Jagdesh Kumar était hindou, d’une caste « inférieure ». Il avait 27 ans et travaillait le cuir dans une entreprise de Karachi, le port industriel du Pakistan. Il aurait été amoureux d’une musulmane, au grand déplaisir de religieux fondamentalistes. Le 8 avril dernier, ils l’ont accusé de « blasphème ». Ils ont commencé à le brutaliser pour, finalement, le battre à mort à coups de pierres et de marteaux. Fanatiques, ils ont planté des tournevis dans ses yeux, le laissant méconnaissable au point que sa mère n’a pas été autorisée à voir son corps. Jagdesh a été tué par ses collègues de travail, en présence de deux douzaines de policiers et de l’encadrement de l’usine. [1]
Shano aimait Daulat Khan. Ils étaient tous deux musulmans et habitaient une zone tribale du Pakistan. Les amants se sont enfuis à 100 kilomètres de là. Les parents de Shano ont porté plainte et les talibans ont vite retrouvé les fuyards. Ramené de force au bercail le 31 mars, le couple a été accusé d’adultère, jugé dans la journée par une cour islamiste, condamné à mort et tué par lapidation. Dans la plus grande illégalité. Il y aurait, derrière cet assassinat, un message politique – que les journalistes ont quelque mal à préciser. [2]
De la métropole industrielle du Pakistan aux zones frontalières du nord-ouest, des gens ordinaires – hindous ou musulmans, hommes ou femmes – paient de leur vie la volonté de pouvoir de religieux fondamentalistes. Ils tombent, otages aussi de conflits politiques au sommet de l’Etat dont ils n’ont même pas connaissance. Ils voulaient vivre et méritent que l’on se souvienne d’eux.