Mardi 9 septembre, la direction de Renault a présenté son plan d’ajustement des effectifs en comité central d’entreprise. Avant la fin avril 2009, il doit aboutir à la suppression de 6 000 emplois en Europe, dont 1 000 pour la seule usine de Sandouville (Seine-Maritime). Une menace identique plane sur le site de Flins (Yvelines), privé d’une partie de son activité depuis la délocalisation en Slovénie de la nouvelle Twingo.
Malgré 1,5 milliard de bénéfices net au premier semestre 2008 – soit +2 0% par rapport au premier semestre 2007 –, Carlos Ghosn veut garantir la marge opérationnelle et les dividendes promis aux actionnaires, dans le cadre du plan « Contrat 2009 ». Ainsi, le montant des dividendes versés par Renault à ses actionnaires devrait atteindre 1,3 milliard d’euros en 2009, malgré un objectif de ventes fortement revu à la baisse.
Les mêmes choix guident PSA, avec son plan « Cap 2010 ». Le président du groupe, Christian Streiff, a planifié la suppression annuelle de 2 000 à 3 000 emplois en Europe occidentale. Là encore, l’objectif exclusif est de garantir à ses actionnaires une marge opérationnelle comprise entre 5,5 % et 6 %. Avec 733 millions d’euros, les bénéfices du premier semestre 2008 ont progressé de 49 % par rapport à 2007.
À Renault comme à PSA, le niveau des effectifs n’est plus déterminé par les besoins liés à l’activité, mais par la rentabilité promise aux actionnaires, au prix d’un accroissement de productivité rendant les conditions de travail de plus en plus insupportables. Pour l’imposer, les deux groupes s’appuient sur le chantage à la délocalisation de leurs fabrications. Au cours du premier semestre 2008, les deux constructeurs ont augmenté leur production à l’étranger de 11% par rapport à la même période en 2007, alors qu’ils ont réduit de 10 % le nombre de véhicules produits en France.
Parce que les salariés n’ont pas à faire les frais d’une politique dictée par une poignée de nantis qui s’enrichissent sur leur dos, l’urgence est que les luttes à venir remettent à l’ordre du jour l’interdiction des licenciements.
Renaud Lenormand
* Paru dans Rouge n° 2265, 11/09/2008.
Goodyear-Dunlop : Virés pour l’exemple
Goodyear-Dunlop à Amiens, c’est 2700 salariés et deux usines, Goodyear (Amiens-Nord) et Dunlop (Amiens-Sud). À l’automne 2007, la direction a voulu imposer le passage en 4x8, un rythme de travail épuisant qui exige le même travail avec une équipe en moins. Face au refus des syndicats, elle a imposé un référendum, qu’elle a perdu, les salariés ont refusé à 65 % (75 % pour les postes concernés).
Les patrons n’ont pas désarmé et, en janvier dernier, ils ont annoncé 478 licenciements sur les deux sites d’Amiens, si les salariés persistaient à refuser de perdre leur vie à la gagner. Finalement, la CGT-Dunlop (majoritaire), la CFTC, FO et la CGC ont cédé et accepté les 4x8. Face à cette trahison du mandat qui leur avait été donné par les salariés, les délégués CGT signataires ont été démis de leurs fonctions par la fédération chimie.
Dès lors, seuls SUD-Chimie et la CGT-Goodyear organisent la mobilisation. Intervention policière, huissiers, tribunal : rien ne leur sera épargné. Les patrons s’acharnent sur le site rebelle d’Amiens-Nord : 402 licenciements ! Ce sont volontairement des licenciements secs, les plus brutaux possibles, pour faire payer aux salariés leur refus de courber l’échine.
L’exemple de Goodyear est significatif de ce que le patronat et le gouvernement entendent par démocratie sociale : les syndicats, soumis, doivent être la courroie de transmission de leur volonté. Le dialogue social, c’est signer ce qu’ils veulent imposer !
Celles et ceux qui veulent un syndicalisme de lutte, utile aux salariés et refusant l’accompagnement des mauvais coups et des régressions, ne doivent pas laisser ceux de Goodyear seuls. Celles et ceux qui ne se résignent pas ont besoin de tout notre soutien. La manifestation du 16 septembre, à 11 heures, à Amiens, est un rendez-vous important pour affirmer qu’il y a une autre voie que celle du renoncement et de la trahison au nom du « On ne peut pas faire mieux » : la voie de la coordination des luttes, de la résistance aux licenciements et à la dictature patronale. ■
Frida Fuego
* Paru dans Rouge n° 2265, 11/09/2008.