Envoyé spécial à Toulouse MATTHIEU ÉCOIFFIER
« Qu’est-ce qu’on est cons, pourquoi on l’a pas fait plus tôt ? » a soupiré José Bové. Samedi, Dany Cohn-Bendit a réussi son pari aux journées d’été des Verts, à Toulouse : lancer la dynamique de rassemblement de « la galaxie écologiste » pour les européennes de juin 2009. « Il faut faire un rêve. Si nous montrons que nous pouvons surmonter nos sectarismes, on peut faire plus de 10 %, je vous le dis, ce sera bandant », avait lancé l’ancien leader de Mai 68, vendredi soir, à un millier de militants en surchauffe.
« Tchoc ». Après deux débats publics devant des amphithéâtres bondés et de multiples rencontres dans les cafés de la ville rose, un « socle commun » a été trouvé entre les tribus écologistes. Bové, l’altermondialiste faucheur d’OGM, le voit dans « la remise en cause du modèle libéral productiviste ». « L’écologie est incompatible avec le libéralisme de droite et le libéralisme de gauche », a précisé Cohn-Bendit en direction des associatifs qui prônent un rassemblement « ni de droite, ni de gauche, ni du centre, mais écolo ». Et puis samedi soir, Cécile Duflot, la secrétaire nationale des Verts, a pu conclure, sans se faire huer par ses fidèles : « Les Verts sont d’accord pour participer à ce rassemblement et ne pas dire qu’ils en sont les chefs. J’ai la quasi-certitude que notre conseil national l’approuvera mi-septembre ! » « C’est la phrase-clé. On n’en espérait pas tant, ce n’était pas acquis », se félicite Jean-Paul Besset, proche de Nicolas Hulot. « C’est le moment de la cristallisation. Tchoc ! le truc a pris. Dany a servi de catalyseur, renchérit le député François De Rugy, on sera la seule offre politique nouvelle. »
La dramaturgie de ces journées était parfaitement réglée, avec apparition en deus ex machina de Nicolas Hulot. L’inventeur du Pacte écologique, qui a refusé de venir en personne, s’est fendu d’une vidéo diffusée sur écran géant. Flairant le ridicule du dispositif, Cohn-Bendit quitte la tribune et vient s’asseoir dans la salle. Qui écoute religieusement l’oracle. « Soutenir par un geste, une présence, une complicité, pourquoi pas », déclare Hulot. Avant de plaider le renforcement de l’écologie politique au niveau européen. « C’est évident qu’il y viendra d’une manière ou d’une autre », confie Cohn-Bendit.
« Banco ». Gage d’un début d’aventure réussi, les anciens désaccords n’ont pas été passés sous silence. Quand Bové l’ex-noniste dénonce une Constitution européenne élaborée par des « chefs d’Etats et des technocrates », et demande que les députés élus en 2009 forment une assemblée constituante, Cohn-Bendit répond « banco », mais précise que les chefs d’Etat sont démocratiquement élus et rappelle l’idéal de paix de l’UE. « On a eu des divergences, si, si. C’est important de l’assumer sans dire que son plus proche compagnon de route est forcément un salaud. » Et l’eurodéputé de laisser ce type de pratique à la « quatrième internationale socialiste » d’Olivier Besancenot. A Toulouse, la campagne a déjà commencé.