De Lima,
Quatre à cinq mille personnes, venues principalement du Pérou et de Bolivie, se sont réunies, à Lima, durant trois jours. Chiffre relativement faible, mais compréhensible, quand on connaît la faiblesse de la gauche péruvienne, qui n’est plus que l’ombre de ce qu’elle fut dans les années 1970. De fait, la politique a été relativement peu présente à ce contre-sommet, qui a surtout servi à légitimer la bureaucratie de la CGTP, le plus important syndicat du Pérou, et à lancer la précampagne d’Ollanta Humala [1] en vue de l’élection présidentielle. Les invités internationaux étaient d’ailleurs en grande majorité issus de cette gauche bureaucratique, aux idées révolutionnaires en Amérique latine, mais votant avec la social-démocratie dans les parlements nationaux et européens.
Au meeting de clôture, Humala a fait un discours à forts relents nationalistes. Le seul à avoir réussi à tirer son épingle du jeu est Evo Morales, le président bolivien. Dans un discours humaniste, pédagogique et radical, il est revenu sur sa première année de mandat, et il a été le seul à parler de l’importance du mouvement social. Il est aussi revenu sur le cas de Santa Cruz et la manœuvre des États-Unis pour l’affaiblir [2], comme ce fut le cas au Venezuela avec l’État de Zulia. Le grand absent de ce meeting était le président vénézuélien, Hugo Chavez. Une absence qui s’explique certainement par le fait qu’Humala rechigne à s’afficher avec le leader de la Révolution bolivarienne.
Dans un espace ainsi ligoté, il était difficile de faire entendre une voix alternative. C’est pourtant ce qu’ont réussi à faire nos camarades de Resistencia global. S’appuyant sur le groupe Otro mundo es posible (« Un autre monde est possible »), très proche de la IVe Internationale, ils ont organisé un débat sur les mouvements de luttes alternatives, qui a rencontré un franc succès avec plus de 250 personnes présentes. En plus des camarades de la IVe Internationale d’Équateur et de France, on trouvait, à la tribune, de nombreux syndicalistes, manifestant l’importance des réseaux qu’ont su tisser nos camarades.
C’est cette dynamique qu’ils doivent amplifier, face à la désertion du reste de la gauche. Le régime installé au Pérou par Alan Garcia est un régime autoritaire – le déploiement policier durant le sommet était digne d’une guerre civile – à la solde, comme en Colombie, des intérêts nord-américains. Si Humala semble en position de force pour la prochaine élection présidentielle, et s’il se présente comme étant dans le même camp que Correa, Morales et Chavez, son discours est loin d’avoir la même tonalité révolutionnaire. Le coup de barre à gauche nécessaire dépendra de la capacité de la gauche alternative et radicale, dont nos camarades, à imposer le débat sur l’Alba [3] et le socialisme du xxie siècle.