qui manœuvre avec la mise en place de sa commission pour éviter d’entendre l’opinion publique qui refuse la privatisation.
La fédération SUD PTT renouvelle son exigence de retrait de tout projet de privatisation, de la mise en place d’un débat public et d’un référendum pour le service public postal.
Paris le 23 septembre 2008
Après, ce premier succès la mobilisation continue.
Un dossier ICI argumentaire pour répondre aux privatiseurs :
http://www.sudptt.org/article.php3?...
Quelques chiffres sur la mobilisation à Paris et en province :
3000 manifestants à Paris (75)
100 à Bourg en Bresse (01)
100 à Charleville (08)
300 à Angoulème (16)
300 à La Rochelle (17)
300 à Bourges (18)
300 à St Brieuc (22)
500 à Périgueux (24)
40 à Evreux (27)
300 à Nimes (30)
1500 à Toulouse (31)
200 à Auch (32)
700 à Bordeaux (33)
500 à Rennes (35)
400 à Tours (37)
400 à Grenoble (38)
2000 à Nantes (44)
200 à ST Nazaire (44)
800 à Orléans (45)
250 à Agen (47)
400 à Angers (49)
150 à Chalons sur Marne (51)
150 à Metz (57)
500 à Clermont Ferrand (63)
300 à Lyon (69)
150 à Chambéry (73)
200 à Annecy (74)
500 à Rouen (76)
100 au Havre (76)
100 à Toulon (83)
350 à Avignon (84)
200 à La Roche sur Yon (85)
Communiqué du 24 septembre des fédérations CGT, SUD, CFDT, FO, CFTC
La Poste
Un 23 septembre 2008 qui compte !
Avec plus d’un postier gréviste sur trois et des milliers de manifestants , incontestablement la
journée nationale d’action unitaire de grève et de manifestations est une date qui compte dans
le processus d’actions engagé pour s’opposer à la privatisation de La Poste et gagner un
service public postal rénové et modernisé.
Aujourd’hui, le Président de la poste doit entendre les revendications des postiers, les attentes
des usagers et renoncer à son projet.
Le président de la République et le gouvernement, prudents sur ce dossier sensible, doivent
abandonner toute idée de privatisation de La Poste.
Les fédérations CGT,SUD, CFDT, FO, CFTC réunies ce jour, appellent les postiers dans
chaque service à se réunir pour multiplier les initiatives, pétitions, motions.
Elles demandent à leurs organisations territoriales de prendre toutes les dispositions
nécessaires pour multiplier le nombre de signatures d’usagers sur la pétition.
C’est la conjugaison de la force des postiers et celle de la population qui permettra de faire
échec au projet du gouvernement.
Elles conviennent de s’adresser ensemble à la commission « Ailleret » mise en place par le
président de la République afin de rappeler leur opposition à toute privatisation. D’autres
solutions doivent être prises en compte pour développer le service public postal et assurer
l’avenir de La Poste et des postiers. Elles réaffirment l’exigence d’organisation d’un vrai et
grand débat public.
Les Fédérations CGT, SUD, CFDT, FO CFTC , appellent à maintenir la mobilisation pendant
les travaux de cette commission. Elles se réuniront à nouveau pour définir des initiatives
d’actions concrètes permettant de rassembler postières, postiers et usagers.