- Pas touche aux emplois à Jabil
- NMPP, toute la profession est
- Maison de retraite en grève
- Avis de tempête à Météo France
- BESANÇON : Contre le chômage
- SANTÉ, SOCIAL : Manifestation
- ARENA : Victoire des ouvrières
- ALIMENTATION : Grève reconduit
- SNECMA GENNEVILLIERS : Mobilis
- Précarité à l’ANPE
- Carriers en grève
Pas touche aux emplois à Jabil
Déclaration d’Olivier Besancenot
Les salariés de Jabil, à Brest, se mobilisent, une fois de plus, pour la défense de leur emploi. Hier, 7 novembre, deuxième jour de grève, ils ont retenu le directeur commercial de Jabil Europe pour obtenir le retrait du projet de vente de leur entreprise à un repreneur inconnu.
Déjà en 2007, un plan social avait supprimé 200 emplois dans cette entreprise.
Les 270 salariés de Jabil sont bien décidés à faire échec à toute tentative de vente ou de démembrement de leur entreprise qui aurait comme conséquence inévitable de les transformer en chômeurs.
L’Etat a pu trouver les centaines de milliards d’euros pour venir au secours des financiers et des spéculateurs, responsables de la crise. Il peut et il doit débloquer les fonds nécessaires pour sauver les 270 emplois menacés à Jabil.
Ce n’est pas aux salariés de payer le prix du marasme économique qui s’installe, marasme dont le système capitaliste est responsable.
J’apporte, ainsi que la LCR, tout mon soutien à la mobilisation et aux actions des salariés contre la vente de leur entreprise et pour la défense de leur 270 emplois.
Le 7 novembre 2008
NMPP, toute la profession est concernée
Le conflit pour sauver 350 postes de travail et le rôle central des NMPP dans une conception pluraliste de la distribution des titres est entré dans sa phase finale, après une année de mobilisation et plus de 40 actions de grève et de blocage. Il est encore possible non seulement de sauver des emplois à statut « presse », mais aussi les principes issus de la loi Bichet, que les états généraux de la presse organisés par Sarkozy veulent effacer.
L’enjeu vaut pour toute la profession. Si le « niveau 1 » des NMPP tombe, qui peut croire que les états généraux ne seront pas utilisés pour liquider aussi la convention collective des journalistes, les effectifs en imprimerie, le reste de la chaîne de distribution ? Déjà, la précarité avance parmi les pigistes, dans les permanences des catégories ouvrières et chez les chauffeurs et porteurs de presse.
Contrairement aux déclarations patronales, après la grève du 29 octobre, le combat n’est pas l’œuvre d’une poignée d’irresponsables, mais de toute une profession qui bénéficie de larges soutiens, comme celui du SNJ-CGT, de l’intersyndicale (CFDT-CGT-FO-SNJ) du groupe Hachette et d’Olivier Besancenot pour réclamer la libération du camarade arrêté par la police devant le siège des NMPP.
Malgré les manœuvres de la direction de la Filpac-CGT, qui s’est prononcée contre la grève, il est encore possible de gagner si l’on tape encore plus fort. Dans la lutte, il y a des jours qui comptent plus que d’autres. C’est maintenant ou jamais pour contrer le « Défi 2010 » des patrons.
Correspondant
* Paru dans Rouge n° 2273, 06/11/2008 (Au jour le jour).
Maison de retraite en grève
Lundi 20 octobre, le personnel de la maison de retraite des Amandiers (Paris 20e) entamait son onzième jour de grève. L’établissement est détenu par le groupe privé Medica France, qui possède plus d’une centaine de résidences et emploie 6 000 salariés. Malgré des bénéfices de centaines de milliers d’euros, la direction traite ses salariés avec le plus grand mépris.
Côté salaires, le minimum de la convention collective n’est pas toujours respecté. Il y a même un manque à gagner, sur plusieurs années, de 20 000 euros par salarié ! Les salaires de la majorité du personnel tournent autour du Smic. Mais des compléments de salaire « à la tête du client » aboutissent à des écarts atteignant 700 euros, à diplôme et ancienneté identiques.
Grâce à l’activité importante de la CGT, les salariés ont pu se mettre en grève (seuls deux sur 57 étaient contre). Les grévistes, badgés « Je suis en grève », assurent en permanence un service minimum, mais la réponse de la direction n’a été que mépris et intimidation : convocations de plusieurs grévistes au commissariat et au tribunal pour service non effectué mettant en danger les résidents, insultes de la part du médecin, embauche de vigiles musclés pour filtrer les entrées et déménagement d’une quarantaine de résidents en banlieue, malgré le mécontentement des familles.
Tant sur l’uniformisation des salaires que sur le treizième mois, la direction renvoie aux négociations annuelles du groupe, craignant qu’une victoire locale fasse tache d’huile. Mais les grévistes sont plus déterminés que jamais.
Correspondant
* Paru dans Rouge n° 2271, 23/10/2008 (Au jour le jour).
Avis de tempête à Météo France
Depuis le 13 octobre, les salariés de Météo France ont cessé le travail, à l’appel de l’intersyndicale (CGT, FO, Solidaires, CFDT) du site de Toulouse, afin de protester contre la fermeture de 60 % des 115 centres départementaux et contre la suppression de 500 des 3 700 postes.
Jour et nuit, les grévistes sont présents et reconduisent la grève lors de leurs assemblées générales quotidiennes. Ils sont 250 en moyenne à bloquer l’entrée du site, malgré les réquisitions effectuées par la direction. La détermination reste intacte. À la demande du PDG, les forces de police ont tenté de forcer le blocage du site, afin d’amener les prévisionnistes notifiés (réquisitionnés) sur leurs lieux de travail. De mémoire de gréviste, on n’avait jamais vu une telle brutalité, un salarié ayant même été conduit à l’hôpital après avoir reçu du gaz lacrymogène dans les yeux.
Devant le mépris du PDG, qui n’a rien trouvé de mieux à faire que de partir en Chine alors que le conflit social était annoncé, les grévistes sont décidés à poursuivre leur mouvement et à défendre le service public de proximité que représentent les services départementaux. Lors d’une assemblée générale de 400 personnes, le vendredi 17 octobre, les salariés de Météo France revotaient la grève. Les grévistes ont reçu les témoignages de solidarité de nombreux travailleurs et syndicats du département. Lundi 20 octobre, un rassemblement de soutien a été organisé devant les portes du site.
Correspondant
* Paru dans Rouge n° 2271, 23/10/2008 (Au jour le jour).
BESANÇON : Contre le chômage
Le 1er octobre, Charles Piaget [1], militant d’AC !, entouré de quelques militants (dont des membres du NPA), a pénétré dans l’enceinte de la principale agence ANPE de Besançon pour y lire le message suivant :
« Nous sommes ici pour dénoncer les dérives qui touchent les salariés et davantage encore les sans-emploi. Dérive financière due à l’extrême cupidité des banquiers. Dérive des prix, de la vie chère due en grande partie aux spéculateurs. Mais aussi dérive de l’emploi : plus de 3 millions de contrats hors norme, dont des salaires scandaleusement bas, même inférieurs au RMI.
« Le RMI, rappelons-le, c’est l’ultime filet de sécurité pour survivre. Or, le RSA cautionne, favorise ces très bas salaires. Ce n’est pas du RSA que nous avons besoin. Nous avons besoin de fortes décisions contre les contrats indécents.
« Il est nécessaire que l’État, la collectivité créent de vrais emplois concernant l’Éducation nationale, la santé, la formation, etc., ainsi que pour les besoins des associations qui œuvrent pour le vivre ensemble. Il faut contraindre les employeurs à se coordonner pour regrouper les miettes d’activité afin d’en faire des emplois décents.
« Le libéralisme et ses nombreux excès nous entraînent vers de nombreux tsunamis. Crise écologique : climatique, pollution, biodiversité. Crises énergétique et alimentaire. Crise sociale par la pression toujours plus forte sur les salariés et le maintien d’un chômage massif. Crise de domination politique et économique mondiale avec les guerres qui s’ensuivent.
« Plus que jamais, il nous faut nous unir, lutter pour une vie débarrassée de ces dangereux exploiteurs. Pour un vivre ensemble vrai et solidaire. Pour cela, il faut se lever et exiger des solutions en profondeur. Pas le rafistolage habituel. »
Tandis que des responsables de l’ANPE protestaient contre cette « ingérence politique » interdite en ce lieu, les chômeurs présents témoignaient des difficultés qui sont les leurs. Le chemin est encore long pour éradiquer le chômage.
Correspondant
Notes
1. Militant historique de la lutte de l’entreprise d’horlogerie Lip, dans les années 1970.
* Paru dans Rouge n° 2270, 16/10/2008.
Ariège : la papeterie de Lédar dépecée puis liquidée par les groupes capitalistes !
23 septembre 2008
En 2005, le fonds d’investissement étatsunien Mattlin-Paterson, implanté dans un paradis fiscal aux îles Caïmans, après avoir dépecé le groupe Matussière et Forest, s’est approprié la papeterie de Lédar pour une bouchée de pain.
Ce fonds d’investissements est spécialisé dans la reprise d’entités en difficultés. Pour ce fonds, les actions doivent rapporter au moins 15% , et si l’usine de Saint-Girons dégagent du bénéfice, ce n’est pas à ce niveau.
En 2007, avec la complicité de l’Etat, il vend les deux centrales hydrauliques de Lédar et Castillon, qui, elles, rapportent beaucoup. Les bénéfices ont été empochés et les salariés peuvent maintenant pointer à l’ANPE ! Un dossier de déclaration de cession de paiement est déposé au tribunal de commerce de Grenoble.
Un repreneur se fait connaître, le groupe espagnol Papresa. Mais son offre présentée au tribunal de commerce est un véritable torchon, même pas signé, une insulte envers les salariés.
Mardi 23 septembre, Lédar sera placée en liquidation judiciaire, massacrée par des propriétaires avides de dividendes .
C’est une catastrophe économique et sociale pour Saint-Girons et le Couserans.
Près de 120 emplois supprimés. 45% des taxes professionnelles de Saint-Girons.
Depuis Vendredi les salariés occupent l’usine, avec le soutien de représentants des employés communaux qui s’inquiètent des conséquences de la liquidation de l’entreprise.
Le Nouveau Parti Anticapitaliste Ariège appelle au soutien et sera de toutes les actions aux cotés des salariés et des habitants de Saint-Girons.
SANTÉ, SOCIAL : Manifestation record pour les salaires
Mardi 30 septembre, environ 15 000 salariés ont répondu à l’appel des organisations syndicales de la branche sanitaire, social, médicosocial, aide à domicile du secteur privé non lucratif, rejoints, à l’appel de Force ouvrière, par le secteur privé commercial. L’intersyndicale (CGT, FO, CFDT, CFTC, CGC, Unsa) et le syndicat SUD-Santé ont donc réussi leur pari : rassembler, devant les ministères de la Santé et du Travail, à Paris, plus de 15 000 salariés.
Les manifestants ont réclamé l’augmentation immédiate des salaires et l’amélioration des conventions collectives nationales. Une délégation a été reçue au ministère du Travail. À cette mobilisation sans précédent des secteurs concernés, le ministère n’a rien répondu. Aucune augmentation ne serait possible en dehors des enveloppes financières fixées par la loi de financement de la Sécurité sociale…
N’ayant pas été entendue, l’intersyndicale appelle les salariés du secteur à préparer les conditions de poursuite de la mobilisation. La paupérisation des salariés et la diminution des moyens nécessitent que l’unité syndicale autour de la revendication salariale se poursuive, afin de renforcer et d’élargir la mobilisation. Les salariés de l’action sociale, de la santé privée, de l’aide à domicile, ne sont pas isolés, portant les mêmes exigences salariales que celles qui montent à travers le pays.
La mobilisation du 30 septembre, comme celle des autres secteurs, met à l’ordre du jour la nécessité d’une journée de grève interprofessionnelle dans l’unité « pour bloquer le pays », voire une grève reconductible dans nos secteurs, afin de faire reculer gouvernement et employeurs.
Franck Houlgatte
* Paru dans Rouge n° 2269, 09/10/2008.
ARENA : Victoire des ouvrières
Lundi 8 septembre, la société Arena, qui avait jeté à la rue les 169 ouvrières de son usine de Libourne, en mars 2007, pour délocaliser en Chine (lire Rouge n° 2191 ou sur ESSF : Ne coulez pas Arena ]]), a été condamnée par le juge départiteur du conseil des prud’hommes. Le motif économique que la société avait invoqué « n’a pas de cause réelle et sérieuse », selon le juge, qui a considéré les licenciements abusifs. Arena doit verser 50 000 euros à chacune des 96 ouvrières qui ont contesté leur licenciement devant les prud’hommes. C’est une partie des profits gagnés grâce à la délocalisation qu’elles vont récupérer. Elles sont fières d’avoir abouti, grâce à leur détermination, à la condamnation de leur patron et des pratiques dévastatrices des requins de la finance.
C’est avant tout une victoire morale qu’elles remportent sur leur ancien patron, qui affirmait que l’usine n’était pas assez compétitive, en difficulté financière, et qui, durant les longs mois de lutte des salariées contre la fermeture, avait toujours affiché son mépris. La société Arena, qui appartient à un fonds de pension italien, n’a jamais cessé de réaliser des bénéfices. Une pure opération financière et la rapacité des actionnaires ont été à l’origine de la délocalisation et de la fermeture de l’entreprise. Après avoir reçu des aides publiques substantielles, jamais remboursées, Arena a décidé la liquidation de l’unité de production de Libourne, après une première délocalisation en Tunisie.
La direction a financé un « plan social », qui devait aboutir, en un an, à 100 % de reclassements. Aujourd’hui, on est loin du compte. Dans une région qui a connu d’autres fermetures d’entreprises et dont le taux de chômage avoisine 9 %, seule une minorité d’ouvrières a pu retrouver un emploi stable. La plupart sont devenues intérimaires, précaires ou attendent l’âge de la retraite avec des indemnités de chômage.
Arena a fait appel de ce jugement, mais la société n’est peut-être pas au bout de ses peines, puisqu’une soixantaine de nouvelles ex-salariées ont décidé de porter plainte à leur tour pour licenciement abusif.
Correspondante
* Paru dans Rouge n° 2266, 18/09/2008.
Doux empoche les aides et supprime les emplois
Près de 700 personnes ont manifesté à Locminé (Morbihan), samedi 6 septembre, pour protester contre la fermeture de l’usine Doux et dénoncer la politique de l’entreprise. Prétextant la vétusté du site, le groupe a négocié un accord de méthode avec la CFDT, la CFTC et FO, afin de licencier les 451 salariés (dont 80 % de femmes) de l’usine. Multirécidiviste dans les fermetures de sites depuis 1998, le groupe a aussi prévu la fermeture d’une autre usine dans le Cher. En tout, 667 emplois vont disparaître.
Or, Doux est un groupe mondial, présent dans 130 pays ; son chiffre d’affaires a atteint 1,3 milliard d’euros en 2007 ! Cet empire s’est construit par les aides publiques : subventions européennes à l’exportation, subventions aux céréales, aides de l’État, de la Bretagne et du Finistère. Subventionné en quelque sorte pour restructurer, le rêve de tout capitaliste, Doux utilise les aides pour délocaliser au Brésil et organiser sa propre concurrence. Les pouvoirs publics qui, à tous les niveaux, lui ont tant donné, sont donc bien placés pour exiger des remboursements et interdire tous les licenciements. Les salariés représentés par la CGT jugent « au rabais » le plan social (dit de sauvegarde de l’emploi), qui ne prévoit que vingt reclassements. Partagés entre révolte et résignation, les salariés mobilisés ont apprécié le soutien qu’Olivier Besancenot, ainsi que de nombreux militants de la LCR et du NPA, étaient venus leur apporter
* Rouge n° 2265, 11/09/2008 (Au jour le jour)
Voir aussi : Morbihan : Besancenot capitalise sur la colère
ALIMENTATION : Grève reconduite pour les salaires
Les salariés de l’entreprise Raynal et Roquelaure, numéro deux français des plats cuisinés en conserve, sont en grève, à Camaret-sur-Aigues (Vaucluse), depuis le 26 août.
L’entreprise Raynal et Roquelaure fait partie du groupe alimentaire Cofigeo et elle détient aujourd’hui 22 % de parts de marché du secteur. Elle emploie 570 personnes réparties, sur trois sites industriels : Capdenac-Gare (Aveyron) où est le siège social, Sainte-Livrade-sur-Lot (Lot-et-Garonne) et Camaret-sur-Aigues (Vaucluse), petit village provençal, à proximité d’Orange et d’Avignon.
En 2003, le groupe Cofigeo a racheté au groupe Nestlé le site de Camaret-sur-Aigues, le plus grand site industriel européen dédié à la fabrication des produits en conserve, et il en a confié la gestion à Raynal et Roquelaure. En 2008, Raynal et Roquelaure a aussi racheté à Nestlé la commercialisation des sauces Buitoni. L’usine de Camaret-sur-Aigues, qui emploie 242 personnes, produit également en sous-traitance pour les enseignes de distribution.
Les salariés des ateliers production, expédition et conditionnement de Capdenac-Gare ont déjà fait grève en 2003, à 97 %, avec le renfort de quelques personnes de Camaret-sur-Aigues. Le conflit portait sur les augmentations de salaire et la prime de poste. Le déclic de cette grève provenait du rachat de l’usine de Camaret-sur-Aigues. En effet, les salariés de ce site continuaient à bénéficier de l’ancienne convention collective de Nestlé, plus avantageuse que celle utilisée à Capdenac-Gare. Cette convention collective se traduisait par des primes pouvant aller jusqu’au versement d’un seizième mois.
Depuis, le nivellement des salaires sur les trois sites industriels s’est effectué vers les bas. Aujourd’hui, les salariés de Camaret-sur-Aigues sont passés de seize à douze mois et demi de salaires. Un coup dur, notamment pour ceux qui avaient contracté des crédits sur la base de seize mois de salaires. L’argent ne manque pourtant pas. Entre 2002 et 2007, le chiffre d’affaires est passé de 64 à 170 millions d’euros.
Les salariés de Camaret-sur-Aigues ont donc décidé de partir en grève, le 26 août, pour obtenir leur part dans les richesses produites. Cette grève continue aujourd’hui et les grévistes, qui veulent une augmentation des salaires, sont déterminés. L’intersyndicale (CGT, FO, CFTC) exige 80 euros par employé. La direction, qui proposait une augmentation de 10 euros le 26 août, puis de 15 euros le 27 août, propose désormais 17 euros, soit 1 % d’augmentation. Les réunions organisées avec la direction n’ont, pour l’instant, pas abouti et, aujourd’hui, dans l’usine, aucun camion ne sort ni ne rentre.
Les salariés ont reçu le soutien d’Olivier Besancenot et de la LCR. Pour gagner plus, il n’y a pas d’autre solution que de récupérer une part plus importante de la richesse produite, et donc prendre sur les profits. Une urgence : le rattrapage des pertes de pouvoir d’achat accumulées depuis des années en augmentant les salaires. Pour garantir à tous les moyens de vivre correctement, il faut, au minimum, 1 500 euros net par mois.
Georges Renault
* Rouge n° 2265, 11/09/2008
SNECMA GENNEVILLIERS : Mobilisation contre un licenciement
La direction de la Snecma à Gennevilliers (Hauts-de-Seine) a licencié sur le champ un salarié, accusé d’« absences non justifiées ». Cette décision a provoqué un important mouvement de solidarité de la part des autres salariés.
’est bien connu : les mois de juillet et août sont les mois des mauvais coups : patrons et gouvernement espèrent que les salariés, occupés par leurs congés payés, ne pourront pas organiser la résistance. Le directeur du site de la Snecma (groupe Safran) à Gennevilliers a fait ce calcul, le 17 juillet, en licenciant un jeune des forges, Frédéric, « Fred » pour ses collègues.
Mauvaise surprise pour lui : le lendemain, une heure après la confirmation de cette mesure inique, plus de 200 salariés du site débrayaient et manifestaient, à l’appel de la CGT et de la CFDT, pour affirmer haut et fort leur opposition.
Au prétexte d’« absences non justifiées » de Frédéric, la direction compte bien procéder à ce licenciement. Ce qui a révolté les salariés, c’est de ne laisser aucune chance à ce jeune. Tout le monde sait que, dans sa carrière, chacun peut avoir un coup de blues, pour une raison personnelle, familiale ou autre. Dans ce cas, le sacro-saint règlement intérieur n’est pas toujours respecté.
À la Snecma, les us et coutumes, résultat d’une longue tradition de résistance ouvrière, font que ces cas se règlent par une procédure bien codifiée et graduelle : entretiens avec la maîtrise, avertissements, mises à pied. Pour Fred, il n’en a rien été, la direction sautant directement à la case licenciement. Cette mesure est rejetée par la grande majorité des salariés, qu’ils participent aux débrayages ou non. Fred appartenant à l’atelier d’où est parti, en février et mars derniers, le mouvement pour les 150 euros, comment ne pas voir, dans cette affaire, que la direction cherche à prendre une revanche, à mater les jeunes qui ont été en pointe dans la grève et à faire un exemple, afin d’augmenter la productivité en supprimant les aménagements qu’une collectivité de travailleurs peut se donner dans une entreprise ?
Au-delà de la solidarité avec Fred, beaucoup se sentent concernés car, si la direction réussit sa manœuvre, il y aura de nouvelles sanctions et de nouvelles remises en cause des acquis. Le directeur et la chef du personnel ont d’abord affiché leur morgue et leur mépris, en faisant comprendre aux syndicats qu’ils n’avaient pas peur du rapport de force et en faisant savoir, dans Le Parisien, que cette affaire n’était qu’un licenciement « simple et banal ». L’ignominie de cette expression est bien révélatrice du mépris que portent nombre de cadres supérieurs. Leur erreur aura été de gravement sous-estimer la colère de nombreux salariés et militants syndicaux, déterminés à empêcher cette crapulerie.
Pour que Fred puisse rester sur le site – une lutte contre un licenciement est toujours plus difficile quand la personne concernée est expulsée du lieu de travail –, les salariés ont décidé d’occuper le bâtiment de la direction pendant le week-end, et d’assurer sa présence sur l’usine durant toute la semaine, malgré les huissiers. Les débrayages se sont poursuivis, avec une participation significative compte tenu de la période.
Lundi 21 juillet, la situation étant bloquée, les salariés ont décidé qu’il fallait que le directeur prenne le temps de réfléchir en ne sortant pas de son bureau (sauf pour aller aux WC). Seul résultat (prévisible…) de ses réflexions : l’appel aux flics. Équipés de tout un arsenal, avec flashball, chiens et boucliers, une soixantaine de « casqués » sont venus le reprendre, sous les huées et les slogans contre le licenciement. Cette opération a eu pour conséquence de faire connaître la lutte plus largement.
Ensuite, Fred a été élu CGT au CHSCT. Quand un salarié est dispensé de son préavis, il ne peut aller au travail, mais il reste inscrit aux effectifs durant la durée du préavis et dispose donc de ses droits, dont celui d’être élu. Cette « astuce » ne règle pas le problème, mais elle lui permet d’aller et venir sur le site pendant deux mois. Il faut maintenant profiter de ce temps gagné pour entretenir la braise de la mobilisation, afin de repartir de plus belle en septembre.
Correspondant
* Paru dans Rouge n° 2263, 31/07/2008
Précarité à l’ANPE
Dans le secteur public en général, à l’ANPE en particulier, la précarité reste une politique de gestion des salariés. À l’agence nationale, on ne donne pas l’exemple de ce que devrait être un emploi. 25 % des salariés sont précaires (CDD, « contrats aidés », etc). Ces salariés sont traités comme des Kleenex : on leur demande d’être rapidement opérationnels pour les jeter ensuite.
Fin juin, 141 salariés en CDD d’Île-de-France, dont le contrat se terminait en juin ou juillet et auxquels la direction avait promis un renouvellement, se sont fait brutalement virer. La raison officielle est un « dépassement budgétaire ». Autrement dit, le personnel est en sureffectif. Cette décision s’inscrit, bien évidemment, dans le cadre de la fusion avec l’Unedic, dont le but est de faire des économies sur le dos des salariés et des chômeurs.
La brutalité de ces licenciements a déclenché la réaction des agents titulaires et a permis une mobilisation rapide : pétitions, articles dans la presse, visites à la direction régionale, menace de grève. En quinze jours, la direction a été forcée de revenir sur sa décision, en réintégrant les agents concernés, à titre rétroactif, et en les prolongeant de trois ou six mois. Cette décision est évidemment loin de ce qu’il faudrait : la titularisation de tous les salariés précaires et l’arrêt des embauches avec ce type de contrat. Mais cette victoire a permis de démontrer que la mobilisation pouvait payer.
Correspondant
* Paru dans Rouge n° 2261, 17/07/2008 (Au jour le jour).
Carriers en grève
Rocamat, groupe spécialisé dans la pierre naturelle, exploite 35 carrières, affiche 4,8 millions d’euros de bénéfices en 2007 (presque quatre fois plus qu’en 2006) et annonce, au premier trimestre 2008, une progression de 28 % de son chiffre d’affaires. Mais les 700 salariés n’en voient pas la couleur. Alors que 36 % des bénéfices sont dus à « une amélioration de la rentabilité des activités historiques », les salaires n’ont pas bougé depuis plusieurs années. De plus, le métier est pénible, dangereux (plusieurs accidents mortels), souvent posté en 3x8.
Les 170 ouvriers des sites de Ravières (Yonne), Corgoloin (Côte-d’Or), Saint-Maximin (Oise) et Lérouville (Meurthe-et-Moselle) se sont mis en grève, le 4 juillet, pour obtenir une augmentation de salaire de 10 %, un minimum de 150 euros pour les salaires inférieurs à 2 500 euros brut et un treizième mois. Comme ils n’ont guère été entendus, les salariés de Ravières ont repris la grève, le 10 juillet, à 70 %, avec occupation et blocage du site. Aux revendications communes, ils ajoutent celles d’une augmentation de la cotisation patronale à leur mutuelle, la suppression de la notation (ponctualité, assiduité au travail) et de l’évaluation annuelle arbitraire, la reconnaissance de l’ancienneté et de la qualification.
Aujourd’hui, avec 23 ans d’ancienneté, un salarié touche 8,59 euros de l’heure et un bac pro 9,54 euros. Les ouvriers de Rocamat sont dans l’attente de la réponse du comité d’entreprise, qui doit se tenir le 18 juillet.
Correspondant
* Paru dans Rouge n° 2261, 17/07/2008 (Au jour le jour).