Si Olivier Besancenot et son Nouveau parti anticapitaliste (NPA) ont la cote c’est la faute à la gauche et plus particulièrement au PS. A en croire le alliés traditionnels des socialistes, les « manques » - comme les a nommés Julien Dray - du parti dirigé par François Hollande, profitent au facteur de Neuilly et porte-parole de la LCR. Une partie de la gauche s’est déconnectée de son électorat, estime ainsi le Vert Noël Mamère, pour qui « le PS ne remplit pas sa fonction ». Même analyse chez Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF : Olivier Besancenot, « surfe » sur « le désespoir » d’une partie des militants de la gauche en affichant clairement son hostilité au capitalisme face à une gauche jugée trop libérale.
« Sans lendemain ». L’historien communiste Roger Martelli regrette aussi que la gauche ne soit pas capable de se regrouper : « Besancenot peut tenir tant qu’il n’y a pas d’offre politique. » Mais il « doute » de cette nouvelle force qui « n’a pas les capacités à toucher les couches populaires comme a pu le faire le Front national. Son champ d’action est réduit ». Noël Mamère est plus catégorique. Le député-maire de Bègles (Gironde) juge que l’« opération risque d’être sans lendemain politique ». Mais attention : le NPA pourrait être « du pain béni pour Sarkozy ». Le chef de l’Etat ne s’en cache d’ailleurs pas : « On va vous faire avec Besancenot ce que vous nous avez fait avec Le Pen », a-t-il récemment lancé à François Hollande.
Néanmoins, pour Mamère, la nouvelle formation trouverait rapidement ses propres limites en conservant son statut de « non participant » en rupture systématique. « S’ils réalisent 7 ou 8 % aux élections européennes ou régionales, alors ce sera une épine dans le pied de la gauche qui a déjà une sérieuse entorse », admet-il.
François Miquet-Marty, directeur des études de l’institut de sondages Viavoice, observe qu’une partie des militants du PS sont « en fracture idéologique ». Toute une frange de la gauche « anticapitaliste », en quête de « justice sociale » se sent abandonnée : « Je ne sais pas si le PS est inquiet, mais il aurait des raisons de l’être. Olivier Besancenot n’est pas uniquement une icône médiatique. Il bénéficie d’une manière magistrale des difficultés du PS. »
Olivier Dartigolles (PCF) préfère voire dans le NPA une « LCR relookée », mais il s’inquiète que Besancenot veuille « tirer profit d’une situation ou le paysage est bouché à gauche ». « Ce qui m’inquiète, c’est la personnalisation et que cela ressemble à une opération pour 2012. »
Une LCR « relookée » ? Pas tellement, explique, Patrick Farbiaz, membre du collège exécutif des Verts : « On voit la naissance d’un parti « guévariste libertaire ». Il faut gagner les anonymes. Ils ne cherchent pas à prendre le pouvoir. C’est une nouvelle mythologie. Une ligne qui a sa cohérence et peut faire beaucoup de mal. » Le très médiatique leader de la LCR aurait parfaitement intégré « le changement de la politique de ces dernières années ».
« Geler le paysage ». En jouant la carte de « l’émotion et de la notoriété » – comme a pu le faire en son temps Arlette Laguiller avec « moins de talent » –, le postier pourrait, toujours selon Farbiaz, entraîner un certain engouement, un « buzz politique ». « Après, c’est du buzz. Il faut faire monter la mayonnaise. » Mais elle pourrait prendre à la faveur de la faiblesse du PCF, « toujours en retard d’une guerre », et de Verts qui ne seraient « plus entendus par cette gauche » après avoir choisi le camp du oui, en 2005. Farbiaz craint qu’Olivier Besancenot parvienne à « geler le paysage à gauche » et à rallier une partie du Parti communiste et des Verts où « il y a des cadres qui ne veulent pas être derrière le PS ». Du côté du MRC, Georges Sarre reste sur ses gardes, lointain observateur : « Il ne faut pas isoler les uns et les autres. C’est sûr que Besancenot peut faire des voix. Ma position, c’est d’attendre et voir. »