Même si des camarades de plusieurs pays manquaient finalement à l’appel (État espagnol, Italie, Danemark…), la troisième rencontre de syndicaliste européens de la IVe Internationale a été très riche. Une vingtaine de camarades d’Allemagne, de Suisse, des Pays-Bas, du Royaume-Uni et de France se sont retrouvés, pendant deux jours, pour avancer ensemble sur trois sujets à l’ordre du jour.
Il a d’abord été fait un « tour » de la situation politique et sociale dans les pays concernés : les camarades ont constaté, depuis quelques mois, une remontée des luttes, sur les salaires (en Allemagne, au Royaume-Uni et en France), ou contre les suppressions de postes et les délocalisations (aux Pays-Bas et en Suisse).
Certes, partout, cette remontée s’inscrit dans un cadre général de reculs du mouvement ouvrier, mais elle est significative. La grande grève des travailleurs des ateliers de réparation de chemin de fer de Bellinzona en Suisse italienne (Tessin) a été le point le plus enthousiasmant : 33 jours de grève avec occupation [Lire Rouge n°2249 et sur ESSF : art ]]. Une grève qui a réussi à faire retirer un plan de démantèlement des ateliers, contrôlée et dirigée de bout en bout par les 430 travailleurs des ateliers, suscitant une vague de solidarité dans tout le canton et à l’échelle de toute la Suisse.
Autre point longuement discuté : comment porter, dans les organisations syndicales, la question écologique, en particulier celle du changement climatique ? Comment donner à ces questions leur dimension sociale pour que le mouvement ouvrier les reprenne à son compte ? La prise en compte de ces problèmes est très variable d’un pays à l’autre, mais partout on se heurte aux mêmes difficultés : les travailleurs peuvent percevoir ces problèmes comme lointains (changement climatique), voire contradictoires à leurs intérêts (cas des productions polluantes et dangereuses). Tout l’enjeu est de proposer des campagnes en formulant des revendications concrètes qui aillent dans le sens des intérêts de tous, c’est-à-dire, en fin de compte, des revendications anticapitalistes. Ce point sera un des thèmes de la conférence des gauches radicales européennes, le 31 mai prochain à Paris.
Le troisième thème correspondait à une nécessité plusieurs fois soulignée dans différentes rencontres internationales : la nécessité d’avancer vers une formulation commune, à l’échelle européenne, des « mesures d’urgence » que nous défendons les uns et les autres dans nos pays. Notamment en ce qui concerne les salaires, les retraites, le temps de travail. De ce point de vue, les syndicalistes et même les révolutionnaires européens sont très en retard sur les bourgeoisies européennes. La difficulté vient de l’extrême variété des situations et des traditions syndicales. Par exemple, la notion de salaire minimum est, en général, rejetée par les syndicats, aux Pays-Bas ou dans les pays scandinaves. Elle y est perçue comme une mesure qui permettrait au patronat de tirer les salaires vers le bas… Mais la difficulté vient aussi du manque de volonté politique des directions syndicales. La plupart privilégient les rapports de concertation avec leurs États et patronats respectifs. Les militants de la IVe Internationale ont cette volonté, à nous d’avancer dans ce sens.
Sur tous ces sujets, les camarades présents ont convenu d’intensifier leurs échanges d’information, de mener des enquêtes précises, en associant plus de camarades dans chacune de leurs organisations. L’objectif est d’avancer vers une coordination plus large de notre intervention syndicale à l’échelle européenne. La prochaine réunion aura lieu à l’automne.
Joséphine Simplon