Ces 3 et 4 décembre, à Paris, la rencontre des collectifs du 29 mai aura été un succès. Certes, ce n’était pas l’assistance impressionnante - et plus jeune - de la rencontre précédente, le 25 juin, sur la lancée de la victoire du « non » au traité constitutionnel européen. Inévitablement, en quelques mois, le nombre des collectifs a régressé. Les 250 participants de ce premier week-end de décembre, représentant au moins autant de collectifs en activité, n’en témoignaient pas moins de la persistance d’un mouvement né du refus du libéralisme déferlant sur l’Europe et de la dynamique de rassemblement inédite qu’il avait engendré. Comme l’aura amplement démontré la richesse des discussions, en plénière ou en ateliers, les collectifs demeurent un cadre précieux d’échanges unitaires, d’action et de débat. La LCR, pour sa part, avait déposé une contribution.
Cette rencontre devait tout à la fois permettre aux collectifs d’établir leur « plan de vol » pour les prochains mois, d’arrêter les campagnes susceptibles d’enraciner leur activité aux plans local et national, de définir la manière dont ils comptaient œuvrer à l’élaboration d’alternatives au libéralisme et au social-libéralisme, d’avancer dans une structuration leur permettant de participer pleinement à l’animation du réseau (tâche aujourd’hui assumée par le Collectif national du 29 mai, qui regroupe, pour l’essentiel, les représentants des courants partie prenante de la campagne du « non » de gauche). Autant de points que décline la déclaration finale (voir les extraits ci-dessous).
Dressant le tableau des attaques qui se sont développées depuis le 29 mai, le texte réaffirme ainsi une volonté sans failles de faire barrage à la politique du patronat et du gouvernement, en approfondissant l’enracinement populaire des collectifs. Outre l’engagement dans le soutien aux luttes (emploi, services publics, refus des politiques sécuritaires et anti-immigration...), la principale échéance sera, de ce point de vue, la bataille à construire pour obtenir le retrait pur et simple de la directive Bolkestein, avec une manifestation à Strasbourg avant le vote du Parlement européen. Dans le même temps, l’assemblée a réaffirmé sa détermination à faire avancer la réflexion sur les contenus de l’alternative nécessaire, dans le respect de la diversité des collectifs. Un processus de forums unitaires, locaux et régionaux, devrait culminer, en avril 2006, avec la tenue d’assises en charge de l’adoption d’une « charte antilibérale » des collectifs.
Très naturellement, un débat aura surgi sur la manière de peser sur les échéances électorales à venir, voire de contribuer à des candidatures unitaires de la gauche antilibérale. Si un accord s’est réalisé, sans problème, sur le devoir, pour les collectifs, de prendre toute leur part à l’affirmation de propositions alternatives en 2007, les délégués ne pouvaient toutefois s’engager plus précisément sur le théâtre électoral. Sous peine, chacun l’aura vite compris, de briser le consensus qui a fait la force et l’efficacité du mouvement, de ruiner l’acquis unitaire construit sur plusieurs mois, et même de conduire au départ des structures syndicales ou associatives qui estiment que là n’est pas leur mission. La conclusion du texte, fruit de la responsabilité des participants, a traduit ce constat et elle s’accompagne de propositions pratiques propres à faciliter le fonctionnement démocratique du réseau des collectifs. Reste maintenant à traduire ces engagements dans la pratique.
Christian Picquet
Extraits de la déclaration des 3 et 4 décembre
Contribuer aux résistances locales et y faire émerger les exigences d’alternatives
« [...] Nous devons saisir les occasions de ces mobilisations locales pour intervenir. Il ne s’agit pas de se substituer aux structures habilitées pour mener la lutte, mais d’aller au-delà de la solidarité, en menant la « bataille de l’opinion », en apportant des explications établissant les responsabilités des politiques libérales globales, en faisant émerger à cette occasion les aspirations et exigences concrètes pour l’emploi, les services publics, pour nos droits fondamentaux, humains, économiques, sociaux, écologiques, culturels, etc. [...]
l Faire respecter le vote du 29 mai : obtenir le retrait de la directive Bolkestein, faire progresser l’exigence d’une autre Europe
« Il s’agit d’articuler mobilisation nationale et mobilisation européenne. Au niveau national, la carte-pétition doit devenir un instrument pour resensibiliser l’opinion publique sur ce sujet. [...]
« Au niveau européen, le vote au Parlement prévu à la mi-janvier ou à la mi-février constitue une échéance incontournable. [...] Nous appelons à une grande manifestation unitaire à Strasbourg le samedi précédent le vote. [...]
Organiser partout des forums unitaires pour l’alternative
« [...] Il faut construire une dynamique autour d’objectifs de rupture avec les politiques libérales et un mouvement populaire qui s’en empare. [...] Cette démarche pourra s’appuyer sur l’ouverture de cahiers d’exigences.
« L’assemblée des représentants des collectifs unitaires appelle à organiser partout et à tous les niveaux (local, départemental, régional) ces forums unitaires pour l’alternative et à tenir des assises nationales pour l’alternative en avril 2006, à la fois lieu de convergence des débats des forums décentralisés et de contribution aux réflexions du Forum social européen d’Athènes.
« L’ambition est que soit également adoptée à ces assises une « charte antilibérale des collectifs du 29 mai. [...]
« Nous ne pouvons nous résoudre à l’absence d’alternative aux politiques néolibérales ou social-libérales. Pour restaurer l’espoir de la transformation sociale, il faut, en s’appuyant sur les acquis de la campagne du « non », construire, par-delà les luttes immédiates et les campagnes de mobilisation, des alternatives qui permettent que les droits des êtres humains l’emportent sur le droit de la concurrence et la logique du profit.
« Dans ce cadre, les échéances électorales de 2007 et 2008 seront un moment incontournable pour que cette alternative s’exprime. Fidèles à leur démarche de rassemblement et d’unité, les collectifs du 29 mai y prendront toute leur part. »